[Chapitre 13]

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Victor et moi venons de terminer notre journée de travail au bar, dans la joie et la bonne humeur.


Nous sommes jeudi, et le jeudi, il n'y a jamais grand monde, à part peut être le midi, où certaines personnes viennent passer quelques instants à la brasserie avant de repartir au travail. Alors, pour la majorité de la journée, mon collègue a passé son temps à me raconter des blagues idiotes auxquelles je riais à gorge déployée, ayant le rire facile, alors que je nettoyais les verres, ou encore le bar. Lorsque j'en avais fini avec les verres, mon associé était chargé de les ranger. Nous prenions aussi quelques commandes, certes, mais pas énormément. Comme je l'ai déjà dit, le jeudi est une journée calme, alors, le patron nous a libérés à seulement cinq heures de l'après-midi. Par contre, demain, cela risque d'être beaucoup moins calme qu'aujourd'hui. Le vendredi, tout le monde fête le week-end en venant avec leurs amis. Et je ne vous laisse même pas imaginer à quel point le bar est bondé quand nous sommes vendredi, et qu'en plus, il y a un match.


Mais pour l'instant, je n'en suis pas là. J'ai fini ma journée de travail, et j'espère bien pouvoir me reposer convenablement pour attaquer efficacement le lendemain.


Je marche dans la rue accompagnée de Victor, me racontant encore et encore des blagues, alors que je ris. A l'instant même, le garçon passe un bras autour de mes épaules, ce qui me provoque un petit sursaut surpris au départ, mais je finis par me dire que ce n'est rien, et continue de marcher. Victor est quelqu'un de très tactile, quand il parle à quelqu'un qu'il connaît, il faut toujours qu'il pose sa main sur l'avant-bras de son interlocuteur, ou alors, sur l'une de ses épaules. C'est ce qu'il est en train de faire. Même si il m'a proposé un rendez-vous il y a peu de temps, il a compris que je n'étais pas intéressée, donc, il a laissé tomber.


Alors qu'il en est à sa énième blague de la journée, je ris encore, avant de constater que nous sommes arrivés au bout de la rue. Je m'écarte de son emprise et lui souris.


«Tu veux que je te raccompagne ?, me propose l'espagnol, me rendant mon sourire.

-Non, merci, ça va aller !, je lui assure en hochant la tête. Mais c'était sympa de ta part.

-Pas de soucis. A demain, alors.

-A demain.»


Je lui adresse un dernier sourire idiot avec un signe de la main, ce qui le fait rire, avant de définitivement m'éloigner dans les rues, sans jeter un seul regard derrière moi.


Tout en marchant, je regarde autour de moi, mes cheveux blonds quelque peu balayés par le vent. Je regarde ces rues, ces magasins, et tout ces gens parler entre eux, riant presque tous à chaque fin de phrase. Ces gens qui traversent la rue, qui n'ont pas tellement l'air pressés, ces gens qui doivent être de bonne humeur. On ne voit pas ça souvent, dans les rues. Pas là d'où je viens, en tout cas.


Avant d'arriver près de chez Antoine, je dois passer par une petite rue étroite, où il n'y a presque jamais personne. Avant de le faire, cependant, je tourne le dos à cette ruelle pour regarder de nouveau ces gens paisibles et enthousiastes, voire euphoriques, qui doivent mener une vie sans problèmes, ou alors, des problèmes mineurs. Avec tout ce qui m'arrive en ce moment, je pense que j'en ai bien besoin, de ces ondes positives.


Je suis soudainement et très brutalement tirée de mes pensées par un bras me ceinturant et me traînant dans la ruelle. Alors que je m'apprête à crier pour attirer l'attention et que quelqu'un vienne m'aider, la personne m'ayant attrapée me couvre malheureusement la bouche de son autre main. Je tente de me débattre avec toute la force que je possède, mais rien n'y fait. Mon agresseur cesse de me ceinturer mais me plaque contre le mur de la petit rue en appuyant sur mon épaule, et gardant son autre main sur ma bouche.

[Antoine Griezmann] . LovebirdsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant