13. Pouvoirs revendiqués - Part 1

25 4 3
                                    

Chaleur. Un feu bouillonnant s'était emparé de son front. Ses pensées confuses se troublaient pour se focaliser sur cette douleur. Comme pour chasser un mauvais rêve, Ora fit un effort et entrouvrit ses yeux. Dans sa vision brouillée, elle ne reconnut pas la personne qui se tenait à ses côtés. Elle plissa les yeux sans résultat puis finalement les referma. La sensation d'une serviette mouillée apposée sur son visage lui arracha un gémissement muet. Elle s'étira les membres doucement mais le froid des draps la fit reprendre sa position initiale. Elle grelottait. Alors qu'elle prenait progressivement conscience de l'endroit où elle était, elle sombra à nouveau, sans force.

Quelques heures plus tard, elle immergea de son hallucination fiévreuse tiraillée par la soif. La bouche pâteuse et la voix éteinte, elle prononça les mots « de l'eau ». Elle le répéta en se forçant à articuler distinctement. Un gobelet fut porté à sa bouche. Elle n'en prit qu'une lapée. Après quelques instants de flottement son esprit se désengourdit. Elle ouvrit les yeux et prit le temps d'observer autour d'elle. Elle était dans son lit. Mais ce n'était pas sa femme de chambre. Elle ne connaissait pas cette femme. En s'appuyant sur ses coudes, elle se redresse dans son lit et se cala dos contre les coussins. L'inconnue se pressa alors de faire une révérence et prit le silence d'Ora pour une invitation.

« Bonjour, Dame Carpenter. Je suis Vera, à votre service. L'inconnue semblait avoir tout juste passé la trentaine. Embêtée, elle regardait fixement son interlocutrice.

- Euh... Bonjour Vera. Répondit Ora comme essoufflée.

- Souhaitez-vous que je vous serve votre petit-déjeuner ?

- Quel jour sommes-nous ? Quelle heure est-il ? Non je vous remercie, je n'ai pas faim.

- Nous sommes jeudi, quatorze heures et quelques, Dame Carpenter. Euh... Le médecin m'a ordonné de veiller à ce vous vous nourrissiez à votre réveil.

- Quatorze heures ! Pourquoi ne pas m'avoir réveillée avant ! Ora repoussa les couvertures d'un geste qui se voulait énergique.

- J'ai essayé Dame Carpenter, je vous assure. J'ai fait chercher le médecin et il vous a prescrit ces herbes médicinales. Acceptez au moins de boire une tasse de cette tisane, s'il vous plait.

- Oui, merci. Vera, ne vous méprenez pas, ce n'est pas contre vous, mais où est Eloïse ?

- C'est ... son... jour de repos... Je m'occupe de vous en attendant, si vous me le permettez bien entendu.

- Ah je ne savais pas... Qu'elle en profite. Ora accepta la tasse qu'elle lui tendait. Merci, c'est fort aimable à vous. Pourriez-vous me tendre de quoi écrire une lettre je vous prie ?

- Tout de suite. »

Tant bien que mal, Ora parvint à écrire sa lettre à l'attention de sa mère. S'impatientant que cette dernière ne la contacta, elle revint à une méthode plus conventionnelle pour la joindre. Elle la priait de lui répondre ci-tôt sa missive reçue. Mais elle doutait que sa mère ne fut revenue vivre dans leur ancienne maison. Aussi elle écrivit une seconde lettre pour son oncle maternel. La douleur l'empêcha de poursuivre sa quête. Elle demanda à Vera de faire expédier ce courrier au plus tôt, et emmaillotée dans une couverture supplémentaire, elle se rendormit. Ce qui ne devait être qu'une sieste ce prolongea jusqu'au lendemain matin.

Se jugeant suffisamment remise, elle se leva de son lit et fit quelques pas au grand air. A peine de retour dans sa chambre, que la porte bascula. Qu'elle ne fut pas sa surprise de découvrir à la place de sa chaleureuse femme de chambre, Vera. Elle fit de son mieux pour ne pas lui faire sentir sa déception et se régala du petit-déjeuner. Pensive, elle était étonnée que les domestiques puissent s'absenter deux jours de suite. Elle devait bien l'avouer, elle se sentait un tantinet délaissée. Mais il s'agissait d'un caprice de petite fille. Ce n'était pas parce qu'elle en était privée, qu'Eloïse ne pouvait pas passer du temps avec ses proches.

Reliées - Face à la couronne arrachéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant