Les Elkatars [TERMINÉ ET EN RÉÉCRITURE]

Chapitre 31 : Changements

Un mois et une semaine plus tard...

Les reliures des livres craquent lorsque je les sors de la grande étagère. Une douce odeur de café envahit la pièce, conférant une sensation de bien-être et de détente à cette bibliothèque sombre. La bibliothécaire, assise dans un coin, porte une attention particulière à mes moindres faits et gestes.

Je porte mes dizaines de livres jusqu'à une table libre. J'en ouvre un au hasard, dont la couverture porte ce nom : "La métamorphose pour tout type d'âge."

Je parcours rapidement les pages, recherchant l'information cruciale que je me dois de trouver. Les vieilles pages jaunes et fragiles craquètent sous mes doigts au moment de les tourner. Avec lenteur et prudence, je feuillette cet ouvrage, espérant trouver une image ou une phrase intéressante vis-à-vis de ma recherche.

Mais rien. Toujours bloquée dans mon apprentissage.

J'attrape une autre encyclopédie sur les métamorphes, et, du bout des doigts, je recommence inlassablement ce manège. Tourner des pages.

Mais je sais que dans mon cas, je ne peux pas tourner la page sur le départ d'Hakan, parti il y a plus d'un mois, déjà. Je n'ai pas eu une seule nouvelle. Pas un message. Pas un appel. Pas un signe de vie. L'inquiétude désormais quotidienne me ronge le cœur. Adriel n'a pas l'air aussi affolé que moi.

Ah, Adriel. Lorsque je lui ai appris qu'Hakan s'en était allé, il a véritablement ratissé toute la ville. Mais il savait déjà d'avance que ça ne servait à rien. Hakan avait quitté la ville, la région peut-être, qu'en sais-je ?

Adriel avait donc accepté la nouvelle, persuadé qu'Hakan avait forcément une bonne raison de partir. Mais qui sait cette raison ? Hakan n'a averti personne à part moi. Il n'a laissé aucune information dans son sillage. Juste quelques-unes de ses affaires, tout de même en majorité disparues.

Je l'avais donc résolument attendu, même s'il m'avait demandé de faire le contraire. Les jours passaient, s'écoulant lentement, comme jamais auparavant. Au bout d'une semaine, Maya, la "dirigeante" du Rocher, était venue me voir, chez moi.

Préoccupée par la situation que lui avait rapporté Adriel, Maya s'était rendue à mon domicile, prétextant prendre des nouvelles. Maya disait avoir connu mon père à ses débuts, elle sait de quoi il est capable.

Elle nous avait donc proposé de nous installer au Rocher, redoutant que le Monstrueux Deland nous kidnappe, comme il avait prévu de le faire. Ma mère, un peu réticente face à cette étrangère, avait refusé. Je l'ai évidemment convaincue d'accepter la requête de Maya. Nous étions en danger, chez nous... Franck ou mon père pouvaient rentrer à tout moment.

Nous avions donc décampé de notre maison, le cœur lourd. Des mauvais souvenirs passaient dans la tête de ma mère, lui rappelant sûrement sa cavalcade pour échapper à mon père, alors qu'elle n'avait que vingt-deux ans.

Ma mère a donc pris une chambre de libre, à côté de celle que je partage avec Sarah. Un métamorphe se charge souvent de l'accompagner au travail et de la ramener au Rocher.

C'est l'une des premières fois qu'une Ordinaire vit avec eux, au Rocher. Ça les avait un peu déstabilisés au début, mais ils s'y sont faits, même jusqu'à l'appeler Sand', diminutif de Sandrine.

Maya avait pris une deuxième initiative : Adriel m'a été attribué comme Exploiteur, maintenant qu'Hakan a disparu de la circulation.

Le rythme de ces dernières semaines a toujours été le même. Je devais me lever, aller au lycée, travailler au salon de toilettage -à mon plus grand bonheur, je n'ai pas croisé M. Seilmand une seule fois-, revenir au Rocher après mes cours, faire mes devoirs, et apprendre avec Adriel. Nous ne faisions au début que de la théorie, il répondait à mes questions, m'apprenait des astuces pour étouffer mes dons qui se faisaient de plus en plus omniprésents.