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Les jours se sont enchaînés aussi vite que mon heure de pause entre midi et deux.
Et pendant que le temps défilait, j'osais me remémorer les petits moments de tendresse avec Axel.

C'est fou pas vrai ? Sur le moment j'étais comme retirée de moi-même, prise au dépourvue voire même frustrée lorsque Karen est entrée et qu'il a aussitôt agit différemment ainsi tout le long de la soirée avant de m'embrasser à nouveau avant mon départ me laissant sans voix.

Mais en y repensant maintenant que la tension est descendue, c'est une vague d'émotions vives et agréables qui me transpercent.

Je nous revois chez lui, s'embrassant dans la cuisine ; chacune de ses caresses, chacun de ses mots me reviennent en forme de flash-back et les sensations s'y dégageant suivent le rythme.
Je reste parfois même devant mon ordinateur, plongée dans mes pensées, en pensant à lui. Comme si, finalement, je me le permettais.

— Jeanne ! Tu m'écoutes ?

Je relève la tête, contemple les environs pendant quelques instants avant de comprendre où est–ce que je suis.

— Oui oui Miya, je t'écoute.

— Bon, je te disais que Danny organise une soirée ce week-end. Tu devrais venir, tu ne crois pas ?

Encore perdue dans mes pensées, je ne prends pas la peine de répondre à ma meilleure amie. Au lieux de ça, je range mes affaires dans mon sac et me dirige vers la sortie de la bibliothèque.

— Eh, mais attends–moi ! elle arrive en courant à mes côtés. Non mais c'est dingue ça, qu'est–ce qu'il t'arrive ces derniers temps ?

Je continue cependant d'avancer jusqu'au moment où Miya m'attrape fermement le bras, m'obligeant à m'arrêter.

— Oh ! Ici, la Terre, JEANNE !

Je plante cette fois–ci mon regard dans le sien.

— Allez, dis–moi combien j'ai de doigts, ajoute–elle en me foutant sa main pleins de doigts devant la figure.

— Je ne suis pas bigleuse, mais seulement perdue dans mes pensées, Miya.

— Mais parle–moi alors ! Tu sais, j'ai vu ton poste sur le forum, la fameuse question sur l'amour, dit-elle en faisant des gestes absurdes. Jeanne ne me dis pas que tu es tombée amoureuse de ton voisin, quand même, aussi rapidement ?

Je la fusille du regard. J'ai bien compris le fond de sa pensée et je me demande comment ose–t–elle juger mes sentiments, mes choix ?
Elle qui souhaitait tant me voir heureuse, pourquoi semble-t-elle si... contrariée soudainement ?

Je tends donc mon bras pour la décaler de mon chemin, blessée plus qu'autre chose par sa façon de penser.

— Pas maintenant Miya, soufflai–je en marchant droit devant.

— Tu sais quoi ? crie–elle à travers le couloir. Je ne te reconnais plus Jeanne. Je ne sais pas ce qu'il a pu se passer, mais laisse–moi te dire que t'es nulle. T'es nulle de ne rien me dire !

J'entends ses pas résonner dans le couloir du lycée. Je me retourne et l'aperçois en train de courir, dos à moi.
C'est alors que j'emboîte le pas des élèves et sors direction la maison, mais avant il faut que j'attende mon frère.

Pour une fois, je n'ai nul besoin d'envoyer un message à Luka -et je remercie le ciel- il est déjà devant le lycée en train de m'attendre dans sa voiture. Seul.

— Salut Jeannette !

— Salut Luka..., murmurai–je à ne pas m'entendre.

— Oh, ma petite sœur préférée, ne va pas fort, remarque–t–il.

— Je suis ta seule sœur en même temps.

— Et tu es tout de même ma préférée, il me fait un clin d'œil. Alors, dis–moi, qu'est-ce qu'il ne roule pas ? dit-il en passant la première.

— Rien. Juste de la fat...

— Ne te fatigue pas à me dire que c'est simplement de la fatigue. Je sais que c'est faux, dit-il en me regardant un instant avant de reporter son attention à la route. Cesse donc d'essayer de te persuader à toi–même que tu l'es alors que tu sais très bien qu'il y a autre chose.

Qu'est–ce qu'il ne va pas Jeanne, en vrai ? Qu'est–ce qui te pèse ?

Je ne cesse de me poser les questions, mais j'ai toujours autant de mal à y répondre concrètement.

Est–ce le fait que je reste dans l'incertitude après la proximité d'Axel ?
Ou peut–être bien parce que nous ne nous sommes plus revu après cela ?
Ou encore, parce que je me rends compte que je pense bien plus à lui qu'il ne le faudrait ?

Les trois en même temps, me souffle ma conscience.

Oui, voilà, ce sont ces trois questions qui sont à l'origine de mon petit coup de blues.
Et du fait que je viens de me disputer avec ma seule véritable amie. Fait chier.

J'ai toujours tout dis à mon frère, mais lui parler du voisin et du contact que nous avons eu, est–ce réellement judicieux de lui en faire part ? J'en doute fortement.

Mais comme mon père me disait souvent : "Quand quelque chose ne va pas, parle–en à quelqu'un. Et tu verras, après, tu seras soulagée d'un poids."

— C'est à propos du voisin, me lançai–je sans y réfléchir à deux fois.

— Axel ?

À l'entente de son prénom, je frissonne.

— Bah oui, tu connais un autre voisin, toi ? aboyai-je alors que Luka n'y est pour rien. Désolée...

— Tu es en train de me dire qu'il s'est passé quelque chose ? demande-t-il, contrarié.

— Non, rien de grave en soit... C'est plutôt, par rapport à...

Je cherche mes mots.

— L'amour ?

— À quoi ?! grogne-t-il en me foudroyant de son regard terrifiant. Vous avez couché ensemble ?

— Mon Dieu ! Luka ! Non, on a rien fait !

J'essaie rapidement de le calmer. Il souffle alors de soulagement.

— Enfin, on n'est pas arrivés jusque là.

— Comment ça "jusque là" ?!

— On s'est embrassés. C'est tout, me précipitai–je de dire avant qu'il n'imagine autre chose.

Nous arrivons au même moment devant la maison et le regard de Luka reste dur, bien plus dur que je n'aurais pu imaginer.
Mais je dois avouer que ça fait énormément de bien d'avoir, ne serait–ce qu'avouer cela.
Je me mords l'intérieur des joues pour dissimuler ma nervosité qui ne fait qu'évoluer face à son silence.

— Je lui avais pourtant dit de ne pas t'approcher, affirme–t–il entre ses dents.

A cet instant, je me retiens de lui demander pourquoi il a fait une chose pareil lorsque, derrière la vitre, j'aperçois une silhouette familière apparaître.

Axel...

Ma première foisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant