Le médaillon de Mousseline

Suppositions

Les visions de Thomasine étaient de plus en plus violentes. Lorsqu'elle était enfant, elles venaient et repartaient sans aucunes conséquences. Depuis quelques semaines, non seulement elles étaient plus fréquentes mais en plus, elle la laissait dans un état de fatigue et de malaise dont elle mettait plusieurs minutes à se remettre.

Allongée, elle due attendre quelques instants avant de pouvoir parler de sa vision à Etienne. Les premières minutes elle pouvait à peine bouger. Étienne l'aida a s'asseoir sur le fauteuil rond. Elle réclama un verre d'eau. Elle avait la bouche sèche.

Au bout d'un long moment de silence, elle avait pu raconter ce qu'elle avait vu.

- c'est la première fois que mes visions me guident vers une autre histoire que celles de Madame Royale et Ernestine.

- Ce qui est important c'est que visiblement elles savent où est le médaillon. Et elles sont de la lignée.

- Donc on peut imaginer que Ernestine ou quelqu'un d'autre a donné le médaillon à la petite fille qui a disparue...

- Et comme ma mère, elles ont essayé de stopper la malédiction ...

- Et ça n'a pas marché...

- En tuant le premier enfant, elles ont dû penser que la malédiction était finie et elles se sont débarrassées du médaillon. Mais où?

- qu'ont-elles dit dans ta vision?

- qu'il était parti avec elle.

- Elle l'a tuée, j'imagine bien que la petite n'a pas eu un enterrement classique...

- Ou elle a fait croire à une mort infantile ce n'était pas rare à l'époque...

- il faudrait retrouver le nom de cette femme, et regarder si elle a déclarer ses enfants. Peut-être même qu'on saura où elle est enterrée.

- Oui sauf que Zoelia a enlever cette petite fille, elle a changé l'identité de l'enfant... Elle l'a sans doute fait partir loin. C'était une famille bourgeoise, 1888, l'apparition du train. On a uniquement le nom de sa maman, de sa tante... On ne connait pas leur nom de famille...

- Il va falloir espérer une autre vision...

- ... ou une aide providentielle de Thomas.

Le temps. Encore bloqué par ce putain de temps... Ils ne pouvait rien faire avant 20 h... Il était 16h... Demain, il y avait cours... Les 4h de perdues lui semblait une éternité. Etienne savait à quelle point perdre ce temps la faisait souffrir.

- Ecoute, on va faire un deal.

- Dis-moi.

- Du temps perdu, des heures à attendre le bon moment, on va en rencontrer. Je suis d'accord, c'est rageant, frustrant... Mais rester à ne rien faire ne fera pas avancer les heures ou venir une autre vision qui de toute façon t'épuise. Donc maintenant, quand on a du temps devant nous, on va vivre notre vie d'ado.

Elle se tourna vers lui,l'air interrogateur.

- Tu as 4h pour oublié ce foutu médaillon et redevenir toi, Ado de 16 ans....  On y a va... Tu sais quoi? On a beau être en plein hiver.... Non viens je t'emmène.

- Non mais Etienne...

Il l'embrassa pour la faire taire. Il prit son blouson et l'emmena dehors. Thomasine bouda un moment, mais lorsqu'il descendirent du métro et qu'elle vit apparaitre la grande roue, Etienne lui prit la main.

Ils passèrent l'après-midi main dans la main, à se promener, se faire un cinéma, à s'embrasser et manger de la barbe à papa.

Etienne était contant de sa manœuvre: il ne l'avait jamais vu autant sourire. Il avait usé de tous les clichés pour la sortir de son obsession: la grosse peluche du tir à la carabine n'avait pas manqué...

Seul, l'appel de son père à 19h00 la ramena à la réalité.

- Thom, il est arrivé quelque chose. Ta mère vient de partir avec les pompiers. Rejoins nous à l'hopital Saint Antoine.