Chapitre 18 ✔

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M. Brunel venait chercher sa fille pour la ramener à la maison, ce week-end. Il se sentit particulièrement joyeux au moment où il posait un pied à terre après une heure et demie de route, mais il était surtout très impatient de retrouver sa petite puce. Il s'inquiétait énormément pour elle, c'était un fait, essentiellement lorsqu'elle s'était blessée à la cheville après une petite escapade dans les bois ; mais il savait qu'elle était en sécurité ici, là où il avait passé les plus belles années de sa vie.

L'insouciance avait toujours été présente, en compagnie de ses plus fidèles amis, et il se remémorait ô combien il frôlait toujours la catastrophe lors de ses nombreux déboires. Mais il ne regrettait rien du tout, de plus qu'un an après la fin de ses études il rencontra la femme de vie, Romane, avant de l'épouser deux années plus tard. Ensuite, il y avait Rosalie, leur petit miracle, leur don du ciel. Une jeune fille si douce, si belle et tellement pure qu'il avait encore du mal à réaliser à quel point elle avait grandi en quasiment deux décennies. Et maintenant, voilà qu'elle suivait son père à la trace en étudiant la même filière que la sienne, et ce dans la même université !

Julien se mit à sourire et à fermer les yeux, le vent frais hérissa légèrement ses cheveux poivre-sel et caressa son visage. C'était une fraicheur qu'il reconnaissait malgré toutes ces années : une brise glaciale et nordique, annonciatrice de la saison prochaine, soit un hiver particulièrement rude. Au Canada, il faisait souvent très froid avant l'heure, il neigeait fréquemment dès le mois de Novembre et la période s'étendait généralement au plus tard jusqu'au mois d'Avril. Cela dépendait bien évidemment d'une ville à une autre, d'un climat ou à un autre, mais ici, il savait que le froid tapait à la porte plus tôt que les autres régions. Et très souvent, les tempêtes étaient monnaie courante par ici, pas de là à être dévastatrices, mais suffisantes pour faire grelotter les habitants.

M. Brunel verrouilla sa voiture et décida de se rendre immédiatement à la résidence de sa fille, même s'il savait très bien qu'elle n'avait pas encore fini son dernier cours. Mais il avait si hâte de la retrouver qu'il se disait que maintenant ou jamais, le choix était vite fait, et puis cela lui était égal de l'attendre au pied des escaliers.

Il dut attendre une trentaine de minutes avant de distinguer sa chevelure rousse louvoyer dans les airs, au rythme de sa démarche et du souffle extérieur, aux côtés de son amie brune. Il se redressa en souriant et son rictus s'élargit lorsqu'il la vit accélérer son allure pour venir rapidement à sa rencontre, malgré ses terribles échasses. Elle les laissa tomber sur le sol pour le serrer dans ses bras et poser son oreille contre son cœur. Rose ne s'attendait pas à le voir de sitôt. Certes, elle savait qu'il venait la récupérer à l'université, mais elle croyait qu'il allait la chercher aux alentours de six heures, seulement celui-ci lui avait réservé une petite surprise en prenant sa demi-journée. La jeune fille était donc très heureuse de revoir son papa, surtout après cette semaine extrêmement longue.

Julien lui embrassa le front alors qu'ils se séparaient à contrecœur. Emma lui remit ses béquilles avant de s'éclipser dans l'immeuble, les laissant entre père et fille.

— Tu vas bien, ma puce ?

Rosalie hocha la tête, chassant furtivement la petite larme qui s'était nichée dans le coin de son œil. Il lui avait manqué.

— Comment... ? Je pensais que tu n'allais venir qu'à dix-huit heures ! Je n'ai toujours pas fait mon sac, papa !

Il secoua la tête.

— Tu n'as pas à te dépêcher, Rosie, prends ton temps pour rassembler toutes tes affaires, et puis ce ne sont que deux jours : pas besoin de tout ramener ; tu as juste besoin de l'essentiel.

La Rose ArgentéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant