Chapitre 45

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Louis éprouva un immense chagrin lorsqu'il dût quitter Rose. Quelques heures avant de prendre son vol pour la Nouvelle-Zélande, où débutait la tournée, il avait fait une halte dans la nouvelle propriété de Madison, située à Saratoga Hills, pour dire au revoir à sa fille. La présence de Gabriel l'aurait aidé à surmonter ce moment pénible, mais celui-ci avait pris un vol la veille, car il ne leur était toujours pas permis de voyager publiquement ensemble.

Lorsque Louis découvrit la maison cosy de style espagnol, il fut soulagé. C'était un endroit de rêve avec une vue imprenable sur la vallée. A l'intérieur rien n'était de mauvais goût, ni ostentatoire, il n'y avait que des meubles sobres et une décoration assez vintage. Poussé par la curiosité, il se permit de vagabonder rapidement dans la maison et s'arrêta devant le dressing de Madison. Les vêtements qu'elle possédait n'étaient pas de haute-couture, mais de marques très abordables telles que H&M et Urban Outfitter, ou encore provenaient de friperies sur Melrose. Les seules pièces de collection étaient une paire d'escarpins à hauts talons griffés Saint-Laurent, une petite robe Chanel et un sac Marc Jacobs. Il se rappelait clairement cet ensemble : elle le portait le soir où il l'avait rencontrée au club. Il était agréablement surpris : il s'attendait à ce qu'elle ait déjà dilapidé son argent dans des frivolités, mais pour l'instant ce n'était pas le cas et, d'après lui, la maison elle-même valait beaucoup moins que trois millions de dollars. La seule preuve de dépenses excessives était la chambre de Rose, remplie de peluches, de jouets, de poupées, de vêtements rangés dans une magnifique armoire, et d'un somptueux berceau.

Madison semblait gérer son argent intelligemment et Louis pensa qu'elle avait sans doute eu une enfance difficile, marquée par la pauvreté. Il lui poserait la question un jour, mais pas maintenant. Il était encore scandalisé par ses manigances, même s'il ne pouvait nier que sans elle, Rose ne ferait pas partie de sa vie.

Il s'assit sur une chaise à bascule, Rose toute chaude dans ses bras, ses yeux bleus rivés sur lui. Il ne voulait pas être séparé d'elle. Les bébés grandissaient si vite et il allait manquer tellement de choses importantes dans sa vie. Il resta avec elle encore un long moment jusqu'à ce qu'il regarde l'heure. Avec un pincement au cœur, il la déposa délicatement dans son berceau après lui avoir donné un dernier baiser et quitta la pièce. Il discuta avec la nourrice et lui demanda de lui envoyer quotidiennement des photos et des vidéos de Rose. Puis il sortit de la maison, les yeux remplis de larmes. Il avait l'impression d'abandonner son enfant et son cœur se souleva. Si seulement il pouvait quitter le groupe.

Gabriel fit de son mieux pour le réconforter dès son arrivée à Auckland. Il savait que Louis n'allait pas supporter longtemps d'être éloigné de Rose, et elle allait lui manquer à lui aussi. Les garçons, qui avaient également atterri dans la soirée, les rejoignirent dans leur chambre à l'hôtel. Ils étaient tous épuisés et aucun d'eux ne voulait faire cette tournée. Comment allaient-ils trouver la force de divertir leurs fans durant les concerts et d'assurer un show exceptionnel ? La pression et le stress qui pesaient sur eux s'étaient encore accentués lorsqu'ils avaient eu vent de la forte augmentation des prix des tickets.

Sans préambule, Gabriel et Louis leur annoncèrent qu'ils s'étaient mariés. À leur regret, les garçons ne partagèrent pas leur enthousiasme. Cela semblait beaucoup trop précipité, leur relation ayant toujours été quelque peu volcanique. Mais en voyant Gabriel et Louis si heureux, ils gardèrent leur opinion pour eux. Ils leur demandèrent plutôt de décrire la cérémonie et surtout la tête de Charles en apprenant la nouvelle. Louis en fit une imitation magistrale et ils éclatèrent de rire. Puis Louis saisit son téléphone et commença à leur montrer des vidéos et photos de Rose, se vantant d'avoir le plus beau bébé du monde. Ils avaient hâte de la rencontrer, mais avec l'emploi du temps inhumain qui les attendait cette année, cela ne se ferait pas avant très longtemps. Rose était le portrait craché de son père et ils espéraient qu'elle n'avait pas hérité du caractère trublion de Louis.

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