- On est rentrées !
A peine la porte d'entrée refermée, je vois ma mère avancer vers nous. Avec l'air qu'elle a, je sens qu'elle voudrait savoir exactement ce qu'on a fait. Et si on a bu ou fumé. Ne semblant rien détecter, elle fait demi-tour en lançant un "bonne nuit" à la va-vite.
On monte presque en courant et on se jette toute habillées sur mon lit.
Nous sommes à des milles du confort,
Nous avons parcouru la terre et les mers,
Mais tant que tu es avec moi,
Il n'y aucun endroit où je préférerai être.
Je voudrai attendre éternellement, me réjouissant de la scène,
Tant que je suis avec toi, mon cœur continue de battre.
A chaque pas que nous faisons, de Kyoto à The Bay,
En nous promenant avec tant de désinvolture,
Nous sommes différentes et semblables,
Commute les batteries.
Si tu me donnes une chance, je la prendrais,
C'est un tir à l'aveugle mais je le ferai,
Sache qu'avec tout ton cœur tu ne peux me faire honte,
Quand je suis avec toi,
II n'y a aucun endroit où je préférerai être.
Non, non, non, aucun endroit où je préférerai être.
Nous avons mis en jeu une mission pour trouver notre propre paix intérieure.
La rendre éternelle, ainsi, rien n'est incomplet.
C'est facile d'être avec toi, une sacrée simplicité,
Aussi longtemps que je serai avec toi, il n'y a pas d'autre endroit où je préférerai être ! **
Voilà la chanson qui passait à la radio.
- Ouais, j'confirme, y a pas d'autre endroit où je voudrai être en ce moment.
- Pareil.
- T'sais Salem, j'crois que j'me suis jamais aussi bien sentie dans ma vie. Dans toute ma vie, oui...
- On devrait remettre ça alors...
Elle tourne sa tête vers moi et ses lèvres s'étirent dans un sourire rayonnant.
- Quand tu veux !
Nous rendant compte qu'il commence à se faire tard on décide de fermer les lumières et d'essayer de s'endormir, en partie parce que chez moi, les grasses matinées en semaine, ça n'existe pas vraiment...
J'inspire et expire profondément. Comme ça fait du bien d'avoir une amie. William avait raison, j'ai trop longtemps ignoré l'amitié, j'ai mis du temps à comprendre que c'était quand même quelque chose d'utile. Maintenant que j'ai Rae, je ne compte pas la lâcher. Les gens acceptant de me parler sont trop rares pour que je les laissent filer.
Je me retourne dans le lit vers elle, j'aimerai discuter, je ne trouve pas le sommeil.
J'entends alors sa respiration apaisée, toute calme. La respiration du sommeil. Elle dort.
Un peu frustrée qu'elle se soit endormie si vite, je me retourne encore dans le lit. Ca fait des années maintenant que j'ai du mal à trouver le sommeil. Depuis que je suis rentrée au collège en vérité. Les moqueries et brimades intempestives des autres ont réussi à me faire devenir sombre. Et cette noirceur, cette haine de l'humanité entière qui me dégoute, je l'ai aujourd'hui encore en moi. Si j'avais rencontré des gens différents, peut-être alors que rien ne se serai passé comme ça. Peut-être que je serai devenu une fille quelconque, une fille semblable à toutes les autres filles de 17 ans, une fille avec un tas d'amies, un petit copain et une assez bonne popularité dans son lycée. Mais dans le fond, ai-je vraiment envie d'être ainsi ? Non. Sûrement pas. Si j'avais été ainsi, il y aurait de grande chance que je ressemble à Rachel où que des filles du même genre soient mes amies. Et jamais Rae ne m'aurait adressé la parole.
Si moi je suis devenue sombre par obligation, elle, elle l'est devenue par choix. Et elle en est très fière. Elle a voulu devenir cette fille gothique qui sort de l'ordinaire. Malgré toutes les remarques qu'on lui a faite sur ça, elle n'a rien lâché, elle n'a rien laissé tombé. Elle a continué même contre la tempête. Elle savait qu'elle nageait à contre courant, mais elle refusait de suivre les poissons qui descendent la rivière en le suivant.
Des gens avec une telle force morale et de caractère sont bien rare. Ces gens qui quoi qu'on leur dise et quoi qu'on puisse penser d'eux continueront et feront leur chemin comme ils l'ont décidé, ce sont pour moi les plus merveilleux. Ceux à qui j'aimerai ressembler. J'aimerai ressembler à Rae dans le fond. J'aimerai avoir toute sa force.
Mais je suis moi. Avec un style moins prononcé, un vocabulaire plus sage, une volonté moins forte et un peu de sensibilité quand ça me chante. C'est pas maintenant qu'on va me changer.
Je n'ai pas la moindre idée du temps que j'ai passé à penser ainsi, mais j'ai fini par tomber dans les bras de Morphée.
- Putain, Salem, réveille toi !!! Allez bouge, on dirait que t'es morte !!!
- humpfffff
- Hein ?! Articule quand tu parles, bordel !
- Depuis quand t'es matinale toi ?
- Depuis ce matin. Allez, bouge !
- Fout moi la paix, je veux encore dormir...
D'un coup je sens la couverture s'envoler.
- Putain !! Ca va pas de faire des trucs pareils ? J'ai froid !!
- Sans couverture t'vas peut-être enfin t'lever.
Les mains sur les hanches, elle aborde un sourire satisfait. Je jette un œil au réveil...
- T'es sérieuse ??? Il est à peine 8 heure et tu me réveille ?
- Ouais. Alors tu te lèves ? J'veux bouffer moi !
En soupirant bien fort, je me lève à contre cœur. Rae saisit alors mon bras et me pousse presque hors de la chambre. C'est tout juste si elle ne me jette pas dans les escaliers aussi. Je crois que je ne l'ai jamais vu aussi enthousiaste de sa vie.
Quand on entre dans la cuisine, je vois mon frère lever un sourcil. C'est qu'il n'est pas habitué à me voir debout si tôt. Il a l'habitude de déjeuner seul le matin, je dors et mes parents sont partis. Et Barbie ne se lèvera pas avant des heures.
- Si vous m'aviez prévenu que vous vous lèveriez si tôt, je vous aurez attendu pour commencer.
- On devait pas spécialement se lever tôt, mais la débile qui me sert d'amie en a décidé autrement !
M'entendant dire ça, Rae se retourne avec un air faussement fâché et me tire la langue. Vraiment, je ne sais pas ce qu'elle a pour être aussi joyeuse...
- Au moins, ça me change.
Il se tourne vers Rae et ajoute :
- Ma sœur bien-aimée ne se lève jamais avant environ 11h.
- C'est tôt. Normalement j'me réveille vers 15h.
Voyant mon frère ouvrir des yeux ronds, Rae, visiblement très contente d'elle commence à se verser du café bien noir dans son bol.
** Chanson : "Rather be" de Clean Bandit ft. Jess Glynne
Une chanson joyeuse et plein d'espoir pour changer un peu.
A bientôt,
Raven.
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Die Young
Jugendliteratur"Mourir Jeune" Voilà ce que j'ai toujours voulu. Voilà à quoi j'aspire. Voilà à quoi j'ai rêvé toute ma vie.