Dessine-moi

Chapitre 10

Sloann

Je ne peux point décrire le plaisir que me procure l'écriture de ce message chaque soir. Pour elle. Nous nous envoyons des messages toute la journée et j'apprends de tas de choses sur Julia. Je me dévoile petit à petit et elle en redemande, elle ne peut pas me faire plus plaisir. Elle est curieuse de savoir pourquoi j'ai commencé à lui laisser des messages et je n'ai pas su quoi lui répondre à part que je m'en sentais obligé. C'est vrai, elle m'a interpelé, tapé à l'oeil et j'ai voulu faire original si bien qu'aujourd'hui je ne me sens pas du tout capable de la rencontrer. Elle doit se faire des idées sur moi et je ne veux pas la décevoir.

Je suis jaloux de son frère et de la complicité qu'il a avec elle. Si seulement nous pouvions boire un café de temps en temps ensemble, tout serait différent. Ne parlons pas de son petit ami, Éden, qui lui, m'horripile véritablement. Je m'évertue à me convaincre que je ne suis pas tombé amoureux mais je me trouve clairement de moins en moins convaincant. Ce n'est pas possible, nous n'avons jamais passé de temps ensemble, ni parlé, comment je pourrais être amoureux ? Puis elle a Éden d'abord. Il a l'air d'un type assez bien mais je voudrais peut-être bien sa place. Juste peut-être. Je sais que c'est à moi de faire le premier pas vers elle car je suis le seul en mesure de le faire mais mon cerveau n'est pas tout à fait d'accord avec ça et c'est lui qui contrôle mes jambes et ma parole. Un jour, il devra se décider.

Je suis toujours impatient d'aller la voir discrètement, mais je me méfie car elle devient de plus en plus observatrice et ça pourrait me jouer des tours. Elle m'a déjà regardé avec un peu plus d'insistance que d'habitude mais ça s'est arrêté ici. Heureusement. J'aurais été mort de honte si elle m'avait accosté. Ses yeux me rendent dingue et je voudrais tellement pouvoir les dessiner un jour. Je crois que ce sera possible quand je voudrais bien avoir plus de courage. Aborder les filles n'a jamais été mon fort quand elles me plaisent autant. Généralement je bafouille, devient rouge écarlate et je finis par m'éclipser avant d'avoir une réponse. Et pourtant j'ai réussi à avoir quelques relations volages. Ne me demandez pas comment j'ai réussi mon coup.

Julia : Salut mystérieux inconnu. Comment ça va ? Tu as passé une bonne nuit ?

Ça a toujours été ainsi. Enfin depuis qu'on se parle par messages. Ça fait peu de temps mais pourtant ce mécanisme s'est mis en place automatiquement. C'est marrant comme tout roule avec elle. Le soir, c'est moi qui lui envoie le dernier message. C'est comme ça, point. Le matin, c'est elle qui m'envoie le premier message. J'aime ce fonctionnement, il est parfait; lorsque je me réveille, son message est là et c'est la plus belle des façons de commencer ma journée.

Moi : J'ai passé une excellente nuit et la journée s'annonce ensoleillée, tout va bien évidemment ! Et toi ?

Julia : Ça va. Merci. Est-ce le bon jour pour connaître ton prénom ? J'en ai marre de t'appeler S.E.

Moi : Un jour, tu m'appelleras par mon prénom, ne t'inquiète pas. Je ne veux pas que tu me retrouves, c'est tout. Ce serait différent après. Ne penses-tu pas que nous vivons quelque chose d'un peu... unique ? J'aime me dire ça.

Julia : Oui, j'aime forcément, sinon, je ne serais pas là à te parler. Je ne te demande pas pourtant le bout du monde.

Moi : Il est trop original pour que tu ne me retrouves pas. Ce serait un trop gros indice. C'est simplement pour ça que je ne dis rien. Je m'appellerais Paul ou Jacques, ce serait différent. Tu comprends ?

Julia : Trop original ? Voilà déjà un indice Monsieur E. Tu sais que je vais faire des recherches ? Je suis déçue que tu ne t'appelles pas Jean-Jacques mais je ferais avec je suppose. Passe une belle journée, S. Bisous.