Chapitre 3

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Sloann

J'ai fait mon choix. Ça a été difficile. Je n'ai jamais connu le coup de coeur artistique avec une personne mais ça a été le cas, la semaine dernière. J'ai dû me rendre à l'évidence que je ne pouvais pas la revoir. J'ai bien réfléchi quinze minutes supplémentaires pour prendre ma décision et dix autres pour avoir le courage de mettre en boule ce dessin. J'avais presque l'envie de pleurer. Je dois prendre mon calepin, aller dans un parc et trouver une nouvelle personne à dessiner, c'est la seule issue que je vois à ce tourbillon de pensées dans ma tête.

Hier soir, j'ai jeté ce dessin. Je me prépare à la hâte ce matin pour parcourir le parc de la Tête d'Or et trouver un endroit calme où je pourrais dessiner. Aujourd'hui, je n'ai pas envie de trouver un portrait et je m'installe devant la presqu'île pour faire un énième croquis de ce lieu somptueux. Je ne suis pas concentré et je manque d'imagination pour donner ma touche personnelle au dessin. Je suis trop perturbé et je dois m'aérer l'esprit. Je décide de partir à pied au travail étant donné mon avance et me vide la tête en écoutant de la musique. Il n'y a rien de mieux pour se changer les idées et revenir sur le droit chemin. Je me sens trop désorienté pour faire quoique se soit d'autre.

Aujourd'hui, le bruit ambiant me prend la tête et j'attrape rapidement une migraine, chose plutôt inhabituelle. Ayant encore de l'avance, je décide d'aller faire un tour dans un magasin et rentre dans une boutique de vêtements pour hommes. Je fouille dans les rayons sans but précis et ressors mains dans les poches. Je suis trop morose et ce n'est pas moi. Je ne sais pas ce qu'il m'arrive, je me sens bizarre et différent. Je sors et entre des boutiques et ne regarde même pas ce qu'il y a dans les rayons.

L'heure d'aller travailler finit par arriver et je m'y rends avec l'envie de tout envoyer paître. Ce n'est clairement pas ma journée et pourtant elle ne fait que débuter. J'ai besoin d'aller me ressourcer, loin du tumulte de la vie citadine, j'ai besoin d'un vrai bol d'air frais. Je devrais rendre visite à ma grand-mère qui vit à la campagne, ça fait longtemps que je ne l'ai pas vu. Je crois que ça me ferait du bien et elle serait très heureuse de me voir.

Serveur est un vrai métier. Au début, je voyais ça plutôt facile et j'étais certain de m'en sortir facilement mais j'ai dû apprendre de nombreuses choses et encore aujourd'hui, je ne connais pas tout. Je m'y plais, évidemment, mais c'est rébarbatif et les clients ne sont pas toujours agréables. C'est la chose qui me dérange le plus dans mon travail et c'est irrémédiable, malheureusement. Je me suis retenu plusieurs fois d'envoyer le gobelet sur la tête du client et je sais que je perdrais mon job si je le faisais. Le self control est mon meilleur allié ces derniers temps.

Mon père m'appelle durant ma pause et je lui réponds à la hâte. Son appel alors qu'il sait que je travaille n'est pas normal.

-Allô papa ? Ça va ?

-Oui et toi ?

-Ça va. Je suis au travail.

-C'est parfait alors. J'ai oublié l'anniversaire de mariage et je n'ai pas de cadeau. Ta mère serait déçue si je ne lui offrais rien.

-Et tu veux que j'aille où alors ? je lui demande soupirant légèrement.

-Et bien j'ai vu à Maison du Monde, un service à thé magnifique en fonte. Il lui plairait beaucoup. Je t'envoie la référence.

-J'irais après mon boulot.

-Merci fiston.

-Mais de rien. Comment va maman ?

Dessine-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant