Back to Black

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Moi et ma fierté,

Et mes larmes séchées,

Nous en sortirons sans lui.

Tu es revenu à ce que tu connaissais,

Si éloigné de tout ce que nous avons vécu ensemble,

Et je marche sur une route dégueulasse,

Mon destin est tout tracé,

Je retournerai en dépression.

Nous ne nous sommes dit au revoir qu'avec des mots,

J'en mourus des centaines de fois,

Toi, tu retournes vers elle,

Et moi je retourne...

Je retourne à nous. **

Quand j'écoute cette chanson, allongée sur mon lit, je me sens étrangement bien. Comme remplie d'une plénitude qui ne m'est pas assez souvent familière. Quand j'entend la voix d'Amy s'élever avec cette mélodie, j'ai l'impression qu'elle a traversé le même genre de période que moi, qu'elle me comprends, et que c'est pour cette raison qu'elle a écrit cette chanson. Chanter la délivrait, écrire me délivre.

A vrai dire, je suis tellement bien que je n'ai plus envie de bouger. Je pourrais rester ainsi toute ma vie, allongée, immobile, la musique dans les oreilles. J'aimerai mourir à cet instant précis, mon calme n'en serai que plus total.

Cigarette, briquet, 7 minutes en moins.

- Salem ?

- Mais putain ! Qu'est ce que vous avez tous à venir me faire chier ?

- Calme ! Je voulais te demander de descendre.

- Pourquoi ? C'est pas encore l'heure de manger.

- Non mais viens.

- Non. Pas tant que tu me dit pas pourquoi je dois descendre.

- DESCENDS !

Alors là... Je suis abasourdie... C'est la première fois que le calme William élève la voix.

Résignée, je pose mon téléphone, retire mes écouteurs et commence à descendre les escaliers avec l'air que devait avoir Marie-Antoinette en se rendant à la guillotine.

Arrivée dans le hall, je n'en crois pas mes yeux. Même la pire des choses que je pensais pouvoir m'arriver n'est pas si horrible que ce que je vois à cet instant. Si seulement on m'avais prévenue, j'aurai pris soin de me jeter sous un train hier...

- Salut Salem, heureuse de te voir.

Rachel : 17 ans, ma cousine. La pire créature que l'humanité ait jamais conçue. Et mon parfait contraire de surcroit. Rachel, c'est la fille superficielle par excellence, la petite pimbéche blonde décolorée capable de passer 3h par jour dans la salle de bain, la fille qui s'habille tout en rose et dont le but ultime semble être de devenir le parfait sosie de Barbie. Inutile de se demander pourquoi je suis incapable de la supporter. Ce que j'aimerai savoir c'est qui a eu la brillante idée de m'imposer son infâme compagnie ?

- Qu'est ce que tu fais là toi ?

- Je viens passer des vacances ici. Je vis en ville et mes parents ont pensé qu'il serait bon que je vienne passer des vacances à la campagne loin du monde civilisé.

- Y a une ville à 5 minutes d'ici, fait remarquer mon frère.

- Vous êtes quand même loin de tout.

Elle a surement du remarquer mon visage ô combien heureux car elle ajoute :

- Crois moi que ça ne me réjouis pas de devoir passer plusieurs semaines avec une sorte de gothique ultra-cheloue qui pue la clope...

- Crois moi que ça ne me réjouis pas de devoir passer plusieurs semaines avec une pouf décolorée qui pue le parfum bon marché à 500 mètres...

Elle a été vexée. Parfait. Je ne peux pas m'empêcher de sourire intérieurement. Si il y a bien une personne que j'aime martyriser et à qui j'aime lancer des répliques acides en pleine tête, c'est bien elle.

Encore heureux qu'on ait une chambre d'amis, elle ne dormira pas dans ma chambre comme ça...

- ...mes trois valises qui sont posée sur les marches et prend aussi ce sac à main. Ah, n'oublie pas non plus...

Entendre Rachel débiter ses ordres à mon frère pour qu'il range ses affaires m'exaspère déjà. J'en profite pour regagner discrètement ma chambre, allumer une clope, mettre ma musique et prier pour qu'on ne vienne plus me déranger.

Me vient alors une pensée : mais pourquoi elle est là celle là ? Qui l'as invité ? Je décide d'envoyer un SMS à ma mère :

" C'est toi qui a invité Rachel ?"

Le temps d'obtenir la réponse de ma mère je ferme les yeux et me concentre sur ma musique, priant pour que tout ceci ne soit qu'un horrible rêve et que lorsque j'ouvrirai les yeux à nouveau je ris d'avoir été si idiote en pensant que ma cousine tant détestée était venue passer les vacances chez moi.

Mon téléphone vibre.

" Ma sœur voulait que sa fille vienne en vacance quelque jour ici. Elle pense que ça lui ferai du bien."

" Bah crois moi, ça m'en fait pas à moi"

Les minutes passent et ma mère ne me réponds toujours pas. Je suppose qu'elle ne trouve rien à répondre à ce que je viens de dire. Je décide d'envoyer un nouveau message.

" Je vais pas pouvoir survivre toute mes vacances avec cette trainée ! De base, je savais que mes vacances se seraient de la merde, mais là c'est encore pire !"

Pour une fois, la réponse de ma mère ne se fait pas attendre.

" Ne parle pas comme ça de Rachel, elle ne t'as rien fait. Je suis sure que vous allez très bien vous entendre"

" Comme si. On est trop différentes pour s'entendre. Je la déteste."

" Je t'appelle."

Merde. Quand ma mère appelle, c'est que soit elle a quelque chose d'incroyable ou d'incroyablement important à dire ou alors c'est pour me passer un savon...

Aussitôt, la sonnerie de mon téléphone retentit.

** La chanson : "Back to Black" d'Amy Winehouse.

Décidemment, ce roman est voué à inclure de nombreuses chansons. Si ça peut vous faire découvrir de nouvelles musiques, je ne suis pas contre.

A bientôt,

Raven.

Die YoungOù les histoires vivent. Découvrez maintenant