Chapitre 38

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Elle l'écouta sans l'interrompre, se forçant à dissimuler sa peine et le choc qu'elle ressentait. Lorsque Gabriel eut terminé son récit, elle lui serra la main et le remercia de s'être enfin ouvert à elle. Son premier instinct avait été de le réprimander pour son usage de drogues, mais elle jugea finalement qu'elle portait aussi sa part de responsabilité dans ce fiasco. Elle se doutait depuis longtemps que quelque chose n'allait pas. Son fils ne l'appelait plus et répondait très rarement à ses messages. Et lors de ses dernières visites, elle avait choisi d'ignorer les indices flagrants de son mal-être ; elle le voyait si peu, elle ne voulait pas que des disputes gâchent leurs retrouvailles. Elle aurait dû être plus présente dans sa vie, qu'il le veuille ou non. Si elle avait su ce qui se passait, elle aurait pris le premier avion pour le rejoindre et le réconforter, surtout après sa rupture avec Louis. Elle maudissait sa maison de disques, et surtout Charles et Andrew pour ne pas l'avoir protégé et profité de sa naïveté. Gabriel lui parla ensuite de son projet, et, tout comme Louis, elle lui apporta son soutien. Ils continuèrent de discuter puis, à l'heure du repas, elle se dirigea vers la cuisine pour préparer le dîner, laissant Gabriel regarder une émission de télévision. Son téléphone vibra durant la publicité, et le nom de Louis apparut sur l'écran.

« Hey Louis. »

« Où es-tu ? »

Gabriel entendit l'angoisse dans sa voix, il devait être arrivé à la maison.

« Chez ma mère. »

« Ça ne s'est pas bien passé, c'est ça ? » rugit Louis.

« Non, mais si ça ne te dérange pas, je n'ai pas spécialement envie d'en parler maintenant. » Il était préférable de ne pas répéter à Louis les menaces proférées par Charles et Andrew à son encontre. Cela le rendrait fou et il pourrait finir par leur casser la figure. Ce qui n'aurait pas été une si mauvaise idée s'il n'avait pas couru le risque de fortes représailles de leur part.

« D'accord, si tu veux, » concéda Louis avec réticence, « mais tu vas bien ? »

« Je pourrais aller mieux mais tu n'as pas besoin de te tracasser. »

« Tu reviens demain ? Nous avons une interview le matin. »

« Non, je vais rester là. Ils n'ont qu'à dire que je suis malade aux journalistes. Ce sera bien la première fois que je rate une interview, Charles s'en remettra. »

« Gabriel, j'ai réfléchi à tout ça. Je sais que tu ne peux pas dire que tu es gay, mais je suis sûr que tu peux glisser des indices ici et là qui laisseraient entendre que tu n'es pas tout à fait hétéro. Nous pouvons consulter des avocats qui éplucheront nos contrats pour voir ce que tu peux faire ou pas. »

« C'est une excellente idée, je suis prêt à tout pour les faire payer. »

« À table ! » cria sa mère depuis la salle à manger.

« Bon, je vais te laisser, embrasse ta mère de ma part. »

« Je n'y manquerai pas. »

« Je t'aime. »

« Je t'aime aussi. »

Après avoir regardé un film avec sa mère, Gabriel monta dans sa chambre, mais, une fois dans son lit, les doutes commencèrent à le submerger : avec la réaction catastrophique et unanime des membres de son équipe dans les bureaux de Talent, il se demanda s'il risquait réellement de blesser ses fans s'il avouait la vérité. Il savait qu'elles étaient plus ouvertes d'esprit qu'il y a quatre ans, qu'elles avaient grandi avec eux, mais seraient-elles prêtes pour cela ? Après tous les mensonges que son équipe avait débités durant tout ce temps ? Il y avait sans doute des fans qui croyaient encore en sa relation avec Louis, mais à présent leur nombre devait être assez restreint du fait de ses relations incessantes avec des jeunes femmes et de Louis toujours en couple avec Grace.

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