Ma première fois

6

Lundi matin.
Nous sommes lundi et je suis en plein milieu des couloirs essayant d'atteindre –indéfiniment– la sortir.
J'arrive à me frayer un passage à travers la foule d'étudiants lents et sors à l'extérieur dans un pas rapide.
J'étudie le parking en cherchant la voiture de mon frère, mais la seule chose que j'arrive à percevoir ce sont mes cheveux devant ma figure.
J'attrape rapidement un élastique autour de mon poignet et me fais un chignon à la va–vite.

Je décide de commencer à marcher en direction de chez moi.
Mon frère me récupérera sur la route.
L'air est encore plus frais que la veille et je me maudis intérieurement de ne pas avoir pris d'écharpe.
Le vrombissement d'une voiture se fait entendre à mes côtés. Je tourne alors la tête et je l'aperçois.

Mais ce n'est pas Luka.

C'est bien son Audi rouge qui roule au ralenti à mes côtés, mais c'est la tête d'Axel que je perçois dans l'habitacle.

Je ne sais pas si j'ai été assez clair : Axel est au volant de la voiture de mon frère, seul. CE N'EST PAS NORMAL.

— Et bien tu montes ou quoi ?

Je ne perds pas de temps et saute à l'intérieur.
On se les caille dehors.

— Salut, dit–il en souriant.

Je le salue faiblement et pose sur lui un regard interrogateur.

— Luka m'a laissé faire un petit tour avec sa voiture à condition de venir te chercher.

Ah, je comprends mieux maintenant.
Ils ont passé leur temps ensemble et je me demande ce qu'il a bien pu faire pour que mon frangin lui accorde sa voiture.
Personne, je dis bien personne, n'arrive à faire un tour avec. C'est trop précieux pour Luka donc c'est très étrange...

Je contemple par la fenêtre pendant qu'il s'engage sur la chaussée.
Il me pose alors quelques questions sur mes études et ma vie quotidienne, et étrangement on dirait que ça l'intéresse vraiment.
Je lui retourne certaines de ses questions avant que nous arrivions à la maison.

— Salut Jeannette, me lance Luka en fumant sa cigarette devant l'entrée.

— Tête de gland, le saluai–je.

— Tête de gland ? répète Axel en fermant la portière.

Luka lui fait signe de laisser tomber et nous ordonne de venir nous asseoir auprès de lui.

— Alors tu restes pour manger ce soir, Ax ? demande Luka en tirant une taffe.

Auquel celui-ci acquiesce d'un hochement de tête.

— Il mange ici ce soir en plus de ce midi ?

— Et ouais, cocotte, je mange en votre compagnie.

Cocotte ? Et puis quoi encore ?
Je relève un sourcil et le toise d'un air menaçant.
Il est peut–être ultra attirant, mais je n'aime pas qu'on prenne la confiance trop rapidement.
Non, parce que ça commence par «cocotte» et ça finit par une main sur votre derrière. Je les connais les garçons !

Le moment de retourner en cours est arrivé, cette fois–ci ce sont les deux qui m'emmènent puisqu'ils doivent passer acheter des clopes.
Mon frère descend de la voiture et évidemment je reste seule avec Axel.
Pendant le repas, nous avons bien bavassé et j'ai trouvé en nous quelques points communs.
L'information qui m'a impressionné, c'est qu'il aime bien LA LECTURE.
J'étais restée choquée pendant le reste du repas puisqu'à première vue, il semblerait qu'il est bon qu'à jouer au foot et à ne lire que les scores des matchs à la télé.
Mais comme on dit :
«les apparences sont parfois trompeuses.»
Et je l'aime bien. C'est quelqu'un de plutôt amusant. Un bon vivant, quoi.