Chapitre 25 ✔️

2.3K 259 95
                                    

Rosalie ne parvenait pas à le rattraper. Elle était encore une novice en la matière et elle ne concevait pas la forêt comme il pouvait le faire. Elle n'était pas comme lui, elle venait tout juste d'arriver et contrairement à ce jeune homme, elle ignorait tout de sa véritable nature avant aujourd'hui. Mais ce n'était pas tout : il avait triché en démarrant bien avant elle, profitant de son effet de surprise pour décoller. Seulement, elle ne s'avoua pas vaincu pour autant ; elle voulait prouver à Arno qu'elle était capable d'être aussi rapide que lui et peu importait la manière dont elle apprenait.

Tout n'était que brouillon au départ. Elle se prenait énormément de branches, surtout au niveau de la figure, mais plus elle filait, plus sa vue s'adaptait à sa vitesse pour appréhender au mieux les obstacles. Comme lorsqu'elle avait voulu s'échapper tout à l'heure. Le temps ralentissait autour d'elle, ou du moins c'était l'impression que ça lui donnait. Elle baissa la tête au bon moment pour éviter une ramure avant de contourner un énorme chêne pour continuer sa course. Elle n'eut pas besoin de prendre un quelconque élan pour sauter au-dessus d'une flaque de boue, elle ne redouta pas non plus les grosses racines qui débordaient du sol. Elle ne faisait plus qu'une avec sa nouvelle vélocité, alors elle se permit d'accélérer un bon coup pour remporter le défi qu'on lui avait imposé.

Le cœur vibrant contre sa cage thoracique, elle n'était aucunement essoufflée. Bien au contraire, l'adrénaline se disséminait dans ses veines et l'énergisait au plus haut point. La caféine, à côté, était un piètre excitant. Jamais Rose ne s'était autant sentie agile et énergique ; mais dans un sens, ce n'était pas plus mal puisqu'elle se découvrait un talent caché. Elle qui était loin d'aimer la course dans le passé. Elle risqua un coup d'œil vers Arno qu'elle commençait à rattraper, et son regard stupéfait la réjouit intérieurement.

« Et maintenant ? songea-t-elle, on fait moins le malin ? ».

Un rictus mutin s'empara de ses lèvres à cette pensée, quand bien même tout n'était pas encore joué. Il avait encore de l'avance, le bougre, et il maîtrisait sa rapidité beaucoup mieux qu'elle. Néanmoins, elle remarquait que son endurance était moins bonne que la sienne puisqu'il avait sprinté dès le départ, et un mouvement intermittent au niveau de sa poitrine lui indiqua qu'il commençait à se fatiguer. Ce n'était pas un grand épuisement, juste un halètement notable qui allait permettre à Rosalie de franchir la ligne d'arrivée avant lui.

Et elle était plus que déterminée d'atteindre cet objectif.

Joueuse, elle se rapprocha de lui durant leur course afin de mieux le narguer. Elle capta ses nombreux regards furtifs, les premiers signes ne détrompant nullement son agacement après avoir compris qu'une novice comme elle s'apprêtait à le dépasser. Mais il gardait son sourire en coin, comme s'il était amusé ou bien ravi du progrès qu'elle faisait en si peu de temps.

Un petit rire s'échappa de sa gorge alors qu'ils avançaient de plus en plus du lieu de rencontre. En sortant de la sapinière, Rosalie percevait une dizaine de personnes attendant patiemment devant la porte d'entrée. Elle reconnut bien évidemment Julia, Thomas, Nelly et les parents d'Arno, mais elle ne pensait pas qu'autant d'individus comme eux vivaient aux alentours. Cela devait être probablement le restant de la meute. Les enfants qu'elle avait croisés quelques minutes plus tôt n'étaient pas au rendez-vous, ils n'étaient certainement pas concernés par cette réunion d'urgence.

Elle continua de courir en jetant des coups d'œil latents vers Arno. Son expression n'était plus aussi joueuse, elle avait changé du tout au tout en une poignée de secondes. En effet, elle lisait une grande inquiétude et celle-ci effaça instantanément son sourire malicieux, mais pas seulement, elle lui fit froncer les sourcils et contracter sa mâchoire. La rouquine se soucia de son brusque changement d'attitude : peut-être n'était-il pas habitué de voir toute sa meute réunie ? Cela étant dit, le jeune homme ralentissait en regardant tout ce monde, et Rosalie en profita pour le devancer une bonne fois pour toutes.

La Rose ArgentéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant