Somnus

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Je commence à réfléchir. Deux solutions s'offrent à moi : soit je dors ici avec quatre mecs que je ne connais pas, soit je décide de rentrer seule jusque chez moi et dans ce cas il peut m'arriver n'importe quoi. La solution la plus sure, bien qu'elle ne le soit pas totalement, c'est de dormir ici. Mais je ne suis pas sûre d'en avoir vraiment envie... Je repense à la manière dont je suis arrivée jusque là... Mais quelle connerie ! Putain, pourquoi je les aient suivis ? Je devais décidément je devais pas être dans mon état normal.

Ma décision est prise.

- Je reste.

Je vois Jack qui se retourne en souriant. Mais merde, qu'est ce qu'il a à toujours me sourire ce con ?

Je croise les bras pour bien montrer que je fais ça à contre cœur.

D'un seul coup, je pense à mes parents... C'est vrai qu'ils ne savent pas où je suis. J'aimerai leur téléphoner, mais je sais que si je le fais, il me demanderont où je suis et ce que je fais. Et ils n'apprécieraient pas du tout...

Je vois les garçons qui commencent à s'installer. Alors, je m'avance et me laisser tomber sur une couverture étendue par terre. Le dos contre le mur, j'entend un petite voix chanter dans ma tête une chanson qui me fait penser à ces quatre là...


Je n'ai jamais vu de vrais diamants,

Je me casse les dents sur les bagues dans les films,

Et je ne suis pas fière de mon adresse

Dans les mauvais quartiers, pas un code-postal envié !

Mais chaque chanson est genre :

Dents dorées,

Grey Goose,

S'éclater dans la salle de bain,

Tâches de sang,

Robes de bal,

Saccager la chambre d'hôtel,

Nous on s'en fiche, on conduit des Cadillac dans nos rêves ! **

Je ne peux pas m'empêcher de rire toute seule à cause de ce parallèle que j'ai fait.

Jack s'assois alors à côté de moi.

- Qu'est ce qui te fait rire ?

- Rien.

Je continue cependant à sourire bêtement. Je regarde mon portable : 3:36. Il est décidément très tard. Je suis vraiment fatiguée et j'ai envie de dormir. Mais en même temps, je me méfie encore un peu, et ça m'empêche de trouver le sommeil.

Je ferme les yeux. Je me sens plonger dans les bras de Morphée. Après tout ce qui m'est arrivé aujourd'hui, une bonne nuit de sommeil ne pourra me faire que du bien. C'est incroyable de voir tout ce qui peut se passer en 24 petites heures : Rae passe la matinée chez moi, Rae meurt, je tente de me défenestrer, je sors dans un bar, je repars avec une bande de zonards, je crame une voiture, je dors dans un squat... Merde Rae, tu vois un peu tout ce qu'il m'est arrivé. Avant de m'endormir, je pense un peu à toi. J'aimerai vraiment que tu sois là. Mais c'est impossible maintenant. Ce ne sera plus jamais possible...

Je sens des larmes monter. Mais non. Il ne faut pas. Il ne faut surtout pas. Je me sens commencer à m'endormir. Ma tête tombe sur le côté. Je m'attendais à ce qu'elle rencontre le vide, mais elle rencontre une épaule. Surement celle de Jack. Merde, il est si près que ça de moi ? Si je n'étais pas déjà à moitié endormie, j'aurai protesté. Mais je suis trop crevée pour ça.

La dernière chose dont je me souvienne avant de tomber entièrement endormie, c'est d'avoir senti un bras passer autour de mes épaules.

XxxxX

Je sens qu'on me secoue. J'entrouvre les paupières et je suis aussitôt éblouie par la lumière du jour. Mon première réflexe est de mettre ma main devant mes yeux.

- Pourquoi tu me réveille abrutit ?

J'entend quelqu'un soupirer à côté de moi.

- Il est plus de 11h, voilà pourquoi !

J'ouvre alors mes yeux tout grand et me lève d'un bond.

- Mais pourquoi tu m'as pas réveillé avant ?

Je remarque alors qu'il n'y a plus personne ici à pat Jack et moi. Je me méfie.

- Ou sont les autres ?

- Partis chercher de la bouffe pour ce midi.

- Et... Pourquoi t'es resté ?

- Pour pas que tu te réveille toute seule idiote ! Et puis, faut que je te ramène chez toi. J'te rappelle que tu connais pas le quartier !

Je soupire, il a raison. Je décide de prendre un peu plus les choses en main.

- Allez, on y va, mes parents doivent surement s'inquiéter !

On commence alors à refaire en sens inverse tout le chemin que nous avions fait hier soir dans le noir.

On passe devant une place. Au centre, une voiture brûlée et tout autour, des flics. J'essaie de ne pas penser que c'est nous qui avons fait ça.

On continue notre chemin en silence. Arrivé devant le Bloody Mary, fermé à cette heure, Jack s'arrête.

- Bon... Je pense que j'vais te laisser là. A ce soir ?

- Oui, à ce soir.

Il tourne les talons et soudain, je me rend compte de ce que j'ai dit. "A ce soir" ? Sérieusement ? Salem, c'est bien toi qui a dit ça ? Je m'en maudit intérieurement.

D'un côté, bien sûr que j'ai envie de le revoir avec ses amis, mais d'un autre, je sais que c'est quasiment de la folie.

Immédiatement j'éclate de rire toute seule en pleine rue. Je me fait intérieurement penser aux filles des romans à l'eau de rose. Vous savez, ce genre de fille qui aime en secret Brandon, tout en sortant avec Kevin et qui se demande si oui ou non elle devrait revoir Brandon. Je me fait tellement penser à ça que je me dégoute presque.

Je suis presque arrivée à la maison maintenant. J'entrevois déjà la porte d'entrée. Et j'aperçois ma mère à la fenêtre du salon, elle doit me guetter. Je sens que je vais prendre un savon. Avant de pousser la porte d'entrée, j'échafaude rapidement un plan pour me défendre, un mensonge pieux plausible qui m'évitera d'avoir le savon du siècle.

La main sur la poignée, j'inspire un grand coup et pousse la porte.

- SALEM ! PUIS-JE SAVOIR OU TU ETAIS ?

** Chanson : "Royals" de Lorde.

A bientôt pour le chapitre suivant,

Raven.

Die YoungOù les histoires vivent. Découvrez maintenant