Chapitre 43

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Un courant d'air frais traversa la salle et Louis vit par la fenêtre qu'il neigeait à gros flocons. Le soleil ne s'était pas encore levé pour réchauffer la température glaciale de ce 20 décembre, mais Louis s'en moquait, il aimait le froid et l'obscurité. La salle, avec ses murs de pierre couverts par endroits de tableaux du début du siècle, son plafond ornementé et ses sculptures, dégageait une atmosphère romantique parfaitement adaptée à l'événement du jour. Les yeux de Louis s'attardèrent d'abord sur sa mère et ses sœurs qui ne cachaient pas leur émotion, puis sur Gabriel. Il savait qu'il devait grelotter de froid, lui qui détestait l'hiver, et pourtant, il arborait un large sourire. Ses lèvres remuèrent, Louis l'entendit prononcer d'une voix grave : « Oui, je le veux, » et il le regarda, ému, lui glisser un anneau à l'annulaire.

Le maire se tourna ensuite vers lui : « M. Louis Thompson, acceptez-vous de prendre M. Gabriel Spencer pour époux, de le protéger, de le rendre heureux avant de songer à vous-même, de le traiter avec honneur et respect, aussi bien publiquement que dans l'intimité, et ce aussi longtemps que votre amour durera ? »

« Oui, je le veux, » et de ses mains tremblantes, il glissa l'alliance de Gabriel à son doigt.

« Par les pouvoirs qui me sont conférés par la mairie de la ville d'Edmondsley, je vous déclare époux et vous présente mes meilleurs souhaits pour une vie maritale heureuse et pleine de succès. Mesdames et Messieurs, ici s'achève la cérémonie, il est temps désormais de signer le registre. »

Le petit comité présent dans la salle applaudit avec enthousiasme et Louis embrassa Gabriel. Un puissant sentiment de joie comme ils n'en avaient jamais éprouvé auparavant déferla en eux, gravant à jamais dans leur esprit ce moment magique.

Dans la hâte et le plus grand secret, ils s'étaient mariés. Seuls le père et la mère de Gabriel ainsi que la mère de Louis et ses sœurs étaient présents. Gabriel s'était toujours imaginé vivre aux côtés de Louis et quand celui-ci lui fit sa demande dans leur chambre, il ne put que répondre 'oui', même si le moment n'était pas des plus opportuns. À cet instant, toutes les peurs et tous les doutes de Gabriel disparurent : Louis le choisissait et lui promettait de passer le reste de son existence avec lui.

Sans l'urgence de la situation, ils auraient certainement attendu que l'orage dans lequel ils se trouvaient se dissipe, que le groupe se sépare, ou quelques années de plus avant de s'engager, mais, malgré leur jeune âge, ils étaient certains d'avoir déjà trouvé l'âme sœur. Leur vie était tout sauf normale et ils n'avaient jusque-là jamais suivi les règles, traçant leur propre chemin atypique.

Gabriel était prêt à partager les maux de Louis sachant que celui-ci ferait la même chose pour lui sans réfléchir. Ils allaient continuer à se protéger mutuellement. Ensemble ils étaient capables de tout surmonter, leur histoire le prouvait.

Gabriel et Louis savaient qu'ils devraient enlever leurs alliances dès qu'ils sortiraient de la mairie, mais ils espéraient pouvoir un jour les porter ouvertement et avec fierté.

Ils déjeunèrent chez les Spencer, un repas simple mais parfait. Gabriel et Louis regrettèrent cependant que toute leur famille, les garçons et leurs amis ne fassent pas partie des festivités, mais la discrétion avait été de rigueur pour ne pas compromettre leur plan. De peur que quelqu'un ne fasse obstacle à leur union, ils avaient voulu se marier le plus rapidement possible, et lorsque le maire d'Edmondsley, un ami de Mme Spencer, avait accepté de présider la cérémonie et d'ouvrir spécialement la mairie pour eux, Louis et Gabriel avaient bondi sur cette opportunité.

Ils passèrent un agréable après-midi, réalisant peu à peu qu'ils étaient réellement mariés. Ils avaient l'impression d'être dans un monde parallèle, sur un petit nuage et loin de leur difficile réalité. Ils se permirent d'oublier tous leurs tracas et d'apprécier chaque minute pleinement avant de devoir reprendre dans la soirée la route en direction de Londres. Ils auraient tellement souhaité rester un peu plus longtemps mais ils devaient régler le problème de Louis, Charles ayant programmé un rendez-vous le lendemain matin.

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