La Rose Argentée

Chapitre 4 ✔️

Rosalie descendit du véhicule, encore sonnée par son rêve particulièrement déroutant. Ses yeux foncés se mirent à louvoyer entre les différents bâtiments qui faisaient partie du décor externe. L'architecture était très ancienne, grise, un peu moyenâgeuse en raison de leur toit et de leurs petites fenêtres, mais c'était ce qui faisait le charme de l'université. Certaines bâtisses étaient à juste titre des sites où se déroulaient la plupart des cours magistraux et des travaux pratiques, d'autres étaient tout simplement des endroits pour s'y loger. Les édifices n'étaient pas aussi gigantesques que les gratte-ciels à New-York, néanmoins ils n'étaient pas moins imposants et nombreux.

La rouquine ne savait plus où regarder. A droite, à gauche ou derrière. Elle était perdue face à ce voisinage qui dominait les alentours, et pourtant ce n'était pas le plus grand campus du pays. Son plus grand atout, et Rosalie en était d'accord, était cette majestueuse forêt qui s'étalait dans le fond du décor, ainsi que cette nature verte et entretenue à l'horizon. La jeune fille en avait eu un gros coup de cœur dès sa première visite, d'autant plus que son père y avait travaillé en tant qu'étudiant par ici. Et aujourd'hui...elle ne saurait l'expliquer, mais elle trouvait cet endroit encore plus beau que dans ses souvenirs.

D'ailleurs, son paternel l'appela pour qu'elle aille l'aider à descendre sa valise. Le corps encore engourdi par son indolence, Rose vint lui donner un coup de main. Elle jeta son sac à dos sur son épaule et assista M. Brunel à mettre sa malle à terre, puis d'un commun accord ils prirent directement la route à pied jusqu'au foyer de Rosalie. Cette dernière profita de la marche pour admirer plus amplement les lieux, si bien que son père la rappelait à l'ordre dès qu'elle s'éloignait un peu trop du chemin. Son regard tomba à plusieurs reprises sur les étudiants qui se prélassaient au soleil, puis sur les centaines d'arbres qui projetaient leur ombre sur la pelouse. Elle tentait parfois de lire les écriteaux, mais son père avançait trop vite pour qu'elle puisse le faire.

Ils durent quelquefois s'écarter du passage lorsque des jeunes erraient à vélo ou bien en skate. Cela ne semblait pas les déranger, bien au contraire, ils regardaient ces personnes s'éloigner jusqu'à ce qu'elles disparaissent de leur champ de vision. Au bout de quelques minutes de marches, M. Brunel et sa fille accédèrent enfin à son foyer, là où elle allait dormir, manger ou bien travailler. L'immeuble ressemblait beaucoup à ses semblables, la seule différence se reposait sur le dessin d'une fleur en forme de lilas au-dessus de la porte d'entrée. Et puis, ce n'était pas tout : Rosalie percevait que c'était l'unique résidence à être proche de la forêt. Elle en était ravie, ses pensées dirigées vers sa passion. Elle savait pertinemment que c'était le lieu idéal pour trouver l'inspiration, autre que ses rêves bien évidemment.

Son père souleva gauchement la valise avant de monter les petits escaliers en face des grands battants. Ils s'introduisirent à l'intérieur, le regard à la fois un peu perdu, mais bien indiscret. Ils avancèrent prudemment, ne sachant pas trop à quoi s'attendre, puis ils se firent soudainement assaillir par une jeune fille aux cheveux blonds qui se précipita vers eux d'un pas rapide, un bloc note maintenu contre sa poitrine.

— Bienvenus au foyer Lilas ! s'exclama cette dernière avant de virevolter ses yeux vers la rouquine : j'imagine que tu es une nouvelle résidente ?

Rosalie la jaugea très rapidement avant d'hocher la tête. La blonde semblait bien pressée et fort angoissée par son rôle de doyenne, car c'est ce qu'elle imaginait en remarquant son bloc : celle-ci devait certainement diriger la résidence, et vu son tempérament bien excessif, elle paraissait vouloir le faire d'une poigne de fer.

— Ton nom ? lui demanda-t-elle en baissant les yeux vers sa liste.

— Rosalie Brunel.