Succomber à la tentation

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Thomasine rentra chez elle avec le coeur léger. La démonstration chaste d'Étienne l'avait troublé mais avait eu le mérite de lui faire oublier la dispute avec son père.

Le déchirement refaisait surface cependant: "Bordel, qu'est-ce que je vais bien pourvoir faire? Si je le repousse sans cesse, un jour, il y en a une qui va passer, et hop! Terminado l'Etienne..."

La simple idée de perdre Étienne la bouleversait. Elle rentrait dans sa chambre et s'asseyait au bord de son lit. Entre l'urgence et le désir, tout s'opposait...

Elle respira doucement pour ne pas pleurer. Mais déjà quelqu'un frappait à sa porte.

- Oui?

- Chérie, c'est maman

Elle essuya sa larme avec le revers de sa manche, comme elle le faisait souvent.

- Tu as réussi à te lever? lui demanda t-elle en ouvrant la porte

- Oui, ça va un petit peu mieux aujourd'hui. J'ai même réussi à manger un peu de soupe... Tu as pleuré?

Thomasine sourit.

- Juste, des fois.. J'aimerais avoir un ami à qui parler de tout ça. Un ami qui pourrait me donner des conseils

- Et Etienne?

- Bah justement Etienne maintenant fait un peu partie de tout ça... Il n'est pas exactement...

- Oh... Je vois...

Elle bascula sur le lit, et regardait intensément le plafond.

- Je sais qu'il m'aime tu sais. Et je crois que je l'aime aussi. Mais j'ai une mission tellement importante. Si je me laisse distraire pas ces nouveaux sentiments, je ne suis plus à 100% pour toi. Je n'ai déjà pas le temps entre mes cours, papa qui m'oblige à aller au lycée..

- Il a raison, ça ce n'est pas discutable...

- Mais maman...

- Revenons en à Etienne... Peut-être que la mission n'est pas la question...

- Comment ça? dit-elle en se relevant sur les coudes.

Sa mère la regardait dans les yeux. Dans son kimono pourpre, elle paraissait chétive, elle qui avait toujours assumer son surpoids depuis tant d'année. Petite, quand elle lui demandait pourquoi elle était grosse, elle lui avait toujours répondu "Parce que si on était tous pareil, comment tu saurais me reconnaître? Et puis regarde, là quand tu me fais un câlin, ça fait comme des coussins... C'est plus confortable qu'un sac d'os non?"

Elle sourit à ce souvenir. Mais là, sa mère devait avoir perdu une vingtaine de kilos en peu de temps... Elle était méconnaissable. Comment n'avait-elle pas vu cette perte de poids depuis qu'ils avaient déménagé? Mais sa mère ne semblait pas avoir remarqué son regard appuyé...

- Tu sais quand j'ai rencontré ton père... Oh.. Je pensais ne jamais avoir d'histoire d'amour. Je me voyais mal confier mon secret, prévenir que j'allais mourir à 42 ans... Et puis je ne voulais pas d'enfant. Je me disais: "Si je coupe la lignée... plus personne ne devra mourir." Mais un jour j'ai croisé ton père. Il était beau sur la patinoire à faire l'andouille... Il ne tenait pas sur ses patins mais je crois que dans l'équipe celui qui se moquait le plus de lui, c'était lui-même. Il en rajoutais des tonnes. Bien plus tard il m'a avoué qu'il m'avait repéré au lycée, mais murée dans ma tour de pierre.... Du coup, il en faisait des caisses pour que je le remarque.

- Et ça a marché?

- Auprès de toutes les autres filles aussi. Mais il ne m'a pas lâché. Et puis un jour, il m'a emmené voir Titanic... Et il m'a prit la main.

Le médaillon de MousselineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant