Chapitre 1

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Ce matin là, quand je suis descendue précipitamment de chez moi et que j'ai vu que mon bus tourner au coin de la rue, j'eus cette envie de tout laisser tomber, de partir loin de ma routine quotidienne. Je repris vite mes esprits quand un passant pressé m'a bousculée. Il continua son chemin sans un mot d'excuse à mon égard, quand à moi je n'avais ni l'envie ni le temps de le lui faire remarquer. Je courus aussi vite que mes jambes me le permettaient. Je trébuchai et m'étalai de tout mon long sur le trottoir jonché de chewing-gum. Je relevai la tête rapidement observant les gens aux alentours : personne, heureusement. Le véhicule progressa vite, il arriva bientôt à mon arrêt. Je me levai d'un bond pour poursuivre ma course. Peine perdu, le temps que je l'atteignais lui était déjà parti... Il ne me resta plus qu'une solution : courir jusqu'au lycée et prier pour arriver à l'heure.
Malheureusement mon vœu ne s'exauça pas, mais j'en avais pris l'habitude.
J'arrivai ébouriffée, toute rouge, essoufflée et avec dix minutes de retard, mais bien là. Après avoir récupéré un billet de retard à la vieille bique de l'accueil, je me précipitai jusqu'aux écrans d'affichages flambant neuf que l'administration venait d'acheter pour nous permettre de savoir où nous rendre. Salle 394.
Après trois étages, deux couloirs et billet de retard en main j'arrivai enfin !
Je frappai trois petits coups et attendus que l'on me permette d'entrer. Sous le regard amusé de mes camarades je donnai mon billet au professeur et m'assis à ma place habituelle. Tout au fond, une fenêtre à ma gauche, personne à ma droite, de temps à autre un crétin venait devant moi si il n'y avait pas d'autre place disponible. Le temps passait si lentement que je me demandai pourquoi je n'avais pas traîné sur la route.
L'heure du midi sonna enfin. Je pris mon sac déjà prêt depuis un moment et me sauvai sans demander mon reste. Je me dirigeai vers le parc, mon lieu de prédilection pour manger depuis trois ans maintenant, je ne mangeai plus à la cafétéria. Trop de gens, trop de bruit. Je suis plus tranquille parmi les arbres. C'est probablement le seul endroit où je me sens bien ici. Toute cette verdure me donnai comme un second souffle.
La perspective de retourner en cours ne m'enchantait guère. Après tout, pourquoi devrais-je y aller ? Je pourrais rentrer chez moi. Manquer quelques cours ne me porterait pas préjudice, ce n'étaient les premiers auxquels je n'assistais pas. De plus... Mes parents étaient absents aujourd'hui et ne rentraient que en fin de soirée. Et puis... Ce n'est pas vraiment comme si quelque chose me retenait ici. Je n'ai aucun ami à qui je pourrais manquer. Je me précipitai vers la grille qui marquait la sortie de secours de l'école. Elle se trouvait au fond du parc et n'était pas bien haute, je l'escaladerais facilement. Pressant le pas pour pouvoir m'éclipser avant que la cloche sonne, j'ai attiré par la même occasion  le regard d'un des surveillant. Il cria mon prénom assez fort pour que moi et les gens autour l'entendent. A présent tout le monde pouvait assister à la scène. Il s'avança vers moi d'un pas déterminé et me demanda :
- Qu'alliez-vous faire au fond du parc jeune fille ?
- Rien monsieur...
- Très bien alors rentrer à présent.
Je baissais les yeux, gênée. C'était la première fois que je me suis faite pincer. Je retournais donc, toute penaude d'avoir échoué, vers le bâtiment austère.  
Les cours assez pénibles de l'après midi passé, je me dépêchai pour ne pas rater mon bus cette fois, je n'avais pas envie de rebrasser mes idées noires.
Je montai dans le véhicule, rempli à plus de la moitié par des lycéens bruyant. J'ai dit bonjour au conducteur, mais lui ne me répondit pas.
"Pas très poli" remarquais-je.
Je me dirigeais vers le fond, j'aimais bien ressentir le vrombissement du moteur. Il n'y avait déjà plus de place. Un groupe de fille était là et riait à gorge déployée aux blagues d'un blond à l'air arrogant. Je les regardais avec un certains agacement, elles gênaient tout le monde et se pensaient importantes. Pathétique...
Je rebroussai chemin pour me trouver un autre endroit où m'assoir.
En me retournant je bouscula quelqu'un, le fit tomber et m'entraîna sans le vouloir dans sa chute. Je me cognai la tête contre un siège et allai atterrir à côté de ma malheureuse victime. J'eus un mal de tête foudroyant, j'allais sûrement hériter d'une jolie bosse. J'entendis des rires à peine étouffées fuser de partout. Une fille s'écria :
- Eh! Ez, relève toi, ne reste pas près de cette fille bizarre !
Et tout le monde ria de plus belle, même ce chauffeur malpoli. Je sentis le rouge me monter aux joues, j'aperçu une tignasse noir corbeau se s'élever au dessus de mes yeux, il me tendit une main pour m'aider. L'ignorant, je me relevai rapidement, balbutiai de vague excuse à son égard et descendu précipitamment avant que les portes ne se ferment et partis en courant sans un regard derrière moi.
Et voilà de nouveau condamné à faire la route à pied. Vraiment je devais être maudite !
Tout en marchant, je réfléchis à qui pouvait appartenir cette petite voix aiguë et nasillarde. Apres quelques minutes de réflexions, j'en suis arrivée à la conclusion que ça devait être Mélina. Je l'ai toujours détesté. Elle ne devait pas me connaître mais moi si, et même très bien. C'est le genre de fille à traiter ses "amis" dans leurs dos et à les utiliser, à aller se repoudrer le nez toutes les trois minutes et aller aguicher tous les garçon possible. En résumé une hypocrite manipulatrice superficielle. Je vouai un mépris sans limite à ce genre de personne. Certes je n'ai jamais été très sociable et préférais ma tranquillité à l'agitation. Honnêtement, je préfère être seule que d'être amie avec ce style de personne. J'ai dû essuyer beaucoup de remarque par rapport à tout cela d'ailleurs, j'essaye de garder la tête haute tout de même. Dans ce genre de situation, où tous les regards sont tournés vers moi, je perd tous mes moyens et je me sens obligé de fuir.
Cette petite session de marche m'a été plus que bénéfique, ce n'est pas si mal. Elle m'a permis de voir une chose essentielle : je n'attire pas les gens et je m'en porte mieux ainsi.

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Voilà premier chapitre assez long les autres seront sûrement un peu plus courts. En tout cas merci à toi de m'avoir lu et merci aussi à Victoire qui m'aide beaucoup ! 😊
A bientôt
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