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Les cours m'ennuient. Surtout quand ma meilleure amie manie l'art de m'ignorer. Je l'ai appelé ce week-end, ai laissé un message sur son répondeur empli de sincérité et de douceur et pourtant... Aucun signe de vie.

Quand le professeur nous congédie enfin, je quitte la salle de classe et rejoins la sienne. Connaissant son emploi du temps sur le bout des doigts, je me faufile dans le couloir qui mène aux salles de Maths. La pauvre, elle comme moi, on a la gerbe des fractions. Pourtant, depuis qu'elle implante le silence radio entre nous, je me sens démunie. En négatif total. Moi moins elle est égale au néant. Je veux bien faire des efforts en maths pour qu'une addition s'réopère entre nous.

Je me pointe alors devant la porte où une tribu d'adolescents en sortent. Où est ma tignasse blonde ? Puis, je la vois, ranger ses affaires, le visage tiré d'une tristesse infinie.

- Miya !

À l'entente de son nom, elle relève la tête et enfonce son attention sur moi. Je bats l'air de mon bras en évidence et souris jusqu'aux oreilles.

- Miya ! Miya !

D'ici, j'ai l'impression qu'elle soupire, mais je n'en tiens pas compte. Il va falloir que je rame pour la réanimer. Je suis prête à tout pour elle. Elle parvient à moi et sans grande surprise, elle me passe devant, la tête dans son téléphone.

Je trottine à ses côtés.

- J'ai tenté de te joindre ce week-end. Tu as écouté mon message ?

Ses petits talons me répondent en agonisant le sol. Direction le préau. Je saisis son bras et l'oblige à interrompre sa course. Elle marche drôlement vite. Je suis déjà essoufflée, punaise ! Il faudrait que je me remette au sport... Du moins, que je m'y mette pour la première fois.

- Écoute, Miya. Je suis désolée. OK, je t'ai mis de côté. J'ai... J'ai pensé qu'à moi. Je t'aime plus que tout le reste et tu le sais... Mais, c'est vrai que ces derniers temps, je n'ai pas pris le temps de te le montrer...

Dans un coup d'œil rancunier, elle rétorque :

- Tu as même arrêté de parler sur le forum. Les filles ont toujours préféré ton profil et tes histoires farfelues. Tu rayonnais et maintenant, tu...

- J'ai été dépassé par les évènements. Il y avait, enfin, de l'action dans ma vie et je... N'ai pas su, vraiment faire la part des choses. Miya... Pardonne-moi, ma meilleure amie me manque.

Dubitative, elle jette un coup d'œil aux surveillants qui enguirlande un jeune aux cheveux bleus.

Ses petits yeux coléreux se fondent sur moi.

- Je t'excuse... Parce que, ma meilleure amie me manque aussi et que notre amitié vaut de l'or.

Je libère un cri d'allégresse et aussitôt, je la broie entre mes bras.

- Eh, vous ! On est pas au zoo ! grogne le surveillant après mon cri.

- Libère-moi, Jeanne... Tu vas me tuer ! souffle-t-elle, la face enfoncée dans ma poitrine.

Je ricane en la libérant, d'un regard mi-désolé, mi-taquin.

- C'est moelleux quand même, on pourra recommencer ? me taquine-t-elle.

- Quand tu veux, princesse !

Nous échangeons un énième regarde complice et je relâche mon souffle. Soulagée de la retrouver.


°°°

Mon retour à la maison est précipité. Le givre a failli avoir raison de moi au moins trois fois. Percuter le trottoir était la dernière que je souhaitais. Non, ce dont je rêve, c'est d'arracher les cheveux d'un frère indigne !

Ma première foisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant