Dessine-moi

Chapitre 11

Julia

Et dire que c'était lui. Je l'ai loupé. Pourquoi je n'ai pas osé ? Je suis toujours sur la défensive, hésitante et aujourd'hui, j'ai raté une belle occasion. Il m'intrigue et j'aimerais en savoir plus sur lui. Mais il faut retenir une chose. Je l'ai vu. Je n'ai pas croisé son regard car il savait pertinemment que c'était ma petite personne assise en face de lui, mais j'ai vu à quoi il ressemblait et il est charmant. Aux antipodes de ce que je m'étais imaginée mais vraiment charmant. Je suis heureuse malgré tout et je vais pouvoir me mettre à sa recherche, bien qu'il me dise quelque chose. Je l'ai déjà croisé, mais où ?

Il n'est pas descendu à Saint-Jean comme je pouvais l'imaginer. J'aurais pu le prendre au piège mais il a continué sa route. J'en ai profité pour faire des photos mais mon esprit était bien trop occupé à penser à lui. Il n'a toujours pas de nom et ça en devient perturbant. Il a probablement fait des recherches sur moi et je n'aime pas beaucoup cette vision des choses. L'un connaît tout et l'autre rien.

Le week-end en famille va me faire du bien. Depuis que j'ai quitté la maison, il y a un peu moins de tensions entre ma mère et moi, même si je n'aime pas y aller seule. C'est aussi pour cela que je suis partie. Mon frère avait moins de problèmes mais m'a pourtant suivi pour ne pas me laisser seule. Finalement, les bons petits plats de notre mère lui manquaient et notre cohabitation avait quelque chose d'étrange. Il en est mieux ainsi désormais.

Mais merde alors, comment j'ai pu le louper ?

Ma soirée avec Éden est reposante. Nous parlons peu, je suis blottie dans ses bras et il me caresse la tête d'une main très délicate. Je m'assoupis rapidement et je l'entends me murmurer des mots doux.

-Julia, je vais rentrer mais tu dois me libérer, me chuchote Éden d'une voix mélodieuse.

-Reste.

-Vraiment ? Toi qui ne veut pas mettre un pied chez moi me demande de rester dormir ici ?

-Oui. Allez, s'il te plaît.

-Je te découvre un peu plus chaque jour. Dix jours que nous sommes ensemble et je t'apprécie un peu plus chaque minute. Je suis heureux avec toi, Julia.

-Et moi aussi. Tu es quelqu'un de bien Éden.

Il dépose un baiser sur mon front et nous nous levons pour se diriger lentement vers la chambre. Allongée face à lui, je l'observe un peu plus attentivement et laisse glisser mes doigts sur son visage. Une petite barbe naissante apparaît sur sa peau pâle et ses cheveux en bataille retombent sur son front.

Lui, me regarde, une main posée sur ma hanche et ma respiration s'est accordée à la sienne. Il paraît que c'est toujours ainsi lorsque nous nous sentons bien avec une personne.

Cela doit être vrai car lorsque je suis avec Noham, nos poitrines se soulèvent simultanément, nous sommes synchronisés comme le sont des danseurs sur scène. Retrouver ce phénomène avec Éden est plutôt agréable. Mes sentiments semblent se développer pour lui.

Mes relations amoureuses n'ont jamais été très concluantes mais aujourd'hui mon ressenti est différent avec Éden et j'ai plus confiance en moi. Ça change beaucoup de chose dans un couple. Peu à peu, mes yeux se ferment à nouveau et je m'endors dans ses bras. Ma nuit est différente. Il est là et je dors plus paisiblement.

Des bruits dans la cuisine me réveillent. J'ouvre un œil puis deux et regarde l'heure avant d'enfoncer ma tête dans les coussins. Il est huit heures du matin, on est dimanche. Je veux rester au lit. Les bonnes odeurs m'en dissuadent pourtant et je finis par lire mes messages.