La Rose Argentée

Chapitre 32 ✔️

Le réveil fut particulièrement éprouvant en ce lundi matin. La brume qui entourait son esprit était bien épais, et bien que son cauchemar ne l'ait pas hanté de la nuit, Rosalie s'éveilla avec une sensation pour le moins étrange. Sa poitrine se serrait continuellement, tout comme sa gorge. Et ce n'était pas à cause du tonnerre qui avait grondé, ça non, c'était son instinct qui lui hurlait quelque chose. Arno lui avait dit qu'elle devait se fier à ce qui semblait être son sixième sens, mais à part ce pressentiment qui la préoccupait énormément, elle ne savait pas quoi en penser.

Et elle ne saurait expliquer non plus pourquoi le nom de Thomas faisait écho dans sa tête.

La jeune fille expira un soupir et se frotta les paupières pendant que sa colocataire rouspétait contre le réveil de son téléphone. De la pluie mélangée avec la grêle claquait contre le carreau de leur fenêtre, ce qui accentua le râle de la presque endormie. Rose sourit en se tournant vers elle, constatant que son amie n'était toujours pas du matin, même elle avait du mal. Le retour à une vie normale et de jeune étudiant semblait laborieux.

Néanmoins par une volonté qui lui était encore inconnue, Rosalie se redressa, les pensées désormais dirigées vers les loups-garous. Elle se demandait comment elle n'allait pas semer le doute en leur présence, car si Ethan ou encore Emma la voyaient avec eux, ils allaient forcément se poser quelques questions, grands curieux qu'ils étaient. Elle s'assit sur le matelas, d'une humeur suspicieuse. Manifestement, elle serait obligée de jouer un double rôle tout en marchant sur des œufs. Cela s'annonçait difficile, mais pas impossible, elle devait juste faire attention.

Ses cachoteries de la veille avaient peut-être fonctionné, mais rien n'était gagné d'avance. Elle pouvait à tout instant perdre toute crédibilité aux yeux de ses amis, ce dont elle ne voulait absolument pas.

Emma se mit à bâiller bruyamment, avant de couvrir sa tête sous son oreiller. La rouquine ne put s'empêcher de sourire durant sa courte observation, elle se remémorait de la soirée qu'elles avaient passé à deux. Bien que Rosalie eût vécu de nombreuses choses en si peu de temps, il s'était également déroulé certains évènements en son absence. Et le rapprochement entre elle et son meilleur ami lors d'une fête samedi soir en faisait partie. Ils avaient dansé ensemble, légèrement enivrés par le punch qu'ils s'étaient enfilés, avant de s'embrasser dans un coin isolé. Emma avait rougi en lui relatant cette anecdote et s'était aussitôt justifiée :

— Mais c'était juste un bisou hein, rien de plus, s'était-elle défendue. Avec lui, ce n'est pas du sérieux. De toute façon, je ne suis pas encore prête d'avoir une relation sérieuse avec quelqu'un.

Elle avait changé de sujet par la suite et Rosalie n'avait pas osé le relancer. Elle savait que son amie avait été blessée par le passé, que la relation qu'elle avait eue avec son ex avait été toxique, et qu'à cause de ses anciens maux, elle ne parvenait plus à faire confiance à la gente masculine. Rose aurait bien voulu qu'elle se confie à ce moment-là, mais elle ne souhaitait pas la brusquer, alors la seule façon pour qu'elle ne se sente pas mal à l'aise était de la laisser venir à elle. Tôt ou tard, Emma finira par tout lui dévoiler, il ne fallait pas en douter.

Le sourire aux lèvres, Rosalie reprit l'habitude de s'emparer de ses béquilles pour aller où bon lui semblerait. Elle décida d'emprunter une des douches et de se dépêcha pour se préparer. Lorsqu'elle revint dans leur chambre, Emma s'était rendormie, malgré son précédent réveil. Rosalie retint un petit rire en l'examinant, elle profita de sa somnolence pour se déplacer à la hâte sans ses échasses pour s'habiller avant d'enfiler son attelle, qui, d'ailleurs, ne lui servait strictement à rien. Elle se demandait combien de temps elle devrait jouer la blessée, elle se dit qu'elle allait en toucher deux mots au brun, ce n'était pas lui qui faisait semblant.