Une semaine s'était écoulée depuis les tests de rentrée, et l'organisation fonctionnait bien grâce au travail consciencieux de monsieur Henri. Les étudiants de Grandfort avaient pris leurs quartiers dans les bâtisses situées autour du bâtiment principal servant de réfectoire et d'école. Pour leur plus grand plaisir, les jeunes avaient pu choisir leurs compagnons de chambre. La seule restriction concernait la question de la mixité. Les premiers étages étaient exclusivement réservés aux garçons et les étages supérieurs aux filles. Chaque chambre possédait deux lits superposés, une armoire, un porte manteau, une fenêtre, étroite mais haute, aux rideaux rouge foncé défraichi. Sans grande surprise Ora, Lanïane, Pauline et Manon choisirent de partager leur nouveau chez elles. Les aînées laissèrent aux plus jeunes la joie de crapahuter en hauteur. Elles étaient au quatrième et dernier étage. Deux escaliers menaient aux différents étages des dortoirs. Au centre des couloirs, une grande salle d'eau était destinée aux élèves. Cette pièce restait rarement inoccupée bien longtemps. Sur les murs des couloirs recouverts de chêne, les écoliers pouvaient contempler les œuvres de peintres admirés plusieurs décennies auparavant, mais dont les noms résonnaient dans le vide pour ces jeunes yeux.
Durant cette semaine, les élèves avaient été livrés à eux même. Ils se réunissaient tous les matins à sept heures précises pour le petit déjeuner servi dans le réfectoire. Il écoutait la louange adressée à la reine Lubia avant de se restaurer. Ils avaient ensuite quartier libre. Les premiers jours, les jeunes se pressaient dans la citadelle pour explorer des recoins inconnus mais très vite ils en eurent fait le tour et tâchèrent de faire connaissance. Mais la personne que vous voyiez le matin était difficile à retrouver dans l'immensité de la foule d'élèves qui déambulaient la journée. Les repas rythmaient leur quotidien : petit déjeuner, déjeuner, souper. Petit déjeuner, déjeuner, souper. La plupart ne s'en plaignait pas. Jamais ils n'avaient été servis de la sorte. Sans aucune contrepartie, ils étaient logés, nourris, blanchis. « La vie de château », plaisantaient certains.
Pauline et Ora trouvèrent l'endroit le plus merveilleux de Grandfort le quatrième jour. Au dernier étage de l'école, derrière de grandes portes décorées avec l'armoirie royale, une bibliothèque immense, atypique, biscornue. Le plus bel endroit du monde. Sous un dôme en verre, une bibliothèque, de forme circulaire, s'étendait sous leur pied. En se penchant sur la balustrade elles admirèrent la taille de la bibliothèque, les multiples étages et sur le sol du dernier étage l'écusson royal étincelant. La bibliothèque avait été conçue de forme cylindrique dont la seule entrée était située au sommet. L'ensemble était éclairé par un sublime puit de lumière et de multiples chandeliers en argent massif. Des escaliers en colimaçons permettait de descendre aux étages inférieurs de la bibliothèque, chaque pallier regorgeant de livres rangés par thématique. Après avoir descendu tous les escaliers, les élèves découvraient des ouvrages en langues oubliées, des manuscrits à l'encre effacée, des fauteuils rouges aux accoudoirs en merisiers gravés, des chandeliers avec des cristaux incrustés. Tout le charme de la bibliothèque de la dépendance royale, où auparavant se retiraient pour quelques temps certains monarques, s'étalait avec grâce, dans ce lieu accueillant. La poésie virevoltait et changeait selon la course du soleil dans le ciel.
Ora et Pauline passèrent des heures à passer en revue les différentes catégories, à flâner aux différents niveaux de la bibliothèque ouvrant un livre au hasard de leur promenade et lisant une phrase, un fait, un vers, un poème. Elles virevoltaient dans les allées du savoir et de la sagesse. Elles étaient conquises.
Lanïane, Manon, Edouard et Antoine occupaient leurs journées à visiter les différents couloirs, inventaient des jeux, se couraient après autour des fortifications. François restait abonné aux absents.
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Reliées - Face à la couronne arrachée
AventureLa vie paisible de Tertrefeu s'acheva ce soir-là. Par ces quelques mots tracés sur ce papier froissé. Tous regardaient le messager, dubitatifs, puis finalement ahuris, abasourdis. A peine la nouvelle du renversement du précédant monarque propagée, q...