Ma première fois

24

La semaine fut très rapide. Première semaine de vacance, première semaine où tout va bien "en quelque sorte". J'aperçois souvent Axel devant chez lui en train de fumer, le regard fixe. Et à chacune des ces fois, je meurs d'envie d'aller le rejoindre. Il ne sort jamais de ma tête et ça m'est tellement déstabilisant au quotidien que, souvent, je m'isole et pense à lui, à nous.

Comment cela a pu autant dégénérer ? Et surtout aussi vite ?

J'avais envie d'en savoir plus. De connaître la vérité. Entièrement. Alors je me suis pointée un soir devant chez lui et à travers la fenêtre entrebâillée j'ai entendu sa dispute avec mon propre père :

" Prends ta putain de famille et laisse la mienne tranquille ! "

J'ai rebroussé chemin sans vouloir en savoir plus. Il ne méritait donc pas mon attention. Ni lui, ni mon propre père.

Avec Luka, ça va mieux. J'ai su mettre ma rancœur de côté et surtout me mettre à sa place en tant que grand frère protecteur. J'ai réellement compris que ça n'a pas été facile pour lui d'entreprendre tout ce mensonge.
Mais ce qui est vrai dans tout ça c'est que nous nous aimons comme de vrais frère et sœur. C'est le plus important.

Cependant, j'ai remarqué que du jour au lendemain il s'est rapproché d'Axel.

Serait-ce justement Luka qui lui aurait posé un ultimatum ?

Je ne saurai jamais la réponse si je ne décide pas de faire le premier pas. C'est vrai qu'à la base, c'est l'homme qui doit entreprendre, mais dans mon cas on peut l'oublier puisque c'est lui qui est partit. Et il n'a pas l'air de vouloir revenir. A mon plus grand regret.

Donc je me force mentalement à que la prochaine fois que je l'aperçois, j'irai le voir et lui poserai ces questions qui me tue l'existence.

Promis.

Aussitôt dit aussitôt fait.

Le soir même, je sors pour prendre l'air et par miracle il est tout juste dans mon allée.

Serait-ce un signe ? Comptait-il venir me parler ?

— Salut, me lance-t-il froidement. Luka est là ?

La joie qui m'a, deux secondes auparavant, redonné de l'espoir s'envole aussitôt.

— Euh... oui, je crois qu'il est à l'étage. Pourquoi ? m'empressé-je de demander.

— J'aimerai le voir. Tu pourrais l'appeler pour moi ?

— Non.

Choqué par la rapidité de ma réponse, il hausse les sourcils en reculant d'un pas.

J'avoue que moi non plus je ne m'attendais pas à cette réponse, mais que voulez-vous ma conscience a enfin prit le dessus sur moi.

— Pourquoi ? Y a un problème ? demande-t-il en se braquant.

Et à cet instant, la force s'empare de moi et je me sens comme, puissante face à lui.

— Oui, il y a un souci Axel. En fait je me demandais comment tu avais pu. Comment tu as pu te jouer aussi facilement et sans scrupule de moi ? Tu t'es bien amusée à me manipuler comme une marionnette ? C'était plaisant pour toi ? Hein ?

Tout sort sans que je ne puisse le retenir et franchement, ça fait un bien fou. Je me sens soulagée d'un poids si lourd que j'en fini par sourire.

— Parce que, tu veux que je te le dise vraiment ? Je tenais à toi Axel. Réellement, en fait je crois même que j'avais de réels sentiments pour toi. Mais toi, du jour au lendemain tu m'as raillé de ta vie sans te soucier de ce que je pouvais ressentir. Tu te souviens de la fois où j'ai dormi chez toi et qu'après avoir eu une discussion avec mon père et Luka, tu m'as viré de chez toi et ne m'a plus jamais rappelé ? Tu te souviens ou pas ? Parce que moi je me souviens de chaque foutu détails. parce que pour moi ça comptais Axel !

Son regard se voile à la minute où je termine ma dernière phrase. La peine mélanger à de l'inquiétude se stocke dans son regard et je dois prendre une grand inspiration avant de reporter ma vision sur lui.

A-t-il réellement de peine pour cette histoire ? Ou est-il seulement surprit de la façon dont je l'ai exprimé ?

 — Réponds-moi ! 

— Non, dit-il en détournant le regard.

— Quoi, non ?

— Je n'ai jamais joué avec toi, Jeanne. J'ai...

— Ce n'est donc pas toi qui a coupé court avec moi, ou surtout avec toute ma famille. C'est pas ce que tu as dit la dernière fois ? demandé-je en ironisant.

Il fronce des sourcils incertain.

— J'ai tout entendu de votre dispute avec mon père. Du moins, une partie. Surtout quand tu lui as ordonné de prendre sa putain de famille et de laisser ta mère et toi tranquille. C'est pour ça que tu ne voulais plus rien avoir avec moi ? Parce que tu le souhaitais vraiment ? Tu m'as mise dans le même sac que mon père et ses mensonges ?

— Jeanne...

— Mais attends ! Tu t'es rapproché de Luka, alors quoi ? Tu as su que ce n'était pas mon frère donc tu t'ai dit qu'être avec lui ne pourrait me relier vu que nous n'avons aucuns lien de sang ? Mais qu'est-ce que mon père t'a fait pour tous nous rejeter sauf mon frère ?

Le dernier mot sonne faux dans ma bouche. Je me rends compte que ce n'est pas mon vrai frère. Ça ne l'a jamais été... Mais qu'importe les liens de sang Luka a toujours été là contrairement à mon propre père !

— Jeanne si je me suis rapproché de lui ce n'est pas parce que ce n'est pas ton frère, mais tout simplement parce que... c'est le mien !

Sa phrase sonne encore plus faux que la mienne, tellement, que j'en perds presque l'équilibre.

Je vois rapidement ses yeux briller et c'est à ce moment-là que je comprends que je ne sais rien de la vérité...