Chapitre 27 : Un dimanche en bonne et due forme. Quoique...

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La neige tombe. Les flocons s'abattent avec violence sur le sol déjà enneigé. Quant à moi, je ne vois que le ciel gris, qui me plonge vite dans un état d'angoisse. Lorsque je tourne la tête pour voir où je suis, je ne reconnais rien. La forêt m'entoure, ça c'est sûr. Mais je ne reconnais pas les arbres. Ils ont pris la place des pins que je connais. Leurs troncs sont fins et lisses.

Où suis-je ? La panique me gagne, le froid et la peur me glace le sang.

Brusquement et sans aucune délicatesse, on me prend le bras. Je reporte mon attention devant moi, oubliant les arbres différents. Aussitôt, je cherche à me défendre. Je me débats, je me secoue, mais rien y fait. Je suis encore allongée sur le duvet blanc, je n'ai pas eu le temps de me lever, trop sonnée. Je suis une proie bien trop facile.

Je commençais à libérer mon bras de l'étau qui me fait mal, mais la prise se ressert violemment sur mon poignet déjà meurtri. Je lâche un geignement de douleur.

Je dois me libérer. Fuir. Je ne sais pas pourquoi ; je ne comprends pas ce que je fais ici, pour quelle raison je m'y trouve et pourquoi on veut me faire du mal. Car c'est de cela qu'il est question. Quelqu'un veut me blesser, me mettre hors d'état de nuire. C'est une certitude.

Sur le moment, ce sont toutes ses pensées qui m'assaillent. Ne sachant plus quoi faire et épuisée comme si j'avais marché pendant des heures, j'ose enfin lever la tête. Le ciel gris me parait bien moins intimidant lorsque je croise les yeux d'une personne penchée au-dessus de moi. Sans comprendre pourquoi, je m'attendais à voir de grands iris bordeaux. Mais ce que je vois me tétanise bien plus que tout ce j'ai vu jusque là. Deux grands yeux bleu clair me toisent. Mais pas n'importe quels yeux bleus. Exactement les mêmes que les miens. Ceux que je vois tous les matins dans le miroir. Une copie conforme de mes iris. La même teinte, la même couleur. Sur une autre personne.

Choquée et figée de stupeur, je reste plongée dans ses billes bleus, identiques au miennes. Qui est cette personne ?

Lorsque je me détache de son regard pour voir avec plus de précision autour de son visage, un voile noir se dépose devant mes yeux. Je veux crier mais je ne le peux pas. Je suis déjà en train de remonter à la surface.

*  *  *

- Kami ! me secoue une voix. Kami !!

J'essaie d'ouvrir les yeux, désorientée. Qui m'appelle ? La personne aux yeux bleus ? Je me redresse brusquement ayant l'espoir d'enfin voir qui partage ma couleur d'iris.

Je reconnais les lieux. Je suis chez moi, dans ma chambre. J'avoue qu'un peu de déception me parcourt. Ça me semblait si réel ! Bien que j'aie été en danger dans ce rêve, la curiosité du savoir est bien trop forte pour oublier la peur.

Je baisse les yeux. Je suis assise dans mon lit, en sueur. Je sens une main serrée sur mon tee-shirt. Sarah, étendue de tout son long, la tête tournée à gauche, ne me regarde pas. Elle a l'air plongé dans un profond sommeil.

- Pourquoi tu m'as réveillée ? demandé-je, désormais moins sûre qu'elle ne se soit pas rendormie.

Sans se tourner vers moi, je l'entends grommeler ces quelques mots :

- Tu n'arrêtais pas de gigoter. C'est toi m'as réveillée.

Je me frotte les yeux, ayant encore du mal à distinguer le vrai du faux. Suis-je vraiment ici, chez moi ? Qui me dit que je ne vais pas me réveiller, encore une fois ? Je suis totalement perdue... Ce n'était pas mon cauchemar. Ce n'est pas celui que j'ai l'habitude de vivre.

Puis, je comprends que quelque chose ne va pas. Quelque chose ne colle pas. Je pensais avoir découvert il n'y a pas longtemps la suite, de ce cauchemar : celui où je ne voyais que des yeux rouges. Celui-là, ça va faire près de deux ans que je le fais régulièrement. La suite, je l'ai vécue qu'il n'y a récemment, je crois... Justement, ça non plus, je ne m'en souviens plus.

Les Elkatars [TERMINÉ ET EN RÉÉCRITURE] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant