La rose n'est pas une fleur ordinaire parmi tant d'autres. Jolie dans la forme de ses pétales, tranchante au niveau de la tige, elle offre un amour inconditionnel à celle qui la reçoit, et coupe celui qui souhaite l'arracher de son arbuste.
Méfiance, elle est plus qu'une simple fleur.
Bouche bée, Rosalie tourna la tête vers Arno. Ce dernier souriait en admirant la statue à son tour, celle qui représentait sans aucun doute sa mère biologique, morte depuis bien longtemps. Elle était bouleversée après avoir lu cet écriteau, jamais elle n'aurait pensé qu'il l'emmènerait dans un lieu pareil, un endroit qui symbolisait l'existence de cette belle femme. Elle avait compris de toute manière, c'était la tombe où reposait celle qui lui avait donnée la vie, qu'elle n'avait pas connu et qu'elle ne connaitrait jamais.
Elle ne savait pas comment le prendre. En bien ou en mal ? Peu importait. Ses sentiments se confondaient entre eux, se confrontant même de temps à autre. Le chagrin et la colère étaient les principales émotions qui faisaient battre nerveusement son cœur. Elle était sensible à la moindre révélation, et savoir que sa propre mère était comme elle était une information bien plus que capitale. Elle avait vécu au sein de cette meute, de ce territoire. Son foyer se centrait très probablement à sa condition de thérianthrope et elle n'était plus là. L'accablement amoindrissait tous ses espoirs, et la fureur, elle, la faisait ruminer de ce terrible abandon.
A peine sept jours après son décès, elle avait été recueillie par M. et Mme Brunel, tel un petit chiot sans famille. A croire qu'en réalité, on ne voulait même pas d'elle, jusqu'à ses dix-huit ans.
Parce que maintenant elle en était sûre et certaine, bien que les mots d'Arno lui avaient mis la puce à l'oreille. Elle était orpheline depuis toujours. La mort de Marissa survenait onze jours après son tout premier soupir, et de ce fait elle en devenait la pupille innocente au sein de cette meute remplie de loup-garou. Une seule chose subsistait dans son esprit et elle n'arrivait pas à interpréter. Pourquoi n'était-elle pas restée avec eux dans son enfance ? Pourquoi n'avait-elle pas grandi aux côtés de ceux qui savaient de quoi elle était capable ? L'ignorance l'insupportait. Pire que ça, elle avait le sentiment d'avoir été rejetée depuis sa naissance.
Son poing se serra lors de cette pensée saugrenue. La rancœur lui faisait songer à de mauvaises choses. Bien évidemment qu'il y avait une bonne raison à tout cela. Et cette dernière était sans aucun doute assez pénible à entendre. Elle décida tout de même d'en avoir le cœur net et d'interroger le jeune homme, dont les yeux brillaient d'une certaine émotion :
— Pourquoi voulais-tu me montrer cela ?
Elle attendit sa réponse, les bras croisés contre sa poitrine. Sa question avait été posée un peu trop sèchement, Rosalie ne parvenait pas à cacher sa colère, ni la peine qui déchirait incroyablement son être. Elle était toute seule, loin des siens. Plus de famille, plus de renard à la fourrure argentée, pas de mère, ni de père, ou de grands-parents thérianthropes, elle allait devoir apprendre à se contrôler par elle-même. Et aussi avec l'aide des loups.
Arno détacha son regard de la statue pour se plonger dans celui de Rosalie. Son souffle se bloqua dans ses poumons. Pour la première fois depuis des semaines, elle parvenait à lire la tristesse, mais aussi la joie dans ses prunelles glacées. Son masque impassible semblait avoir disparu, laissant place à une vulnérabilité sans pareille.
— Parce que Marissa était ta mère, répondit-il d'une voix rauque, et elle était aussi ma marraine.
Il baissa légèrement le menton après ses mots, comme affecté depuis toujours de sa perte. La rouquine se détendit légèrement, elle laissa tomber ses bras le long de son corps et ouvrit la bouche, surprise :

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La Rose Argentée
WerewolfRosalie Brunel a dix-huit ans. Elle va entrer à l'université au Canada et étudier en licence d'économie. Elle est à la fois tout excitée et anxieuse, c'est la première fois qu'elle va quitter ses parents et qu'elle va apprendre à être indépendante...