Chapitre 11

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- Un père quoi ? le coupai-je

- Un père Almarien, il est né à Almaren. Ta mère ne t'en a jamais parlé ?

- Non.

- Je le savais, de toute façon, elle a toujours fait comme si nous n'existions pas, marmonna-t-il.

- Continues, je veux comprendre, l'interrompais-je.

- Chaque enfant d'un parent humain et d'un parent Almarien ne développe son pouvoir qu'à l'âge de 17 ans, l'âge que tu auras très bientôt si je ne m'abuse, n'est-ce pas ?

-Comment tu le sais ? Je ne te l'ai même pas dis !

-Je le sais parce que je suis ce que l'on appelle un passeur, un genre de tuteur. Ton responsable si tu préfères. C'est moi qui vais t'emmener de l'autre côté. Dans ce monde qui n'attend que toi. Tu pourras enfin y être toi-même, te libérer et pouvoir apprendre à développer et gérer tes nouvelles aptitudes. La transformation des deux prochains jours risque d'être plutôt douloureuse mais tu seras des nôtres ensuite.

Je le regardai fixement, je ne pus réprimer le fou rire qui s'emparait de moi.

-Bien joué ! Vraiment ? Tu pensais vraiment que j'allais croire ça ?

-Non, bien sûr, je te l'avais dis

-Môssieur le génie devrait savoir que mon père est mort ! Et tu devrais aussi pouvoir me dire pourquoi mes yeux n'ont plus la même couleur et aussi pourquoi quand je te dis que j'ai tué quelqu'un tu ne réagis pas ? Tu es un psychopathe ?

Trop d'interrogations se bousculaient dans mon esprit pour que je ne les lui expose pas. Tout ce qu'il me raconte ne peut qu'être fictif. Ce sont des contes que l'on raconte aux enfants et je n'en suis plus une.

-Ton père n'est pas mort.

Je venais de me prendre comme un coup de poing imaginaire dans le ventre. Les mots que j'avais tant de fois espéré entendre résonnaient dans ma tête, comme un écho sans fin.

-De quoi est-ce que tu parles ? Bien sûr que mon père est mort c'est ma mère elle-même qui me l'a dit !

Je sentis une larme de joie, ou peut-être de tristesse, je ne sais pas, coulé sur ma joue. Comment pouvait-il jouer avec mes sentiments à l'égard de mon père.

- Parce que tu la crois encore ?

- Elle ne pourrait quand même pas me mentir sur quelque chose de si grave.

-Tu serais étonnée. Pour les yeux c'est sûrement parce que tu subis déjà les début de la transformations...continua-t-il, imperturbable, ignorant mon choc. Je ne peux pas t'en dire plus pour le moment, je suis désolé, je t'expliquerai pendant le voyage, toutes les capacités que tu développeras naturellement et ce que tu développeras si tu as le talent. Si je ne réagis pas, ce n'est pas parce que je suis un psychopathe, comme tu le dis, mais juste parce que je le savais avant que tu le dises, même avant que tu ne le fasses, mais tu serais étonnée de savoir ce qu'il s'est vraiment passé, il ricana.

- Je ne partirais nulle part ! Tu es complétement dingue !

- Je ne te laisserais malheureusement pas le choix, un soupçon de folie éclaira son regard si pur.

J'avais l'impression de me retrouver dans une série policière de très mauvaise qualité, où j'étais la proie et lui le tueur en série. Un frisson me parcourra l'échine. Je ne me sentais pas en sécurité à cet instant. Une question me brulait les lèvres. Je ne pus m'abstenir de la poser.

- L'appel que tu as reçu c'était de qui ?

- De l'Almarien le plus puissant que je connaisse, répondit-il fièrement.

Il avait repris son allure banal, que je lui connaissait habituellement. Je relâchai mes muscles, qui étaient jusque-là tendus, soulagée de ne plus voir cette air fou allumer son visage.

- Qui est-il ?

- Lyra, la reine d'Almaren. Maintenant si tu veux bien m'excuser mais je vais devoir y aller.

-Quoi ? Non ! Tu as encore des choses à me raconter qu'est-ce que « les capacités » et   « le talent », dis-je en mimant les guillemets. Tu ne m'as rien expliqué, tu ne m'as que embrouillé.

-Je t'ai expliqué, mais tu ne veux pas me croire, ne confonds pas tout.

Sur ces belles paroles, il prit son manteau, me dit au revoir d'un signe de la main et parti. Je levai les yeux au ciel et me dis à moi-même qu'il était vraiment très arrogant.

L'Ezechiel que j'avais en face de moi, il y a quelques instants, était toujours le même physiquement mais, j'avais comme l'impression que quelque chose avait changé. Comme si en quelques minutes, il avait vieilli de 10 ans.

Je réfléchis quelques minutes à tout ce qu'il venait de me dire. Le poids de la culpabilité m'empêchait de réfléchir normalement. Que voulait-il dire par « tu serais étonnée de savoir ce qu'il s'est vraiment passé » ?

J'étais hors de moi, je lui avais tout dis et lui, il continuait à jouer le mystérieux ! J'eus l'idée de m'enfuir, de partir loin, très loin. Mais pour aller où ? Je n'avais ni argent ni endroit pour me réfugier et puis je voulais qu'il m'explique. Il me manquait des pièces à ce puzzle géant qu'est ma vie. Malheureusement, il détient probablement les plus importantes.

Je me torturais les méninges toute la soirée jusqu'au moment du couché. J'étais arrivée à la conclusion que je devrais me résigner à attendre le bon jour. Je gardai cependant, dans un coin de ma tête, mon intention de m'éloigner de tout ça...


Liars say liesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant