Chapitre 42

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Louis fut réveillé par l'appel tant redouté de Charles et saisit son téléphone de ses doigts tremblants. Il l'écouta sans l'interrompre et, lorsqu'il raccrocha, laissa échapper un cri étouffé. Gabriel essuya une larme sur son visage même si son cœur, à cet instant, venait lui aussi de se briser. Louis était réellement père. Il l'attira contre sa poitrine et caressa son dos. Il sentait le corps de Louis trembler, ou peut-être était-ce le sien, et ses cils mouillés contre son épaule nue. Le chagrin les consumait et ils restèrent serrés l'un contre l'autre pendant un long moment, dans un silence troublé seulement par les sanglots de Louis.

Louis rompit leur étreinte et prit son courage à deux mains pour regarder Gabriel.

« J'ai une petite fille, elle s'appelle Rose, » annonça-t-il d'une voix emplie de douleur.

En d'autres circonstances, Gabriel aurait été ravi. Il adorait les enfants et voulait en avoir dès que possible, mais il ne faisait pas partie de cette famille et cette pensée l'accabla.

« Gabriel, je veux être là pour elle. Je ne veux pas répéter les erreurs de mon père. Je n'abandonnerai pas... Je n'abandonnerai pas ma fille. » Cela lui fit un effet étrange d'employer ce mot pour la première fois, pourtant il était déterminé à jouer son rôle à ses côtés. Il connaissait ce terrible sentiment de ne pas être aimé par un parent et ne voulait pas que son enfant subisse la même fatalité.

« Je sais, je ne t'aimerais pas autant si tu n'étais qu'un sale égoïste. » Gabriel tenta d'esquisser un sourire.

« Je suis désolé Gabriel, je te blesse toujours. »

Des larmes recommencèrent à couler sur ses joues et Gabriel le reprit dans ses bras.

« On va s'en sortir, » chuchota-t-il au creux de l'oreille de Louis. Il ne savait pas si c'était la vérité mais il devait garder espoir en eux.

Louis recula et le regarda d'un air surpris. « Qu'est-ce que tu veux dire ? Tu veux quand même rester avec moi après tout ce que je t'ai fait subir et maintenant ça ? »

« Bien sûr que oui ! Je veux être avec toi. Je ne te quitterai pas, sauf si c'est ce que tu veux. »

« Non, non, je ne veux pas que tu me quittes ! » s'écria Louis.

« Alors c'est réglé. »

« Tu es vraiment un ange. » Louis se pencha et glissa une mèche de cheveux de Gabriel derrière son oreille. « Tu ne sais pas à quel point je suis reconnaissant de t'avoir rencontré et que tu m'aies choisi. » Il parlait doucement et ses yeux brillaient d'émotion. Il embrassa Gabriel, passant délicatement sa main dans ses boucles, et celui-ci lui retourna avidement son baiser.

« Il faut que je le dise à ma mère, » déclara Louis et Gabriel acquiesça.

Ils descendirent les escaliers et trouvèrent leurs mères dans la cuisine en train de discuter. Mme Thompson sauta de son tabouret quand elle aperçut son fils.

« Je suis papa. » Louis essayait tant bien que mal de cacher sa détresse.

« Oh, mon bébé,» geignit-elle et elle enroula ses bras autour de lui. « Je vais t'aider, je te le promets. »

« Merci maman. » De nouveau, les larmes lui montèrent aux yeux.

Mme Spencer saisit la main de son fils et observa avec tristesse la scène désolante qui se jouait devant elle.

****

Le lendemain, Charles, pour une fois, leur fit la grâce de se déplacer à leur domicile au lieu de convoquer le petit groupe dans les bureaux de Talent. Il n'avait manifestement pas beaucoup dormi non plus et la mère de Gabriel s'affaira dans la cuisine pour lui préparer une tasse de thé. Elle ne le portait pas dans son cœur, mais lui seul pouvait aider Louis.

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