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Je déglutis difficilement lorsque son regard rencontre le mien.

C'est pas vrai, qu'est-ce qu'il fout là ?

Des frissons me parcourent soudain tout le corps, ce qui me force à grimacer.

— Jeanne chérie, je te présente Karen, la nouvelle voisine.

Je m'approche lentement, un sourire en coin.

— Bonjour et merci pour votre gâteau. C'était un délice.

Elle redresse ses épaules et sourit fièrement.

— C'était un plaisir et s'il te plait, tutoie–moi je n'ai encore atteint la ménopause.

Nous rions à l'unisson et je m'installe aux côtés de ma mère, fuyant le regard du jeune homme qui perturbe tout mon être serein.

Pendant que je discute avec Karen et ma mère durant plusieurs minutes, je sens son regard me brûler la peau.
Un regard si pesant que je m'efforce de me concentrer sur le sujet énoncé, alors que je souhaiterais qu'une seule chose : me lever et partir en courant.
En plus, il reste totalement et complètement silencieux, n'ayant prononcé aucun mot depuis que je suis arrivée.
Je ne l'ai même pas entendue expirer une seule fois.
Parfois, je me demande même s'il respire.

Et bon Dieu, qu'est-ce que c'est compliqué de résister à l'envie de m'enfuir.

Pourtant je suis chez moi, la seule personne qui devrait fuir c'est lui.

— Viens je vais te montrer, annonce ma mère en se levant.

Dieu soit loué ! Je peux enfin me sauver.

Tandis qu'elles se dirigent tout droit vers la cuisine, je m'apprête fièrement à monter dans mon sanctuaire lorsque ma merveilleuse mère ouvre la bouche, me gelant sur place.

— Reste avec Axel chérie, et fais lui visiter les alentours.

A l'entente de son prénom dont j'ignorais totalement l'existence, je ne peux que réprimer un petit gémissement.
Elle me gratifie de son rictus habituel tandis que l'envie de me cacher dans un trou de souris me prend soudain.

J'inspire un bon coup, ferme les yeux et me retourne illico dans sa direction.

Son regard vert perçant me ôte soudain l'envie de bouger, me coupant littéralement les jambes.
Je parviens même à avaler de travers si bien que je manque de m'étouffer avec ma propre salive.

C'est quoi ce regard ?
Ses sourcils sont si froncés que j'ai l'impression qu'il va -d'une minute à l'autre- se jeter sur moi pour m'étrangler.
Mais le petit rictus au coin de ses lèvres me démontre le contraire.

À quoi bon chercher ? Je n'arriverais manifestement pas à le cerner. Pas encore du moins.

— Bon... Axel, c'est ça ?

Son sourire s'élargit un peu plus faisant accentuer son regard puissant.

Il acquiesce sans dire quoi que ce soit.

On lui a arraché la langue ?

Pourtant, hier je l'ai entendu hurler comme un déchaîné...

Ma première foisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant