Chapitre 29 : Aveux

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Je toise avec dureté l'intrus qui bloque les bras de ma mère. À mes côtés, Adriel et Hakan accentuent leurs grognements inhumains, laissant sous-entendre qu'ils vont bientôt en découdre.

Je ne vois pas le visage de ma mère. L'homme qui la retient est ostensiblement caché dans un coin non-éclairé de la cuisine.

Je m'éclaircis la voix, sans perdre mon sang-froid. La tête haute, je demande :

- Qui êtes-vous ?

L'inflexion faussement surprise de sa voix me fait plisser les paupières :

- Tu ne m'as pas reconnu ? Heureusement que les sortilèges de sorcières existent, hein ? articule-t-il d'une voix calme avec un accent espagnol prononcé.

Il avance d'un pas, sortant de l'ombre. Je pensais que ma mère serait en panique d'avoir un individu non-autorisé à entrer dans la maison. Mais non. Une rage écumante remplace la peur qu'elle aurait dû avoir. Elle se débat comme une lionne en cage, mais rien y fait. L'homme la tient solidement devant lui. Qui est donc cet homme, enfin !?

Grand et imposant, la peau peu bronzée, les cheveux bruns. Ses yeux marrons brillent d'une lueur surnaturelle. Une teinte trop trop clair, trop vif pour qu'il soit naturel.

Encore un métamorphe...

- Je ne vous connais pas, déclaré-je gravement.

- Ne lui parle pas, Kami, hurle ma mère en bougeant comme un ver pour échapper à la poigne de son envahisseur. Va-t-en !

- Doucement, murmure d'une voix suave le métamorphe à son oreille.

Je crispe les poings. Je veux qu'il lâche ma mère. Il n'a rien à faire ici. Mais sa présence m'intrigue du plus haut point.

Ma mère ne s'arrête pas pour autant, une grimace de dégoût déformant son visage.

- Kami, emmène tes amis et pars !

- Il en est hors de question, affirmé-je, catégorique. Je ne te laisse pas avec cet homme dont je ne connais pas l'identité.

- Mais tu la connais, rétorque le concerné. Regarde.

Il tient d'une seule main les poignets de ma mère et fouille dans son cou. Il en sort un fil accroché à son cou et appuie sur une pierre noire se trouvant sur le pendentif pendant au bout de la corde. Tout en gardant son pouce sur la pierre, il chuchote des mots dans une langue qui m'est familière -de l'espagnol, il me semble. Un changement surprenant s'opère.

Sans me laisser le temps de comprendre, le visage de l'homme avait changé. Les grognements de mes deux amis s'arrêtent soudainement. En un clin d'œil -au sens propre- l'homme qui se tenait devant nous a disparu, remplacé par... Je réprime un juron.

Les cheveux n'ont pas changé, et pourtant, une peau pâle, les yeux ordinairement verts et évidemment, ses éternels bottes noires sont maintenant présents.

Franck.

- Comment... ? je demande, impressionnée malgré moi.

- La magie des sorcières est incroyable, répondit l'intrus maintenant dépourvu de son accent espagnol.

- Toutes sorcières respectables ne pratiquent pas ces sortilèges, lâche Adriel. C'est de la magie noire.

Franck tourne la tête vers lui, un amusement malsain dans le fond des yeux. Il déclare alors d'une voix froide :

- Le truc, mon petit, c'est que je ne suis pas du genre à respecter les règles. Je ne fais pas partie du clan des gentils.

Hakan fait un pas vers lui, les yeux rouges et emplis d'une fureur indescriptible.

Les Elkatars [TERMINÉ ET EN RÉÉCRITURE] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant