Ma première fois

35

Cependant, personne ne répond à la demande de mon père. Je plisse les yeux en tendant l'oreille.

- Tu veux que j'aille voir ?

En réalité, j'ai envie de le voir, lui.

J'ai besoin de lui parler par rapport à Jayden. Ils sont sûrement allés le voir. Je veux tout savoir. Je ne supporte plus d'être mise à l'écart comme si j'étais une petite chose fragile.

- Vas-y, acquiesce-t-il en me souriant.

Je me lève rapidement et m'engage dans le salon, j'arrive alors face à face avec Axel. Il est beau, ses cheveux sont rejetés en arrière, son regard plonge dans le mien.

Il était justement en train de se diriger vers moi, dans la cuisine principalement.

- Tu es là.., affirme-t-il plus qu'il ne le demande.

- Oui, je suis là...

Je garde toujours ce fichu caractère que j'ai réussi à me forger, mais je l'avoue à cet instant, face à lui je me retrouve comme avant. J'ai de nouveau besoin de lui, de ses douces paroles, de ses gestes, de son attention, son amour... Je sens qu'il le remarque. C'est comme si, finalement, nous nous connaissions bien plus que nous le pensions.

- Viens avec moi.

Arrivés dans sa chambre, il dépose son blouson sur sa chaise et m'invite à m'asseoir sur son lit. Pendant quelques instants nous ne parlons pas, mais une fois que j'ai eu le temps de me demander comment vais-je faire pour entamer une conversation avec lui, il brise le silence en me faisant sourire :

- Tu es très belle.

Ma combinaison en jean à ses avantages. Je le remercie, rougissant légèrement.

- Où étiez-vous ?

- Nous ?

- Luka était déjà parti ce matin. Vous étiez ensemble ?

Il peine à me révéler ce qu'il sait.

- Je n'en veux plus de tout ça, commencé-je en haussant le ton. J'ai besoin qu'on me tienne au courant.

- Jayden est parti.

- Parti, tu dis ?

Il acquiesce en se grattant la barbe avant de plonger son doux regard dans le mien.

- On l'a fait partir. Il n'est plus un danger.

- Comment arrivait-il à entrer chez moi ?

- Ça, je n'en ai aucune idée. Mais ce qui est rassurant c'est que Luka a appelé un serrurier. Vous êtes de nouveau en sécurité. Et je suis là, pour de bon...

Je serre les dents et observe un instant mes mains moites. Je déglutis et relève un regard incertain. Puis-je lui faire confiance ?

- Jeanne..., souffle-t-il en saisissant mon bras, attirant mon attention. Je tiens à toi et tu le sais maintenant. Écoute... J'ai été con et la dernière fois quand j'ai fait semblant d'être bourré...

- Quoi ? Tu as fait semblant ?!

Son regard se voile. Il vient de se dénoncer tout seul.

- Oh et merde. Bon, ouais j'avoue, j'ai simulé, parce que je n'avais pas le courage de te le dire et de te récupérer, se confie-t-il en se grattant la tête. Sans faire semblant d'être bourré.

C'est tout de même courageux de sa part. Un peu, oui.

- Tout ça pour te dire que, je pensais que c'était la meilleure façon d'agir pour te protéger... Mais je t'ai fait souffrir et ça je m'en remets pas... J'ai vraiment été con de m'éloigner de toi.

Il approche son visage du mien et pendant ce laps de temps, je fonds. C'est si touchant, Axel n'est pas habituellement quelqu'un de très démonstratif. Et là, il vient de se lâcher et s'ouvrir à moi sans filtre. Ses lèvres se pincent et son regard fait des vas-et-viens entre mon regard et ma bouche.

Je ne veux plus me frustrer et résister, lorsque ses lèvres s'approchent totalement des miennes, je lui accorde cet échange. Nous nous embrassons langoureusement, montrant à l'autre le manque qu'il a provoqué depuis tant de semaines.

Mon amour pour lui revient à la hâte si bien que mes mains se frayent un chemin dans ses cheveux, rapprochant encore un peu plus son visage du mien. Je le sens si proche de moi, comme si tout m'appartenait. Il m'appartient finalement.

Depuis tant de temps. Pourquoi avons-nous commis des torts à l'autre ? Pourquoi tant de souffrances ? Pourquoi tant d'amour, finalement ?

J'ai envie de me laisser aller avec lui. Depuis que j'ai su faire autrement, agir différemment, je me sens maintenant capable de partir loin avec lui. De lui laisser la chance de m'avoir, complètement et totalement pendant le temps qu'il le voudra. Oui, j'en ai envie.

- Je t'aime, répète-t-il en se détachant légèrement. Je t'aime, Jeanne.

- Je t'aime aussi...Peut-être un peu trop... Mais je m'en fous...

Je fonds entre ses bras avant de tomber sur le lit. Axel dépose des baisers sur le long de mon visage.

Avec tendresse. Amour. Envie.