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— Jeanne !

Devant mon ordinateur je laisse mes doigts pianoter sur les touches du clavier.
Je partage mon point de vue sur un blog.
Un blog où règne la gente féminine qui échange sur divers sujets.
En ce moment même, c'est des garçons qu'il est question. Et laissez-moi vous dire que les avis sont partagés sur ces messieurs...

Certaines adorent les mecs macho tandis que d'autres craquent plus sur ceux qui sont tout à fait attentionné et «gentil».

Ce mémorable compliment que tant de garçons méprisent.
Pourquoi ?
Tout simplement parce que c'est naze.
C'est complètement merdique d'être caractérisé comme tel pour un gars.

Personnellement, si j'avais été un mec, j'aurais préféré être traité de batard que de canard.

Après, c'est ma perception des choses.

— Jeanne ! Descends immédiatement !

Je décide de mettre un terme à ma discussion afin de rejoindre ma mère au rez-de-chaussée qui hurle mon nom depuis un quart d'heure déjà.

— Ce n'est pas trop tôt, jeune fille. Dépêches-toi de venir mettre la table. Pour quatre, précisa-t-elle.

— Pour quatre ? quémandai-je en attrapant les couverts dans le tiroir.

Un sourire ravageur s'étire sur son visage, ses joues rapidement rosies par le plaisir.

— Encore lui ?

— Il s'appelle Marck, me corriga-t-elle en reprenant son assurance.

Qui est Marck ? C'est le nouveau copain de maman.

Depuis que papa est parti, il y a déjà un an, elle s'est jetée dans les bras de son patron.
Je crois que cela l'a arrangé puisqu'ils ne s'entendaient manifestement plus depuis un bon moment et qu'elle craquait secrètement pour son supérieur.
Maman attendait juste le jour où il déciderait de la quitter pour partir s'installer dans la ville d'à côté avec une autre femme encore inconnue pour tous.

Elle m'en avait déjà fait part, puisque nous avons une sacré complicité avec maman, même si parfois elle préfère prendre son air de femme indépendante et froide. C'est simplement un masque qu'elle pose sur son jolie visage.

Alors le soir où ils nous ont réunit au salon -avec mon frère-, mes parents nous ont soigneusement annoncé qu'ils se séparaient.
Dire que nous étions surpris serait mentir.
Nous attendions même le moment, pour dire vrai.
Ils ne cessaient de se hurler dessus et de se battre en duel comme des bêtes de foire.
Avec Luka, mon frère, nous nous enfermions dans nos chambres respectives et parlions par messages de notre souffrance face à cette situation.
C'était compliqué mais nous avions l'âge pour comprendre ce qu'il se passait et ce qui était bon pour nous tous.

— Jeanne ! Sois polie veux-tu, dis bonjour à Marck.

Je nageais tellement dans mes pensées que je n'ai même pas fait attention à son arrivée.
Je le salue et termine de disposer les assiettes puis je monte à l'étage et m'immisce dans la chambre de mon frangin.

— Qu'est-ce qu'il t'arrive, merdeuse ?

Je m'étale de toute ma longueur sur son lit en soufflant un bon coup.

— Il est de retour.

— Qui ça ?

Je relève la tête et plonge mon regard désespéré dans le sien.

— Ah, Marck.

Il me comprend vraiment en un simple regard. J'acquiesce et me recouche sur son matelas.

— Tu sais Jeanne, si maman est heureuse...

- Elle ne l'est pas. C'est juste pour faire bonne figure, aboyai-je, frustrée.

Il rit légèrement et met pause dans son jeu vidéo.

— Approche, il tapote la place au bout du lit en me souriant gentiment.

Je me déplace et le regarde, attendant qu'il commence son discourt.
Il adore parler. C'en est limite affolant...

— Écoute, cela fait déjà 1 an qu'ils ne sont plus ensemble et bientôt 10 mois qu'elle sort avec Marck. Tu sais, moi non plus je n'apprécie pas le fait qu'elle soit avec lui, même si toi comme moi attendions impatiemment que papa et maman arrêtent de cohabiter.
Intérieurement, ça nous fait mal à tous les deux, qu'on le veuille ou non, c'était nos parents et on aurait voulu que tout s'arrange, mais c'était peine perdu. Il faut, maintenant, accepter le fait que c'est terminé entre eux...

— Luka, je sais tout ça, tu ne cesses de me le répéter depuis pas mal de temps...

— Mais tu ne comprends toujours pas, concluait-il.

— Si ! Je comprends. C'est juste que je ne l'aime pas ce Marck et puis maman fait semblant. Je la connais comme si je l'avais faite, Luka.

Il lève légèrement les yeux au ciel puis me sourit fièrement.

— Ça passera. Tout est éphémère, petite sœur.

Je pouffe de rire avant de lui taper amicalement l'épaule.

— N'importe quoi, ajoutai-je.

— Ne me crois pas. Tu verras, un jour tu l'aimeras.

Je me lève en mimant de me faire vomir puis sors vivement de son espace de vie en lui faisant un petit signe de main.

En arrivant au rez-de-chaussée, quelqu'un frappe à la porte d'entrée.
Je ne perds pas de temps et vais ouvrir.
Mais je reste bloquée, la bouche entrouverte de surprise, en découvrant mon voisin, le gars de tout à l'heure, le beau gosse d'il y a quelques heures, face à moi...

— Alors, c'est toi celle qui écoute aux portes, annonça-t-il d'une voix si virile que je me liquéfie sur place.

Ma première foisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant