Chapitre 23 : Affolement

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Abasourdie, je regarde la personne s'appuyer contre le mur. Je jette un coup d'œil à l'escalier en bois. Hakan s'y tient toujours, droit comme un piquet, Adriel pendant mollement sur son épaule. Je reporte mon attention en bas et déglutis difficilement.

Qu'est-ce que Franck fait ici ?

Il ne faut pas qu'il voit Hakan. Il va se poser des questions, sinon. Et surtout se demander pourquoi Adriel se trouve sur son épaule.

- Tu aurais pu toquer, je t'aurais ouvert, dis-je en mentant.

Franck me regarde, toujours aussi souriant et charmant.

Ce n'est qu'une façade, une ruse. Il ne faut pas que je tombe dans le panneau.

Je dois prévenir Hakan qu'il doit se cacher. Mais comment faire ? Je me creuse un instant les méninges.

Je sais ! Je vais essayer d'utiliser la force mentale, comme je l'ai fait plusieurs fois avec les Brumeurs. Mais je n'ai aucune idée de comment la déclencher.

- Tu es étrangement silencieuse, quelque chose ne va pas ? demande Franck.

Victor ! Aide-moi...

Mon appel au secours ne sert à rien. Victor ne répond pas. Étrangement, il n'était pas trop présent ces derniers temps...

Je dois faire quelque chose ! Si Franck voit Hakan avec Adriel... c'est la fin. Franck va m'interroger, et je ne saurais pas quoi lui répondre. Ça virerait au cauchemar.

C'est d'ailleurs ce qui va arriver, car je vois Franck avancer vers moi, et tourner la tête à gauche, vers l'escalier.

J'étouffe un cri de stupeur. Je lève avec appréhension les yeux vers l'escalier, et constate que Hakan ne s'y trouve plus. Je soupire presque.

- Non, tout va bien, je réponds à Franck. Que fais-tu ici ?

D'un coup, ma force mentale revient, et je déclare dans ma tête, mes paroles résonnant étrangement dans les parois de mon cerveau :

- Finalement, tu vas peut-être devoir passer par la fenêtre, Hakan.

Un mouvement à l'étage confirme ma tentative de communication. Il a entendu.

- Maman n'est pas là, si c'est elle que tu cherches.

Je détaille Franck d'un coup d'œil. Habillé d'un jean et d'un pull col roulé bleu, il me paraît presque ordinaire. Presque. Ses chaussures cassent cette apparence. Toujours les mêmes. Les grosses bottes noires. Celles qui me procurent une étrange sensation de gène et de malaise.

- Effectivement, je la cherchais. Mais, je voulais venir te voir, aussi.

Je hausse imperceptiblement les sourcils. Que me veut-il ?

- Je t'écoute, déclaré-je, impassible.

Franck marche nonchalamment jusqu'à une chaise à quelques mètres de là et sans un bruit, s'assoit. Son visage impassible n'annonce rien de bon.

- Je voudrais juste savoir si ma relation avec ta mère ne te gêne pas. Tu l'acceptes bien ?

Mon estomac se tord. Je ne vais tout de même pas lui avouer que je ne l'aime pas, et que je sais qu'il cache quelque chose. Ce serait absurde et insensé. Il me prendrait pour une folle.

- Ai-je vraiment le choix ? je réponds, quelques instants plus tard.

D'un coup, il se lève, et se dirige vers la porte à pas lents, ses bottes noires claquant sur le parquet. Il se tourne légèrement vers les escaliers, et dit d'une voix claire et forte, les bras croisés devant lui :

Les Elkatars [TERMINÉ ET EN RÉÉCRITURE] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant