Chapitre 20

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Sloann

Elle m'a détruit, anéanti. Je n'ai pas su arriver au moment opportun dans sa vie. Elle a pris Éden pour l'auteur des messages et aujourd'hui elle sort avec lui. Ça aurait pu être moi. Je n'ai pas su saisir la chance et j'en paie le prix fort. Je suis vraiment un abruti bon sang ! Je n'ai pas le goût de rester seul chez moi plus longtemps. J'ai besoin de voir mes parents, de demander conseils à mon père et de savourer un bon repas confectionné par ma mère. Je ne m'attends pas à avoir la réponse qui résoudra tous mes problèmes mais au moins celle qui m'aidera à aller mieux. Elle me hante, putain. Je suis accro à elle comme jamais je n'aurais pu l'imaginer. Et il se passe quoi aujourd'hui ? Et demain ?

Je me change et me rafraîchis le visage avant de reprendre le tramway. Après quelques minutes de marche, j'arrive devant le pavillon familial. Je frappe deux fois et rentre, comme je l'ai toujours fait. Ma mère arrive d'un pas rapide et un sourire immense s'affiche sur son visage. Elle est surprise mais vraiment heureuse.

-Sloann, que nous vaut cette visite ?

-J'avais envie de vous voir. Comment va ma petite maman ?

-Bien et toi ?

-Idem. Ça ne te dérange pas que je reste pour le dîner ?

-Mais non mon chéri ! J'allais justement prévenir ton père que c'était prêt. Veux-tu aller le chercher, il est au garage.

-De suite m'man.

Elle s'éclipse vers la cuisine tandis que je rejoins le garage et y retrouve mon père réparant une lampe de bureau.

-Fiston ! Tu es là depuis longtemps ?

-Je viens d'arriver. Le repas est prêt.

-Je suis content de te voir.

Il me frappe gentiment l'épaule et nous nous dirigeons vers la cuisine en silence. Ma mère a rajouté mon couvert et je m'installe sentant les bonnes odeurs qui s'émanent du four. J'ai grand appétit et lorsque ma mère sort le saucisson brioché du four, mes papilles se mettent à danser la samba. Cela fait bien trop longtemps que je n'en ai pas mangé !

Accompagné d'une salade verte, je dévore, mon plat et me resserre avant que mon père ne finisse la brioche. Ma mère sourit de nous voir tous les deux nous battre la dernière part. Depuis que je suis petit, ça a toujours été ainsi. Je raconte mes derniers jours tandis que nous mangeons le dessert tranquillement et ma mère a ce regard malicieux lorsque j'évoque Julia. Je sais très bien ce qu'elle pense et que mon visage me trahit. Quel fourbe !

Mon père a très certainement compris également et je tente pour le moment d'éviter le sujet. J'aimerais en discuter uniquement avec lui ; je connais trop bien ma mère pour savoir qu'elle va enjoliver les choses et commencer à me faire espérer une histoire qui n'arrivera probablement jamais. Je débarrasse la table en repensant à cette après-midi et ce dessin que j'ai fait d'elle. Aujourd'hui, plus que d'habitude, elle était belle. Ses yeux avaient une couleur indescriptible et le soleil les rendaient sublimes.

Alors que ma mère va regarder son film du soir, je rejoins mon père au garage et l'observe travailler. Il ne dit rien et attend probablement que je lance la conversation mais je ne sais pas par où débuter. Je m'assois sur une vieille table débarrassant le bazar et patiente tel un enfant qui attendrait un bonbon ou un gâteau.

-Alors, tu n'as rien à me dire ? Tu n'es pas venu innocemment, si ?

-Pas vraiment, je lui réponds.

-Je t'écoute, mon grand.

-Je suis raide dingue d'elle, papa. Mais elle a un petit ami.

-Depuis longtemps ?

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