Dessine-moi

Chapitre 17

Sloann

Pourquoi je lui ai dit que je mettrais mes sentiments de côté ? C'est impossible bon sang ! Et lorsque je l'aperçois, je me rends compte de mon erreur et je réalise qu'il va être difficile de résister à ne pas créer relation amicale.

Elle sourit mais semble gênée, je dois paraître coincé en face d'elle. Je ne sais pas si je dois lui faire la bise ou la saluer simplement. Je suis amoureux de cette fille mais elle est en couple. Je n'ai aucune chance, je dois arrêter d'espérer et d'imaginer des histoires.

Je ne peux pas m'autoriser ça. Je n'aurais pas dû lui demander de boire un verre. Aujourd'hui, vingt-cinq mars, Julia est en face de moi, belle, ravissante, souriante et intimidée. Que pense-t-elle de moi ? J'ai fait mon maximum, je suis rarement habillé aussi classe, je préfère les tenues détente. Au fond de moi, j'espère avoir une petite chance de la conquérir, aussi minime soit-elle, j'y crois.

J'ai forcément des qualités qu'Éden n'a pas. Et lui aussi a des choses en plus. Personne n'est parfait, n'est-ce pas ? Sauf Julia peut-être. Elle frôle la perfection. Je ne la connais pas assez pour dire ses défauts, mais je suis certain que ce sont des défauts - qualités. Cette jeune femme est époustouflante !

Merde, ça fait combien de temps que nous sommes là à nous observer bêtement ? Pourquoi nous ne disons rien ? C'est perturbant. Vraiment étrange. N'importe quel passant dirait que nous sommes des idiots à nous scruter sans se parler depuis quelques minutes. Même moi, je trouve ça ridicule, c'est pour dire ! Qui doit parler en premier ? Le garçon ou la fille ? Il n'y a pas de loi, là-dessus Sloann ! Agis simplement et non bêtement.

-Tu es ravissante Julia. Plus que d'habitude.

Elle rougit et se cache. Je ris légèrement et l'invite à me suivre jusqu'au taxi. Oui, j'ai réservé un taxi, c'est bien plus intimiste que ces bus et métros bondés de personnes qui ne se lavent pas. Je vous assure, les individus sur cette Terre ne connaissent pas tous l'existence du savon.

Elle semble surprise mais ravie de voir mon effort. Heureusement, car le chauffeur est un abruti. Il démarre et monte le son de la radio. Je regarde Julia qui n'a rien dit depuis tout à l'heure.

-Tu travaillais aujourd'hui ?

-Non. J'étais chez moi, j'ai fait du rangement . Et toi ?

-J'ai travaillé jusqu'à treize heures. Je suis heureux d'être avec toi ce soir.

-Moi aussi, répond Julia gênée.

-Éden n'est pas trop jaloux ? Que tu sois avec moi...

-Non. Tu es un ami. N'est-ce pas ? Il n'a pas à être jaloux.

-Tout à fait.

-C'est bizarre cependant.

-Pour moi aussi, dis-je. Tu n'étais qu'une jeune fille que j'observais et aujourd'hui je discute avec toi. Nous allons boire un verre ensemble... je suis tellement heureux.

-Ça me fait également plaisir. J'ai hâte de mieux connaître Sloann E.

-Evens. Sloann Evens.

-Ravie, sourit-elle.

Oh. Mon. Dieu. Comment je peux mettre mes sentiments de côté avec une fille pareille ? C'est comme si nous nous connaissons depuis des années ou qu'on venait de se rencontrer. C'est assez étrange, mystérieux. Je suis époustouflé par sa beauté, je reste un peu bête. Heureusement pour moi, le trajet n'est pas long et nous arrivons vers la brasserie que j'ai choisi: Le Petit Carré. Un endroit sympathique à la sortie de Vieux-Lyon qui plaira sûrement à Julia. Nous pourrons nous balader dans les rues pavées après notre rendez-vous, je sais que ce quartier lui plaît.