Chapitre 2

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Cette nuit-là dans mon lit, j'entendais ma mère et mon beau-père se disputer en bas.

Je réfléchissais à ce qui pouvait me retenir ici... Mon Père ? Mort. Ma mère ? Je la déteste. Mes frères et sœurs ? Je n'en ai pas. Mon beau-père ? Je ne lui parle pas. Mes amis ? Le seul que j'avais, je ne l'ai plus.

Toute ma vie a volé en éclat, il y a 7 ans, quand mon père s'est fait renversé par un camion alors qu'il venait me chercher à ma leçon de piano.

Je me suis toujours sentie plus ou moins coupable, si je n'avais pas insisté ce jour-là pour prendre une leçon pour m'améliorer rien de tout ça ne serais arrivé. J'ai toujours été têtue, j'y suis donc allée.

Mon père aimait quand je jouais pour lui, il était fier de moi, mais je voulais plus. Je voulais réussir à le toucher à chaque musique que j'interprétais, que ses yeux se remplissent de larmes.

Ce jour-là ce sont les miens qui se sont emplis. Il m'aimait, il aimait maman, on avait une belle vie, une belle maison, je m'épanouissais mais il a fallu qu'il meure et que ma mère trouve un nouveau mari égoïste et ivrogne. Percy. Nous avons déménagé pour aller vivre chez lui, dans son petit appartement miteux.

J'ai laissé derrière moi mon meilleur ami, probablement le seul. Toute ma vie passé, ces instants de bonheurs, je devais tourner la page.

Je ne me suis jamais vraiment faite accepter dans mes nouvelles écoles et encore moins après avoir joué un morceau de Mozart devant tout le monde...

Au début je ne comprenais pas pourquoi ils me regardaient tous bizarrement et puis après j'ai compris, c'est parce que je ne suis pas comme eux, j'aime la musique classique, pas eux, je suis une coincée, je suis une coincée banale mais anormale.

C'est à partir de ce moment que je me suis encore plus renfermée, et maintenant je suis seule. Avant j'étais enjouée, déterminée, agréable à vivre mais une fois que l'on perd son point de repère c'est dur de se reconstruire autour d'une mère qui devient distante et froide.

Rien ne me retient ici, ma vie n'a jamais était ici. Est-ce que quelque chose ou quelqu'un m'attend ailleurs ? Dans tous les cas, le destin m'avait amené ici et je devais m'en contenter pour le moment.

Les cris redoublèrent d'intensité. Je farfouillai un peu partout en limitant le bruit le plus possible, à la recherche de mes écouteurs. J'enfonçai le  graal qui me permettrais de passer une bonne nuit dans mes oreilles et commença à me laisser bercer par les douces notes de « Merry Christmas Mr Lawrence » de Ryuichi Sakamoto. 

Je courrais aussi vite que je pouvais, à pieds nus sur une neige encore blanche et sans trace. Je sentis un souffle chaud dans ma nuque et une voix me susurrer à l'oreille « c'est pour bientôt ».

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