Allongé sur un tas de couvertures crasseuses, salies par le sable, je surveillais ma cible. Le temps était aride et sec. Les conditions météorologiques étaient épuisantes à cause de la chaleur étouffante. À côté de moi, Rider, mon équipier roupillait comme un loir. Rider était mon collègue depuis plusieurs années déjà et il était aussi mon ami.
Un des seuls d'ailleurs.
Depuis une demi-heure, je tenais mon Ultima-Ratio PGM, et fixai les deux djihadistes grâce à ma lunette de tir. Ils étaient l'un en face de l'autre, le maître et le disciple. Ramed El-Kaïd, tenait un bazooka sur son épaule droite tandis que Mohammed Bouzya l'informait certainement des directives à suivre.
Soudain, un grésillement assourdissant retentit dans mon oreillette.
Cette foutue connexion m'énervait et j'avais déjà songé plusieurs fois à la balancer avant de me replier. Sans oreillette, pas d'informations. Sans informations, pas de missions.
Après des minutes d'observation sans grandes péripéties, le complice du tireur lui montra du doigt un regroupement de maison en pierre à une centaine de mètres d'eux et El-Kaïd arma son arme antichar sur la cible prévue.
« El-Kaïd se pare au tir, annonçai-je. »
Je vérifiais que mon arme était bien chargée et me repositionnai près de la lunette de tir, mon souffle en suspens. Je fis le vide sans mon esprit et me concentrai sur mes cibles.
Rien d'autre.
Seulement ces deux pourritures que j'allais tuer pour le bien de l'humanité.
« Feu à volonté. »
L'arme en position, je bloquai ma respiration et pressai la détente.
Un tir discret, quasi inaudible, qui n'avait même pas réveillé mon coéquipier et qui avait percuté les deux crânes en un éclair. Les djadistes s'effondrèrent au sol dans un silence de plomb et mon souffle reprit de plus bel, comme si je me nourrissais de leur mort.
« Échec et mat, soufflai-je avec un rictus sur les lèvres. »
- Bon travail Killer, rentrez à présent. »Killer. Le meurtrier.
Réputé pour ne jamais rater ma cible, on m'appelait comme tel et j'en étais fier. Tuer était devenu mon métier, ma fierté. Je libérais le monde de fous à lier qui prônaient la violence au quotidien mais malheureusement, alors que l'on en tue, d'autres naissent. C'est comme s'ils se proliféraient plus vite qu'ils ne s'éteignaient.
Lorsque je les abattais au corps à corps, j'aimais voir cet espoir s'éteindre dans leurs yeux. J'aimais les voir s'affaiblir et suffoquer jusqu'à ce que mort s'en suive. Ces pourritures ne méritaient que ça.
Je retirais mon arme du trépied, pliai ce dernier et jetai un œil à Rider qui était toujours assoupi. Heureusement pour lui, ce n'était pas un gros coup et nos ennemis n'avaient pas été très prudents pour être autant à découvert.
Je me relevais, les armes en mains et lui assénai un léger coup de pied.
« Putain Killer, grogna-t-il en sursautant.
- Debout la belle aux bois dormant, on se casse. »Il se redressa et nous descendîmes les escaliers de cette habitation en ruine. Cette ville de misère me donnait mal de crâne. Nous n'avions pas arrêté de surveiller et tuer depuis plusieurs mois avec à peine quatre heures de sommeil par jour.
Rider me stoppa dans mon élan, non loin de notre camion de chargement.
« Tu pourras ne rien dire? Je ne dors quasiment pas la nuit et ça m'a dépassé tout à l'heure.
- Ne t'en fais pas, mais veille à ce que ça n'arrive pas régulièrement. Pour toi, et pour tes coéquipiers. »
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AGAINST MY DEMONS
RomanceLes armes de précision n'ont aucun secret pour lui. L'armée lui demande plus de huit mois d'absence. À ses retours, seuls ses parents et Samantha, son fidèle compagnon, sont là pour l'accueillir. Il est pourtant le seul à ne pas voir qu'il lui manqu...