Ma première fois

31

-    J'y vais, à plus tard ! crié-je pour me faire entendre.

Je sors en prenant le soin de mettre ma veste avant. Il fait un froid de canard, c'est affolant.

Nous sommes déjà en février et l'hiver s'installe de plus en plus. Je vais jusqu'au fond de mon allée et l'aperçois. Je lève le bras et l'agite pour le saluer. Je cours vers lui, plutôt vers sa voiture.

-    Il fait froid, hein ?

-    Tellement ! avoué-je en me penchant et dépose un baiser sur sa joue.

En route pour se balader. Où pouvons nous allez avec ce temps ? Je n'en ai encore aucune idée.

Max ne m'a pas dit où est-ce qu'il voulait m'emmener. J'attends de voir, j'ai confiance en lui pas comme Luka.

Il l'a vu il y a quelque temps déjà et m'a affirmé qu'il ne l'aimait pas trop.

-    Je m'en fous, c'est avec moi qu'il passe du temps, pas toi, lui avais-je balancé en pleine face.

Je l'avoue, j'ai pris en assurance, mais également en franc-parler. Parfois, je me qualifierai même de méchante. Je proclame les choses sans prendre soin à ce que ça plaise ou non. Je ne mesure plus mes paroles.

Mais j'adore quand je suis comme ça. J'aime ma nouvelle personnalité et c'est fou à dire mais j'ai vite changé, en fait, c'est la rage de tous les évènements de ma vie qui m'ont fait devenir celle que je suis aujourd'hui.

Finalement, je devrais peut-être remercier chaque personne qui m'a fait du mal. En effet, c'est grâce à elles, dans un sens, que j'ai acquis cette force et cette niaque d'avancer et de devenir meilleure.

-    A quoi tu penses ? me demande Max pendant qu'il roule.

-    Oh, à pas grand-chose, dis-je en réalisant que je viens de mentir.

-    Je te connais, tu sais. J'ai appris à te connaitre.

Je l'observe, il est beau avec sa nouvelle coiffure. Ses cheveux bruns s'accordent parfaitement avec ses yeux bleus.

-    Cette coupe te va bien.

-    C'est vrai ? dit-il en me regardant tout sourire.

J'acquiesce en lui rendant son sourire.

-    Merci, moi aussi j'aime bien, ça va, ça change quoi.

-    Tu es tout mignon, le complimenté-je en attrapant sa joue de mes fins doigts.

-    Ah ! Ne refais plus ça, on dirait ma grand-mère.

Je ris puis regarde par la vitre en me calmant.

-    Où va-t-on ?

-    Chez moi. Il n'y a pas mes vieux.

Je souris doucement et patiente en allumant la radio.

-    Installe-toi.

J'enlève ma veste et m'assois sur le canapé en cuir. Chez lui, c'est plutôt cool. Bien rangé et simple.

C'est la même simplicité que j'ai remarquée chez lui, sa personnalité. C'est un gentil garçon.

-    Une tisane, peut-être ?

-    Non, merci, dis-je en riant tendrement.

-    Une tisane à toi, Max ? se demande-t-il à lui-même. Oui, bien évidemment, comment refuser cela de la part d'un si beau gars.

Et il continue, pendant que je rigole face à son humour hors du commun.

-    Oh merci, il ne faut pas. Tant de compliment et de sincérité, je suis ému.

-    Tu as fini ?

-    Ouais, c'est bon, dit-il avant de rire à son tour.

Après avoir bavardé et regarder un film, il se fait déjà tard et demain j'ai cours donc je décide de rentrer.

Il me ramène et au moment où il me dépose devant chez moi, j'ai la surprise de voir un petit groupe de gars devant ma porte d'entrée.

-    C'est qui ? Tu veux que je descende avec toi ? demande-t-il presque inquiet.

-    Non, ne t'inquiète pas, c'est mon frère et ses potes.

Je ne m'y fais toujours pas, pour moi Luka a toujours été mon frère et il le restera, c'est comme ça. Je sors sous le regard protecteur de Max et me dépêche à entrer parce qu'il fait toujours aussi froid.

-    Jeanne !

-    Quoi ? dis-je d'un ton dur.

-    Déjà change de ton. Puis, tu étais où ? me questionne Luka.

-    Oh non, je me sens bien avec toi pourtant... Le meilleur ton qu'il soit.

Ses potes se mettent à rire comme des idiots tandis que Luka devient rouge de colère.

-    Vas-y, rentre avant d'en recevoir une.

Je ris pour me fiche de lui et pénètre d'un pas décidé.

Une fois à l'intérieur, je tombe nez à nez avec Axel.

-    Jeanne, dit-il en se redressant maladroitement du canapé. Je t'attendais...

-    Pardon ?

Il tente de tenir droit, mais je vois qu'il peine. Est-ce qu'il est saoul ?

-    Ecoute... J'ai total agir comme un con.

Wouah ! L'alcool n'arrange rien. Il ne sait plus parler, quel idiot.

-    Et en anglais, ça donne quoi ?

-    Jeanne, je suis amoureux de toi.

Mon cœur s'arrête un bref instant. QUOI ?

-    Tu es bourré, Axel...

-    Non ! Si, mais c'est vrai, il s'approche un peu plus, écoute, ça fait trop de temps... Tu me manques...

Il entreprend de me toucher, cependant, je me recule. Pour qui il se prend ? Je ne suis plus la même, j'ai changé et je ne l'aime plus.

-    Je ne ressens plus rien pour toi, Axel. Tu es parti comme un lâche, continue donc à faire le lâche et ignore-moi.

-    Non, Jeanne, j'ai fait....

Il ne termine pas sa phrase, bien sûr et s'étale par terre. Prise par surprise, je crie son nom et vois si tout va bien.

-    Axel ? Réponds-moi !

Il entrouvre les yeux et me regarde, de son regard vitreux. Je n'aime pas le voir dans cet état, déjà habituellement je n'aimais pas le voir tout court à présent c'est dans cet état précis.

J'espère qu'il ne va rien lui arriver.

- Tu as beaucoup bu ?

- Un peu... Beaucoup.

- Pourquoi, bordel ? Pourquoi te mettre pitoyable !

- Tu dis des gros mots maintenant... Tu as réellement changé...

- Ouais, je sais, tu m'apprends rien de nouveau.

Il me regarde alors avec un regard ailleurs. Je ressens presque de la nostalgie, mais je me ressaisis vite et lui crie dessus.

Il se redresse et me sourit doucement.

- Je crois que je devrais rentrer.

- Je crois aussi.

Je l'aide tout de même à se relever et l'emmène jusqu'à la porte d'entrée.

- Rentre doucement, lui dis-je.

- Toi aussi, dit-il sérieusement.

Il est vraiment saoul...

Mais avant de partir, il se retourne en me fixant de son regard doux.

- Je t'aime, Jeanne. Du plus profond de mon être de connard...