Chapitre 6

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Je restai prostrée près du corps inanimé je ne sais combien de temps.

« Non ! Ce n'est pas possible il ne peut pas être mort ! » Me répétai-je en boucle dans ma tête.

Puis je pensai à ma mère. Où était-elle ? Que ferait-elle ? Me dénoncerait-elle ou me couvrirait-elle ?

Trop d'interrogations qui se bousculaient dans ma tête et dont je n'avais pas le temps de trouver une réponse.

Il faudrait que je parte, vite, si on me voit là, on va m'accuser d'un meurtre ! Mais où vais-je aller ? Je ne peux pas le laisser là comme ça !

C'était vraiment dur de rassembler ses idées dans ce genre de situation et de prendre la bonne décision.

Je réfléchis à toute vitesse pour trouver un moyen de m'en sortir. Sans appel. Je n'en trouvais pas...

Je pris conscience que seules deux solutions s'offraient à moi : soit appeler les secours et être accusée de meurtre, soit partir loin de toute ma vie comme je l'ai toujours voulu.

J'entendis du bruit. Une porte qui claque. Sûrement un voisin.

Tout s'accélérait. Je devais prendre une décision rapidement.

Je choisis la deuxième, ma mère le trouverait et appellerait les secours et moi je serais loin. Ils ne me retrouveront pas.

J'essayai de me convaincre à le laisser et l'abandonner lâchement. J'inspirais et expirais doucement pour essayer de me calmer.

Je me levai et me précipitai dans ma chambre pris le strict minimum, quelques t-shirts, pantalons et sous-vêtements, j'allai ensuite à la cuisine prendre les maigres économies que ma mère avait déposées dans le pot à sucre, m'emparai de quelques boîtes de gâteau et les fourrai dans mon sac.

Je sortis de l'appartement en enjambant Paul, descendis les trois étages précipitamment. Je savais que ma mère m'en voudrait encore plus que maintenant. Est-ce que doutais fortement de l'amour de ma mère à mon égard ? Bien sûr et ce depuis un moment. Elle ne disait pas tout je le sentais. Son regard parfois fuyant, parfois bien trop insistant me mettait mal à l'aise et bien trop soupçonneuse à son égard. Un jour j'essayerai de comprendre. Un jour où on pourra se parler franchement, sans détour.

Ce jour n'arrivera peut-être jamais, mais je préfère ne pas y penser et me convaincre du contraire.

Je m'enfonçai dans la froideur du soir, sans même me retourner, à la recherche d'un endroit où me réfugier pour la nuit.

Je pris l'initiative de trouver un hôtel. Personne ne sera encore au courant et je ne pouvais me résoudre à dormir dehors.

J'arpentai la ville dans tous les sens possibles.

J'en trouvai un. Certes miteux mais encore ouvert. Je m'engouffrai dedans. Le petit réceptionniste m'accueillit avec un regard noir :

- Bonjour, auriez-vous une chambre libre ?

-Bonsoir... peut-être mais je crois pas que t'ai l'argent pour, me répondit-il sèchement.

-Euh...si j'ai de l'espèce sur moi...euh... Je sortis les quelques billets que j'avais récupéré avant de partir, j'ai 30 euro sur moi c'est suffisant ?

-Nan, maintenant va-t'en.

Je sortis les nerfs en pelote et continuai mes recherches. Beaucoup de tentatives plus tard, j'entrai dans le dernier motel de la ville que je n'avais pas visité. Le gérant était accoudé sur le desk, la tête posé sur ses mains. Il était fatigué ça se voyait.

- Excusez-moi, dis-je timidement, je voudrais savoir s'il y a encore une chambre libre pour moins de 30 euros ?

Il leva la tête péniblement.

- Ouais mais avec vu sur la déchèterie.

Je poussai un petit cri de joie, le remerciai chaleureusement et lui dit que je la prenais.

J'ouvris avec empressement la porte et allumai la lumière. Je dois avouer que la décoration n'était pas très distinguée, ni de très bon goût mais j'avais un toit sur la tête. Je jetai mon sac sur le sol puis je me jetai, moi, sur le lit, il n'était pas très confortable, on sentait les ressors mais j'étais tellement épuisée que ça suffirait amplement. Je respirai l'air et sentis une petite odeur de moisis avec un mélange de déchets. Je n'avais plus le courage d'aller me débarbouiller maintenant. J'avais les pieds en compotes et j'étais complètement exténuée. Au moment où j'enlevai mon jean pour être plus à l'aise, mes yeux se posèrent sur le petit papier contenant le numéro d'Ezechiel que j'avais mis quelques heures plus tôt dans ma poche. Je souris, soulagée de l'avoir conservé.

Mes yeux commençaient à se fermer tout seul malgré l'odeur nauséabonde qu'il y avait dans la chambre. Je savais que le lendemain je trouverais un moyen de me sortir de ce mauvais pas grâce à, ce qui est maintenant, mon ami. Pour le moment la seule chose qui m'était essentiel était de me reposer.

Sur ces bonnes résolutions, je m'endormis presque instantanément, oubliant tous mes problèmes le temps d'une nuit.


Liars say liesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant