Chapitre 9

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Les garçons trépignaient d'excitation à l'idée d'entrer pour la première fois dans le mythique studio d'Abbey Road, et dès qu'ils en franchirent le perron, une immense fierté les envahit. Ils avaient encore du mal à réaliser qu'ils étaient sur le point d'enregistrer un disque dans ce studio, entre les murs duquel tant d'artistes et de légendes musicales avaient créé des chansons ayant marqué des générations. Quand ils se retrouvèrent dans la cabine d'enregistrement, derrière le micro, il n'y eut plus qu'eux et la musique, rien d'autre n'importait. Ils étaient payés pour faire ce qu'ils adoraient, que pouvaient-ils demander de plus ? Ils étaient décidément les garçons les plus chanceux du monde.

Ils n'avaient strictement aucune idée de la façon dont un album était conçu et étaient avides de le découvrir. Ils faisaient attention à tous les détails et insistaient pour être présents lors de chacune des étapes. Mais leur degré d'implication s'avéra en pratique très limité dans la mesure où ils découvrirent que l'album avait déjà été préparé à l'avance, du choix des chansons aux mélodies en passant par les paroles. On leur demandait juste de poser leurs voix sur les morceaux et ils comprirent rapidement que leurs opinions importaient peu. Par chance, ils aimèrent quasiment toutes les chansons. La plupart étaient très entraînantes mais il y avait aussi de belles ballades. L'influence musicale de l'album était définitivement Pop, avec un soupçon de Rock, et cela leur convenait parfaitement, à l'exception d'Alex qui était un fervent admirateur de R'n'B.

Au fur et à mesure de l'enregistrement, Gabriel, Alex et William réalisèrent que Louis et Oliver n'avaient pratiquement pas de solos. Gabriel essaya d'en toucher un mot à Andrew et Charles mais ils lui expliquèrent gentiment que ce n'était pas ses affaires et qu'il devrait plutôt se concentrer sur ses propres solos, d'autant qu'il en avait plusieurs dans le premier single choisi dont un qui l'effrayait un peu. Ce n'était pas spécialement long mais le rythme s'accélérait à ce moment particulier, l'empêchant de retrouver son souffle entre chaque parole. Il savait qu'il y allait avoir des apparitions télévisées en direct et il ne voulait pas décevoir tout le monde.

Heureusement, Louis était là pour le rassurer. Bien sûr les autres garçons comprenaient ses peurs et le soutenait, mais seul Louis pouvait vraiment l'atteindre. Sa présence, sa voix, ses mots le calmaient toujours. Louis ressentait exactement la même chose pour Gabriel, il n'y avait qu'à lui qu'il s'ouvrait complètement et de ce fait, Gabriel était le seul à le comprendre vraiment. Par amour, Louis ressentit le besoin de devenir plus fort pour le protéger. Gabriel était trop gentil, accordant facilement sa confiance aux autres, mais Louis étant d'une nature plus méfiante, il savait pertinemment que le monde n'était pas rempli que de personnes bienveillantes.

Ils étaient diamétralement opposés et pourtant la dynamique entre eux était parfaite. Chacun apportait à l'autre ce qui lui manquait. Leur attirance physique jouait aussi un rôle important dans leur relation. Ils ne pouvaient pas passer dix minutes au travail ou chez eux sans se toucher. Ils essayaient d'ignorer le désir qui montait en eux chaque fois qu'ils se regardaient, mais comme ils étaient jeunes, insouciants, et remplis d'hormones en ébullition, résister à cet appel charnel s'avérait impossible. Ils parvenaient toujours à disparaître pour satisfaire leurs envies et leurs amis ne pouvaient que rire car ils n'étaient absolument pas discrets.

Le premier jour de leur formation médiatique fut un pur désastre. Gabriel était contrarié car c'était aussi le jour de son dix-septième anniversaire et il aurait préféré faire autre chose. Le matin, un membre de leur équipe de publicitaires, Kate, leur fit visionner différentes interviews de célébrités. Dans l'une d'elles, un journaliste un peu trop curieux essayait d'en savoir plus sur les problèmes d'alcoolisme d'un chanteur jusqu'à ce que celui-ci perde son calme et quitte la pièce en le couvrant d'insultes. Malheureusement pour cet artiste, son comportement grossier avait été immortalisé par les caméras et la vidéo avait atterri sur You tube. Les garçons ne purent s'empêcher d'éprouver de la sympathie pour le chanteur, eux aussi auraient craqué à sa place. Une autre vidéo montrait un journaliste posant des questions sensibles à un politicien sur sa famille. Celui-ci répondait avec calme et réussissait même à changer le sujet de la conversation sans que le journaliste ne le remarque. Plus tard, les médias l'avaient félicité pour sa diplomatie, une qualité essentielle pour réussir en politique. Dans encore une autre vidéo, une actrice faisait la promotion de son film en donnant l'impression qu'elle s'en fichait éperdument ; elle ne lâchait que de courtes réponses et ne cessait de regarder quelqu'un derrière les caméras. Le film fit un flop, mettant un terme à sa carrière. Le réalisateur d'un documentaire qui paraissait ennuyeux sur la gestation des grenouilles en parlait avec tant de conviction et d'enthousiasme qu'à la fin on pouvait être tenté de le regarder.

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