Epilogue

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Allongée sur mon lit, je me sens partir.

J'ai maintenant 91 ans. Ce qui est un comble pour moi qui pensais que fumer écourterai ma vie...

Maintenant, j'ai l'impression de retrouver la Salem de 17 ans. Celle qui voulait mourir. Je n'ai plus rien à perdre. J'ai même tout à gagner. Si une vie après la mort existe, elle me permettra de retrouver ceux qui me sont chers et qui m'ont trop tôt quitter.

Bien sûr, je m'apprête  abandonner ceux que j'aiment mais qui restent ici. Ma fille par exemple. Mais elle a grandi après tout, elle a une famille maintenant. Elle n'a plus autant besoin de moi. Comme on le dit si bien, la douleur n'est pas pour celui qui s'en va, elle est pour ceux qui restent.

Rien ne me retiens plus ici. Et là-bas, ils m'attendent. Tout ceux qui sont partis avant moi : mes parents, Jack, William, Rae...

Rae... Je sais que ça peut sembler bien bête qu'une vieille femme comme moi soit restée aussi attachée que cela à son amie d'adolescence. Certains diront que c'est juste une incapacité de se détacher du passé, une sorte de complaisance dans la souffrance. Foutez moi la paix avec votre psychologie de bas étage.

En tout cas Rae, je ne t'ai jamais remplacée. Comme je te l'avais promis. Je te suis restée fidèle. Chaque jours, j'allais te voir. Chaque jours, j'arrosai les fleurs sur ta tombe. Mais quand je ne serai plus là, qui va en prendre soin ? Après tout, au diable  la sépulture ! Peut-être vais-je bientôt te retrouver dans un monde meilleur...

Jack, si tu savais comme tu m'as manqué chaque jour. Avant de mourir, tu m'as fait promettre de continuer à vivre sans toi, quoi qu'il arrive. Je te l'ai promis, et tu vois, j'ai tenu parole. Je n'ai pas tenté la mort. Tout est maintenant dans l'ordre des choses. Je suis désolée que ma dernière pensée pour toi ne soit pas une déclaration d'amour enflammée comme tu t'amusais parfois à m'en faire. Ne m'en veut pas, tu sais bien que je n'ai jamais été une grande romantique. Merci de m'avoir supporté toutes ces années, et si je m'apprête à passer dans une nouvelle vie, prépare toi à me supporter à nouveau pour un long moment.

Lilith, si tu savais, je suis désolée de te laisser ici, ma chérie. Loin de moi l'idée de t'abandonner, mais maintenant, tu es grande, tu as ta famille, ta vieille mère ne t'es plus très utile. Je suis que tu vas pleurer, et ça me réconforte de le savoir, ça me prouve que tu m'aimes malgré tous les conseils chiants que j'ai pu te donner : "ne fume pas", "ne parle pas aux inconnus", "fait attention en traversant la route", "sois sage"... Chaque mère le fait, et honnêtement, je n'aurai pourtant pas pensé qu'un jour je le ferai... Tu vas me manquer Lilith, mais de là-haut, je veillerai sur toi.

William, j'ai toujours pensé que tu m'avais quitté trop tôt. Et ensuite je m'en suis voulue de ne pas avoir partagé avec toi chaque moment comme j'aurai pu le faire... Enfant, je t'embêtais, ado, je te repoussais, adulte, je voulais faire ma vie. Mais toi, tu ne t'es jamais découragé, tu as toujours été la pour moi. Je te le dit aujourd'hui, tu as été le parfait grand frère que tu as toujours voulu être. Merci pour tout, je t'aime, et on va se revoir, j'en suis sûre.

Papa, Maman, je ne sais pas quoi vous dire à part un grand merci pour tout. Merci de m'avoir supporté, moi et mes conneries d'ado. Merci d'avoir traité Jack comme s'il était votre fils, merci... Vous avez été des grands-parents formidables pour Lilith, et j'ai maintenant hâte de vous revoir.

J'inspire profondément et ferme doucement les yeux. Adieu.

Le noir est et reste complet. Comme dans un rêve, un rêve qui commence.

Une lumière blanche apparaît au bout. Elle est d'abord minuscule et elle se fait de plus en plus grande. Deux silhouette s'en découpent au fur et à mesure que je m'approche.

Die YoungOù les histoires vivent. Découvrez maintenant