Dessine-moi

Chapitre 25

Julia

-Dessine-moi, je lui dis d'une voix douce.

Cette phrase est sortie de ma bouche sans que je ne m'en rende vraiment compte mais désormais, je n'attends que sa réaction et sa réponse. Il ne peut pas ne pas faire quoique ce soit ! Il rougit et je le trouve dix fois plus mignon ainsi. Timide, réservé et presque apeuré. Nous avons bien discuté et ma demande lui a totalement coupé la chique. Je ne m'y attendais pas.

Alors, il va chercher son carnet et des crayons à papier divers et variés. Je ne savais pas qu'il existait autant de catégorie de crayons mais je reste silencieuse et l'observe. Il se prépare et me demande de garder ma position. Parfait, je suis confortablement installée. C'est alors qu'il fait le premier coup de crayon sur la feuille. Ce crissement me fait frissonner, j'aime ce bruit.

Le silence s'installe et seule la musique de fond vient perturber mon ami. Je reste concentrée du début à la fin, je sais que le rendu n'en sera que meilleure. Il est lui aussi absorbé par ce qu'il fait, totalement obnubilé par ce qu'il fait. Je prends le temps, de nouveau, de détailler son visage.

Il a les traits fins, des yeux sombres et persans qui le rendent suffisamment mystérieux pour avoir attisée ma curiosité. Je ne réalise pas vraiment tout ce qu'il s'est passé depuis le début entre nous mais je sais qu'il y a quelque chose plus fort que de l'amitié. Sa peau mate est lumineuse et son teint est unique. Il semble descendre tout droit du ciel. Beau comme un dieu. Je crois jamais n'avoir vu ses cheveux détachés, il porte toujours ce chignon et sa barbe naissante. Je garde mes yeux posés sur lui et espère garder cet instant à jamais dans ma tête.

Après quelques minutes, je ne saurais dire combien, il m'affirme avoir terminé son dessin. Je regarde l'heure. Deux heures que je suis ainsi ? Le temps est passé si vite, mince alors ! Il me tend le calepin et je fais glisser mes doigts sur ce portrait de moi. Je reste stupéfaite par le réalisme et murmure un merci ému. Comment peut-il avoir un tel talent entre ses mains sans que personne ne s'en aperçoive ? C'est complètement dingue. Il mériterait tellement plus, tellement mieux.

Au moment où il s'apprête à partir, Noham rentre de sa garde. Je comprends à ce moment-là que mon ami va rester plus longtemps. Je tiens toujours entre les mains, le dessin qu'il a fait de moi. Précieusement collé contre mon cœur, je ne veux plus le lâcher.

-Bonsoir, dit Sloann gêné.

-Salut !

Mon jumeau répond comme s'ils étaient amis de longue date. Il a le don de détendre l'atmosphère et ça fonctionne très bien. Je souris et embrasse la joue de Noh.

-Ta journée s'est bien passée ?

-Nous n'avons pas eu beaucoup de naissance aujourd'hui, c'était calme. Mais les moments que j'ai vécu étaient intenses. Je dois sérieusement commencer à bosser mes partiels, je vais vous laisser.

-Je devais partir également...

-Oh. À bientôt alors, dit mon frère lui tendant la main.

-Au revoir. Bonne nuit, Julia.

Le voilà qu'il part et je reste un peu bête, un sourire béat dessiné sur mes lèvres et l'envie de le rattraper pour qu'il reste plus longtemps. J'ai encore tellement à apprendre de lui, de nous, de notre amitié. Je voudrais le revoir et passer plus de temps avec lui. Plus que je veux bien me l'avouer. Je me sens différente depuis que je le connais, Noh m'a affirmé me trouver plus ouverte depuis que Sloann a débarqué dans ma vie.

-Dis, il n'y a rien entre vous ?

-Non. Non, non.

-Tu es tellement rêveuse. Je te trouve plus proche de Sloann que d'Éden, je me trompe ?