Stop callin'

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Je me lève brutalement de mon lit, mais qui peux bien m'appeler ? Déjà, qui connais mon numéro de téléphone ?

Arrivée dans l'entrée, mon frère me tendit l'appareil :

- Allô ?

- Salem ?

- Oui...

- C'est Lavinia.

Lavinia : 17 ans, dans ma classe au lycée. Elle veut sans cesse aider tout le monde, même quand on ne veut pas d'aide. Elle a vainement tenté de m'aider un nombre incalculable de fois. Au fil du temps, elle a réussi à me soutirer mon numéro de téléphone.

- Tu veux quoi ?

- Rien... Enfin, prendre de tes nouvelles, savoir comment tu vas, ce que tu fais pendant tes vacances, tout ça...

- Ok. Alors ça va, je vais bien et je fais rien. Bye !

- Attends ! Cette après-midi, je vais au cinéma avec mes amies. Je me demandais si ça te dirai de venir avec nous.

D'abord mon frère et maintenant elle.

- Nan. Merci.

- On va voir un film d'horreur et...

- J'ai dit que je m'en foutait !!

Sur ce, je raccroche.

- T'es pire avec tes amies qu'avec moi !

- Ta gueule. Et c'est pas mon amie.

Je me dépêche de regagner de l'escalier quand le téléphone sonne de nouveau. Personne ne me laissera donc jamais en paix ?

De mauvaise grâce, je décroche.

- Lavinia, si c'est toi, je t'ai déjà dit d'aller te faire foutre.

- C'est maman.

- Ah. Désolée.

- Qu'est ce qu'il s'est pas passé pour que tu sois d'aussi bonne humeur ma chérie ?

- Rien, rien.

- Bon, si tu le dit. Je téléphonais juste pour te prévenir que ce soir je rentrerai plus tard. Il faut que j'ailles faire des courses en sortant du boulot.

- Très bien. A ce soir alors.

Impatiente d'être de nouveau tranquille, je raccrochais...


Stop callin', stop callin', I don't wanna think any more, I left my head and heart on the dance floor. Stop callin' , stop callin', I don't wanna talk any more, I left me head and my heart on the dance floor... Eh eh eh eh eh eh eh, stop telephonin' me... **

- Quoi ??

Merde, j'ai du chanter à voix haute...

- Rien.

Sans demander mon reste, je grimpe de nouveau les marches. Arrivée à l'étage, je court pour mieux me jeter sur mon lit.

Là, je me replonge dans ma rêverie en regardant mon plafond. Je dessine une maison dans mon esprit. A côté, comme sur un dessin d'enfant, je dessine ma famille. Les dessins prirent alors comme vie devant mes yeux : tandis que mes parents et mon frère s'enlaçaient, je restais seule sur le côté, comme abandonnée. Je sais pourtant que rien en réalité n'est ainsi. Mes parents font sans aucun doute partis des seules personnes sur cette Terre qui m'apprécient. Pourtant, sur ce dessin je suis laissée de côté. C'est surement mérité. D'un coup je me retrouve seule dans cette vaste étendue blanche. Entièrement seule. Et totalement immobile. Je ne bouge plus.

Combien de temps suis-je restée ainsi à regarder ce dessin imaginaire sur mon plafond ? Je ne saurais le dire.

Mais il m'a comme éclairé. J'ai eu comme un éclair de compréhension. Ce dessin voulait me dire "Personne ne veut de toi Salem. Et personne ne voudra jamais de toi".

C'est vrai. Je m'en suis toujours un peu doutée.

Je tend le bras pour attraper mon paquet de cigarettes. 7 minutes de vie en moins.

Mes parents détestent que je fume dans ma chambre. Mes draps sentent le tabac froid ensuite. En fait, ils détestent l'idée que je fume. Mais ils comprennent. Ils savent pourquoi je le fais. C'est pour oublier. Pour tout oublier.

Parfois j'aimerai revenir à zéro, tout recommencer. Etre une autre fille, une fille qui n'a pas autant souffert, une fille avec une autre personnalité que la mienne. Une fille qui a des amies sur qui elle peut compter, un petit copain... Une fille normale de 17 ans. Malheureusement, je suis moi et je ne peux rien changer.

Aussi soudainement que la pluie arrive en mars, j'ai envie de pleurer. Pourtant je ne pleure jamais. Enfin, je ne me laisse jamais aller à pleurer, mais l'envie ne m'en manque parfois pas. Pleurer est comme une marque de faiblesse pour moi, une marque de faiblesse que je refuse. Je ne veux pas être faible. Certains me diront que pleurer permet d'évacuer nos sentiments. Pas pour moi. Je ne serai pas une pleurnicheuse, une crybaby. Je veux rester forte, l'insensible Salem, je ne veux pas que cette carapace et ce masque de dureté que je me suis crée au fil des ans, se fissure pour ensuite éclater et laisser voir qui je suis vraiment.

Cigarette, briquet, 7 minutes en moins.

Je voudrais tellement mourir. Mourir jeune. Mourir maintenant.

** Chanson : "Telephone" de Lady Gaga.
Oui, je sais, il y a souvent des chansons, mais c'est comme ça, j'ai décidé de faire de Salem une grande amatrice de musique !!
A bientôt pour la suite,
Raven.

Die YoungOù les histoires vivent. Découvrez maintenant