Chapitre 8

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Il alluma une lumière.

Je balayai la pièce des yeux et je découvris un intérieur magnifique. Simple mais très joli, comme j'aime. Il y avait du parquet au sol et les murs étaient peints en gris clair. Il y avait des plantes juste à côté d'un grand canapé en angle qui était dirigé vers un écran plasma dernière génération, une table basse où reposait en son centre une petite bougie. Il y avait aussi une grande bibliothèque remplie de livres dont j'étais sûre de ne pas connaitre le titre.

Tout était à sa place, rien ne traînait. Un grand escalier en bois recouvert d'une moquette claire menait au premier étage. Derrière une arche avec une porte vitrée je pouvais apercevoir la salle à manger. Une table avec six chaises autour au centre.

Je me dirigeai vers la cuisine. Elle aussi était épurée mais très moderne. Il me demanda si je voulais boire ou manger quelque chose, je me rappelai que je n'avais bu qu'un café. J'acceptai et il me donna un verre d'eau et la moitié d'une pizza qui lui restait.

J'engloutis le tout le plus rapidement possible pour pouvoir vite m'éclipser dans la chambre. Il me regardait avec insistance, dans un silence religieux. Je le remerciai pour le repas. Sa présence me gênait un peu.

Afin de précipiter les choses, je lui demandai où était la chambre. Nous montâmes. Il m'indiqua une porte tout au fond du couloir et me tendit une clé.

- Si tu veux fermer, tu pourras comme ça, me dit-il.

Sans rien ajouter de plus, il tourna les talons et me laissa seule dans ce couloir sombre.

Depuis tout à l'heure il est vraiment étrange. J'ai la drôle d'impression qu'il attend quelque chose de moi... Mais je n'ai rien à lui donner.

« Enfin je ne vais tout de même pas rester bêtement sur le palier, autant rentrer » pensais-je.

La chambre était plutôt spacieuse avec un lit double au centre de la pièce, une armoire en bois sur la gauche ainsi qu'un bureau sur la droite. Juste à côté du lit une petite table de chevet où était posée une lampe qui ne devait pas fort éclairer. La pièce était sobre et un tantinet impersonnel, comme le reste de la maison, on s'y sent vite à l'aise.

Enfin seule je cherchai un vêtement pour la nuit dans mon sac. Je n'en trouvai pas. Je ressortis de la chambre pour demander à mon hôte s'il ne pouvait pas me prêter quelque chose.

Je descendis les marches à pas de souris. Une voix s'élevait du salon, je me dirigeai là-bas et j'aperçu Ezechiel au téléphone :

- Oui c'est elle... mhh... oui bien sûr... oui ils vont bientôt entamer la transformation... oui seule... très bien... oui, je dois te laisser, au revoir.

« De qui peut-il bien parler ? » Pensai-je.

Je toussotai pour me faire remarquer, il se tourna vers moi avec un grand sourire plaqué sur le visage :

- Oui ? Il te manque quelque chose ?

- Euh... Oui, je n'ai pas pris de pyjama tu pourrais m'en prêter ?

- Oui oui prends-en un dans l'armoire de ma chambre.

- D'accord merci.

Je le sentais faux, son sourire était faux, sa façon de me répondre était fausse. Il est vraiment bizarre, comme s'il manigance quelque chose.

J'hésitai à poser la question qui me brûlait les lèvres puis je me lançai :

- C'était qui au téléphone ?

- Je te le dirais quand tu me diras pourquoi tu ne peux pas rentrer chez toi, dit-il en souriant.

- Très bien je ne veux pas savoir, bonne nuit, répliquai-je.

Je remontai, attrapai un grand t-shirt là où il me l'avait indiqué. Tout en pensant que j'étais folle de dormir chez quelqu'un que je ne connaissais même pas. Je ne savais rien de lui, même pas l'âge qu'il avait. J'essayai tant bien que mal de me convaincre que c'était sûrement mieux que dehors, c'était sûrement la meilleure chose qui pouvait m'arriver dans ma situation.

Je voulus écouter de la musique mais je m'aperçus à ce moment que j'avais oublié mes écouteurs. Comme je suis bête !

Je me glissai sous mes draps après un petit débarbouillage express à la salle de bain.

Je cherchai le sommeil, étendue dans le lit d'un inconnu.

Je ne pouvais pas dormir : trop de pensées se bousculaient dans ma tête. « Dois-je lui dire ou pas ? Il m'a quand même aidée, je lui dois la vérité. Il pourrait me mettre à la porte. Il pourrait être impliqué et condamné pour complicité. Et qui avait-il au téléphone ? Lui non plus ne me dit pas tout. Est-ce que je dois appeler ma mère et tout lui raconter ? Je suis quelqu'un d'horrible, j'ai tué un homme, j'ai abandonné ma « famille ». Je me suis enfuie de chez moi, j'ai sûrement la police à mes trousses, je dors chez un presqu'inconnu et je ne sais même pas ce que je ferais demain. C'est officiel, je pense que c'est le jour le plus pourri de toute ma vie ! ». L'impression que je tournais en boucle, me répétant toujours les mêmes choses, de devenir totalement folle s'empara de moi.

Je chantonnai un petit air pour essayer de me bercer seule et me détendre.

Je sentis tout mon corps lourd et fatigué. Je réussis enfin à trouver le sommeil malgré mes multitudes de pensées.

J'avais soif, tellement soif. J'avais la langue pâteuse et les lèvres sèches. Je ne pensais qu'à une chose : boire. Je pris de la neige dans le creux de mes main et la porta à ma bouche. Au lieu de ma rafraichir et de me désaltérer, elle me brûla. Je la sentis descendre le long de mon gosier. J'avais l'impression que l'on m'arrachait la gorge. J'aperçus une cascade au loin. J'essayai de courir mais à chaque pas je m'enfonçai plus encore dans cette neige qui brûlait. « L'apparence peut parfois tromper... » me mit en garde une voix caverneuse.


Liars say liesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant