Conversation téléphonique

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- Allô ? Salem ?

- Oui ?

- Arrête de te plaindre pour Rachel. Tout ira à merveille j'en suis sûre.

- Non, tout n'ira pas à merveille ! T'as vu comment elle est ? Bordel, elle est pire que la dernière fois que je l'ai croisée !

- Tu exagères...

- Nan !! Tu l'as pas encore vue, tu peux pas savoir ! Tu verrais ça ! Et tous les bagages qu'elle a apporté, non mais sérieux... Elle se balade avec une boutique de fringues et de maquillage ou quoi ?

- Elle est coquette c'est tout.

- Hé ben... Je me demande si elle s'est déjà regardé dans une glace. Avec la couche de maquillage sur sa tronche on dirait qu'elle est figée du visage !

- SALEM !

- Mais quoi ?! Tu verras en rentrant !

- Toi et ta cousine avaient des gouts totalement différents. Elle a du mal à comprendre tes passions et tu as du mal à comprendre les siennes, c'est normal.

- Mais...

- Non ! Vous êtes différentes, point. Elle ne comprend pas pourquoi tu te détruis la santé en fumant, pourquoi tu es habillée en noir et toi tu ne comprends pas pourquoi elle attache tant d'importance à son apparence.

- Il n'empêche que c'est dégueulasse de m'imposer des vacances avec Barbie.

- C'est Rachel, et tu verras que tu t'y feras. Je te laisse, j'ai du travail.

Bordel, qu'est ce que j'ai fait pour mériter ça ?

Je doute de réussir à supporter Rachel. Je pense que je vais me cloitrer dans ma chambre et n'en sortir qu'en cas d'extrême nécessité (à savoir : manger et me laver).

Je l'entend qui s'installe dans la chambre voisine de la mienne. Bon un peu de lecture ne me feras pas de mal. Je me dirige vers la bibliothèque dans le fond de ma chambre et attrape mon livre préféré, un recueil de nouvelles du génial Edgar Allan Poe. Ce livre m'apaisera surement, il le fait à chaque fois.

Ma lecture à peine commencée, on frappe à ma porte.

- Si c'est Barbie, casse toi de là.

La porte s'ouvre. William.

- Qu'est ce que tu veux ?

- Te parler.

- Grouilles alors.

- Maitrises toi avec Rachel.

Devant mon regard interrogateur, il poursuit :

- Moi je suis habitué à ton ironie et à tes piques. Pas elle. Elle risque de le prendre mal.

- Et si j'ai envie qu'elle le prenne mal ? J'en ait rien à foutre d'elle. Et ce qu'elle peut penser c'est le cadet de mes soucis.

- Elle est en vacance...

- Et alors ? Parce que Mademoiselle est en vacance, il faut pas lui imposer les répliques de la vilaine Salem ? Mais putain, vous vous entendez pas parler ? On dirait que c'est elle la plus malheureuse dans l'histoire, que c'est elle qu'il faut plaindre. Mais je suis autant à plaindre ! Bordel, je vais devoir supporter cette pouf pendant je sais pas combien de temps !

- Calme toi. Ce sera pas si terrible...

- On verra si dans une semaine tu diras encore la même chose. Allez, dégage maintenant.

Voilà, je l'ai encore blessé. Je le sens à son regard qui viens de se voiler de tristesse... William, si tu savais comme par moment il m'arrive de m'en vouloir de te parler comme ça en y repensant. Autant parfois j'en ait rien à foutre de mal parler, autant d'autres fois... Je me sens mal.

Allongée sur mon lit, j'inspire profondément, puis j'expire comme si je voulais chasser tout l'air de mes poumons.

Cigarette, briquet, 7 minutes en moins.

A cet instant précis, j'aimerai mourir. Mourir jeune. Mourir sur mon lit. Mourir tout court.

Parfois je me demande s'il existe vraiment une vie après la mort. Si c'est le cas, la mort serai alors une nouvelle naissance. Et dans ce cas là mort ne serai pas une fin, mais une porte ouverte vers une nouvelle vie, vers de nouvelles souffrances. Mais alors, il n'y aurai jamais de toute fin ? Jamais de moment où on ne devient plus rien ? Où on est rien d'autre que de la poussière, où on ne peut plus vivre, plus respirer, plus rien sentir ?

J'aimerai vraiment savoir s'il existe ce genre de vie après la mort. Et j'aimerai le savoir au plus vite.

Parfois, des pensées étranges me traversent. Parfois je me dit que j'aimerai vivre ces "expériences de mort imminente". Ces moments où des personnes suite à un grave accident sont dans le coma et voient la mort. On entend souvent des gens parler de tunnel avec de la lumière, ou d'une corde à laquelle il se retienne pour ne pas tomber dans un trou lumineux au fond. J'aimerai vivre ça, expérimenter, voir la mort de près. Si je sens que c'est mieux que la vie, je lâcherai la corde pour tomber ou je me dirigerai vers le fond du tunnel.

Mourir jeune, mourir vite. C'est ce à quoi j'ai toujours aspiré.

- Saleeeeeeeem ! Repas !!!

Une fois de plus, on me tire de ma rêverie. Ce monde est injuste, si on ne laisse pas aux adolescents le temps de s'évader quand ils sont encore jeune, à qui va-t-on le laisser ?

Die YoungOù les histoires vivent. Découvrez maintenant