Le jour déclinait doucement lorsque des soldats se dirigèrent vers le « groupe colibri deuxième ». Ils intimèrent aux jeunes de se mettre en rang et de les suivre. Les enfants et adolescents concernés étaient observés par les autres, alors qu'ils traversaient le campement vers le bâtiment faisant office d'entrée. Ils pressèrent le pas et poussèrent les battants d'une grande porte en bois de chêne. La porte se referma derrière eux. Des échos de fatalité s'échappèrent du claquement brusque. Ils n'avaient d'autres choix que d'avancer.
Ils furent divisés en deux groupes. Le quatuor suivit le groupe de gauche et arpenta un long couloir. Les murs en pierres sombres, conjugués au manque de luminosité, rendaient la bâtisse très austère. Des bancs étaient alignés de chaque côté. La symétrie du décor dégageait une atmosphère étrange. A moins que ce ne fut l'atmosphère qui rendait ce décor étrange. Les gardes les firent s'asseoir avec toujours autant de diplomatie. Ora observait, méfiante, la multitude de portes s'étendre de chaque côté. Pauline et Manon choisirent la porte faisant face à celle des sœurs. Ora caressait nerveusement le bras de Lanïane. Pauline était tout aussi angoissée mais pour une raison bien différente : elle avait peur à l'idée d'échouer à ce premier test. Seule Manon semblait détendue. Les portes s'ouvraient au fur et à mesure laissant entrer une des personnes attendant. Manon se proposa de passer en première. Pendant que Pauline écoutait les conseils qui s'échangeaient dans le couloir, Ora fouilla dans son sac et sortit discrètement un poignard. Elle le glissa dans la ceinture de la jupe de Lanïane. Elle fit de même alors que sa sœur l'interrogeait du regard.
« Au cas où. C'est tout, chuchota tendrement Ora avec un sourire faussement enjoué. Il ne fallait pas paraître suspect.
- Quoi ? Mais pour quoi faire enfin ?! Protesta Lanïane.
- Chut, doucement. Ecoute contrairement aux apparences rien est impossible. Dans quelques minutes, on va être séparées. Si tu te sens en danger, si tu es menacée, n'hésite pas à t'en servir. Vise les jambes, c'est suffisant pour fuir.
- Quelle idée ! S'étouffa Lanïane.
- Je ne laisserai rien t'arriver. Tu le sais mon ange. Je passe en première. Toi pendant ce temps tu ne risques rien avec Pauline, d'accord. S'il y a un danger quelconque à l'intérieur je ... Disons simplement que je te fais un cadeau. Juste jusqu'à ce qu'on soit à nouveau réunies. Ne fais confiance à personne, ne put-elle s'empêcher de rajouter. »
Leur porte s'ouvrit sur une femme longiligne en tablier blanc. Ses cheveux gris tirés en chignon lui donnaient un air autoritaire. Avec ses petits yeux perçants de chouette, cette dame regarda de haut les nouveaux restés dans le couloir, puis fit entrer Ora. La pièce était moins petite que ce à quoi elle s'attendait. L'aménagement était spartiate. L'examinatrice s'assit derrière un bureau où s'entassaient des dizaines de dossiers. En face se trouvait un divan rouge, couleur royale qui apparaissait sur les tentures du couloir. Ora s'assit aux bords de ce siège. La femme sortit une feuille et commença à noter.
« Allongez-vous mademoiselle.
- Non merci je suis plus à l'aise ainsi, madame, déclina poliment Ora.
- Ce n'était pas une suggestion. »
Ora obtempéra à contre cœur. S'allonger devant une inconnue dans un cadre de sécurité douteuse était angoissant. La jeune fille ne comptait plus les facteurs de stress mais le contact du poignard contre sa peau la rassurait.
Sans autre forme de procès, l'examinatrice entra dans le vif du sujet.
« Présentez-vous.
- Je m'appelle Ora Carpenter, fille d'Erick et d'Elisa Carpenter. Je viens de Tertrefeu, dans le Colibri. J'ai eu dix-sept ans en juin dernier.
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Reliées - Face à la couronne arrachée
AdventureLa vie paisible de Tertrefeu s'acheva ce soir-là. Par ces quelques mots tracés sur ce papier froissé. Tous regardaient le messager, dubitatifs, puis finalement ahuris, abasourdis. A peine la nouvelle du renversement du précédant monarque propagée, q...