Strained

Chapitre 20

L'image des garçons appartenant à Empire et Talent, ils étaient obligés de demander l'autorisation lorsqu'ils souhaitaient modifier leur apparence physique, en se coupant ou teignant les cheveux par exemple. Heureusement, Charles, pour des raisons stratégiques, approuva leur requête de se faire des tatouages, très populaires auprès des jeunes filles. Les garçons allaient paraître plus sexy, plus durs, et sans doute attirer en conséquence un public plus mature.

Début janvier, les garçons séjournaient à Los Angeles pour interpréter leur nouveau single dans une émission télévisée et Gabriel était toujours coincé avec la chanteuse qui l'avait, à son grand désarroi, suivi jusque-là, allant jusqu'à l'accompagner au salon de tatouage sur Sunset Boulevard.

Assis sur une confortable chaise en cuir, Gabriel ne pouvait plus supporter de regarder la chanteuse, ni même de l'écouter quand elle lui parlait. Il tourna la tête et se concentra à la place sur le tatoueur à sa gauche qui mixait les encres. Pourquoi était-elle encore là ? Sa patience avait atteint ses limites et il commençait à ressentir une haine profonde à son égard. Elle n'était pas désagréable, mais elle incarnait tous les maux de l'industrie du show-business : la quête permanente de popularité, le besoin pathétique d'être en couverture des magazines, de faire parler de soi en créant de toutes pièces de fausses histoires de cœur ou des querelles avec d'autres célébrités, alors que seuls la musique et le talent de l'artiste auraient dû lui permettre de se faire connaître.

Il détestait aussi son aisance à jouer ce rôle, comme si elle était dénuée de sentiments réels ou que savoir dissocier sa vie publique de sa vie privée était pour elle une seconde nature. Mais il n'était pas comme elle. Faire cela le rendait misérable, il avait l'impression de perdre un morceau de son âme, de se mentir à lui-même en blessant Louis au passage. Il devait trouver à tout prix une faille dans son contrat afin de se sortir de ce guêpier.

Le tatoueur se pencha et commença son travail. Gabriel tressaillit au contact de l'aiguille sur sa peau, puis apprécia la douleur de cette griffure, mais les flashs des paparazzis lui gâchèrent très vite ce moment. Ils étaient agglutinés devant la façade du salon.

« Ça va ? » demanda gentiment la chanteuse.

« Oui, » répondit-il avec agressivité. Il était conscient d'avoir été impoli, mais ne s'excusa pas pour autant. Elle tenta de lui serrer la main mais, énervé, il la repoussa. Elle n'essaya plus de prétendre être folle amoureuse de lui et attendit sagement sur le côté sans rien dire pendant deux heures, le temps que le tatouage soit terminé.

Gabriel n'en revenait toujours pas que Louis ait accepté, lui qui était contre l'idée des tatouages en général. Mais Gabriel voulait absolument avoir quelque chose qui les lie, qui prouve leur amour inconditionnel, et les tatouages étaient leur seule manière de pouvoir l'exprimer.

Il observa dans le miroir l'épée qui allait orner en permanence son biceps, impatient que Louis se fasse tatouer le bouclier. Gabriel aimait le symbolisme : Louis était réellement son bouclier, il ne serait pas aussi fort sans lui. Associés, l'épée et le bouclier signifiaient qu'ils se battaient pour se protéger mutuellement. Ironiquement, les médias perçurent cet acte comme une preuve d'amour pour la chanteuse, et quand Louis se rendit dans le même salon le lendemain, personne ne soupçonna la vraie signification de leur soudaine lubie pour les tatouages.

Gabriel et la chanteuse s'envolèrent pour les Caraïbes à la mi-janvier. Gabriel était furieux que Charles le force à y aller. Ils s'étaient déjà rendus en Angleterre, il avait dû annuler ses projets de vacances de Noël en famille pour aller dans la ville natale de la chanteuse, l'embrasser au beau milieu de Times Square à New-York pour le Nouvel An, est-ce qu'on ne pouvait pas le laisser un peu tranquille ? Il ne fit absolument aucun effort pour être aimable durant ces vacances, ronchonnant en permanence jusqu'à ce que finalement la chanteuse craque.