Epilogue

1.9K 134 177
                                    

Tout est fini. Tout est allé très vite.

Dans les quelques secondes qui ont suivi cette lumière horrible, plus personne n'a bougé. Et puis les partisans de l'Héritier ont lâché leur baguette un par un. La mort d'Harry représentait la mort de toutes leurs espérances, leurs ambitions. La mort de leur folie aussi. Comme si un liquide froid s'était soudain répandu dans leurs veines, leur ôtant toute force et toute volonté.

Albus a crié, mais il ne pouvait pas se relever. Il a rampé jusqu'à son père et il l'a serré contre lui.

Personne ne comprenait la scène. Personne ne saisissait encore ce qu'il venait de se passer, et ce que cela impliquait. Le tournant de la guerre. La fin de la guerre ?

Aussi dans l'indifférence générale, Hermione s'est approchée de sa fille. Elle a pointé sa baguette sur elle, et elle l'a endormie. Elle l'a recueillie dans ses bras, l'a allongée sur le sol. Le monde commençait à se réveiller. Le monde commençait à comprendre, à murmurer, et le monde savait que Rose avait tué l'Héritier. Aussi Hermione a-t-elle regardé sa fille, jeune, belle et paisible dans son sommeil. Elle l'a attirée contre elle pour la protéger.

XXX

Vingt-quatre heures se sont écoulées. Le monde sorcier est sous le choc, incapable d'y croire. Il a peur d'y croire. Après avoir été blessé, trahi, un si grand nombre de fois... Les gens ont peur de croire que c'est fini. Le mal peut renaître de ses cendres. Il l'a prouvé tellement de fois, et avec tant d'ironie...

Les partisans d'Harry se sont laissés arrêtés avec une sorte de désarroi stupéfait. Ils évoluent dans un autre monde. Ils sont incapables de vivre dans cette nouvelle réalité qui s'est dessinée.

Presque tous les partisans d'Harry s'étaient réunis à Poudlard pour la grande bataille, aussi le pays n'a-t-il eu qu'à prendre une grande inspiration pour se retrouver libre de leur emprise. Le règne de l'Héritier n'a pas duré assez longtemps pour s'installer de façon durable. Harry n'a pas eu le temps d'éliminer tous ses ennemis, d'anéantir les piliers de ce qu'il venait de conquérir. Les Aurors qui n'ont pas été capturés, de même que les fonctionnaires ayant eu le temps de s'enfuir, tous ces gens partis en exil, en fuite, contraints à la clandestinité...

Tous ces gens n'avaient pas encore pu être éliminés par le pouvoir en place. Ils n'avaient pas eu le temps de former une résistance organisée, mais ils n'avaient pas abandonné tout espoir non plus. Leur déracinement récent les attachait encore à leur pays, leur foyer. Ils n'ont pas eu besoin de plus de vingt-quatre heures pour revenir à l'annonce de la nouvelle. Ils ont repris leurs places. Ils ont à peine eu à se battre pour ça.

Dans la journée qui suit la mort d'Harry, les principales villes du pays sont reprises, à mesure que la nouvelle se répand. A défaut de journaux, les hiboux sillonnent le pays, la radio émet le même message en boucle. Les gens sortent de leurs maisons, dans la rue, et sans se concerter forment des cortèges pour signifier que la ville est à eux.

Seul le centre de Londres doit faire face à une résistance plus vive. Quelques poches de partisans sont restées en arrière pour tenir le Ministère, garder les prisonniers. Même si l'annonce de la mort d'Harry a miné leur moral, ces hommes et ces femmes se trouvent soudain seuls dans une ville ennemie et cernés de toute part. Leur rage, leur désespoir et leur instinct de survie prennent le pas sur toute préoccupation d'avenir. Ils taillent en pièce les citadins qui tentent d'approcher du Ministère. Mais il ne faut pas longtemps pour que la voix de Londres se fasse entendre. Les habitants, conscients qu'ils ont été libérés, conscients qu'ils ont là une chance de reprendre leur vie en main, laissent s'échapper d'eux toute la frustration, la peur et la haine que la guerre a engendrées en eux. Ils ne peuvent pas prendre le risque de rester inactifs et de laisser à la dictature le temps de se relever. Alors les citoyens de Londres, toujours sans la moindre discussion, se réunissent et marchent ensemble d'un même pas sur le Ministère, comme l'Héritier a marché sur Poudlard quelques heures plus tôt. Les partisans d'Harry ne peuvent pas faire face à un tel nombre. Dans une hystérie collective, les Londoniens s'entretuent lors d'un dernier combat fratricide.

L'HéritierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant