Au début, Ron refuse d'y croire. Il faut reprendre l'histoire depuis le début, dresser la liste des évidences.
Grâce à Malefoy, l'Ordre a reçu un compte-rendu des révélations de Dolohov. Sous la torture, il a affirmé avoir reçu la première lettre d'instructions de la main d'une enfant.
Les deux suivantes ont été apportées par une chouette effraie. Rose possède une chouette effraie.
Puis il y a les dates des paiements, remis dans l'arrière-cour du Chaudron Baveur. Là encore, il faut réveiller les souvenirs, ressortir les reçus, les factures, les agendas. Chaque date correspond à l'une des sorties de la famille Weasley au Chemin de Traverse l'été qui a précédé les meurtres.
Ensuite, il y a l'inexpérience que Ron a relevée dans le langage des lettres. Comme un enfant nourri de clichés sur le marché noir et la pègre.
La capacité à copier l'écriture. La maladresse qui persiste. Le papier à lettre. La date de la rentrée à Poudlard. Les dates des vacances d'Albus chez Sean. Cette volonté inexpliquée d'épargner Albus. Comme si Albus avait été le centre de cette histoire, depuis le tout début.
Et enfin, bien sûr, il y a Campanie Semiplena.
- Ce n'est pas possible, Hermione..., murmure Ron. C'est notre fille !
Le monde s'effondre avec cette simple phrase. Agenouillée devant son époux, Hermione lui prend les mains en s'efforçant de refouler ses sanglots de terreur, de panique, sans parvenir à s'empêcher de trembler :
- Je le sais... Elle a toujours été spéciale. Tu l'as su aussi bien que moi. Même si nous n'avons jamais accepté de le voir.
- Non, il y a forcément une autre explication. C'est encore une machination du véritable meurtrier, pour nous détruire un peu plus.
- S'il avait voulu faire ça, il aurait laissé des preuves évidentes menant à Rose. Ici, on voit qu'elle a cherché à couvrir ses traces.
- Justement, tu n'as aucune preuve !
Hermione sent sa gorge se nouer sur des paroles qu'elle n'aurait jamais cru prononcer. Tout son corps, son instinct, son amour de mère, se révoltent à cette seule idée. Mais elle la laisse s'échapper :
- Je sais que c'est elle, murmure-t-elle. Je le sens. Tout fait sens depuis que je l'ai compris. Peut-être qu'une partie de moi l'a toujours su, sans vouloir l'affronter.
Ron la dévisage sans parvenir à se raccrocher à ce qu'elle dit. Alors elle poursuit :
- Lewison, les Mangemorts, tout cela n'avait pas de lien avec l'assassinat de Ginny et des enfants. Nous devons oublier toutes les retombées politiques qui ont découlé de leur mort. Il ne reste que ce qui s'est passé ce fameux jour il y a deux ans. Le responsable ne visait pas Harry. Il ne visait même pas Ginny, James et Lily. Le responsable visait Albus.
- Je ne...
- Tu te rappelles de l'incident avec Kingsley ?
- Quand ça ?
- Il y a deux ans. Un peu avant l'été. Pendant le weekend de Pâques.
Ron fronce les sourcils, encore ébranlé par les affirmations de sa femme, incapable d'y croire, et pourtant, le souvenir qu'elle ramène à lui insinue le doute :
- Ce qui s'est passé entre Albus et Rose ?
- Oui. Tu te rappelles de ce que Kingsley a fait ?
A mesure qu'Hermione parle, Ron commence à entrevoir une partie de la vérité. La vérité lui fait peur. Au fond de ses tripes.
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L'Héritier
Fiksi PenggemarNietzsche a dit un jour : "Que celui qui combat les monstres prenne garde dans sa guerre à ne pas devenir un monstre lui-même. A force de plonger trop longtemps votre regard dans l'abyme, c'est l'abyme qui entre en vous". Si seulement Harry avait su...