Chapitre 37-2 ✔️

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D'une humeur plutôt distraite, Rosalie dessinait plusieurs symboles sur son cahier. Elle écoutait le cours d'économie qui se déroulait devant elle, mais les informations ne restaient pas plus d'une seconde dans sa tête. Parce que ce qu'elle ressentait tout au fond de son cœur l'ébranlait intensément. Ses entraînements nocturnes l'assommaient de jour en jour, cependant ce n'était pas à cause d'eux qu'elle était inattentive à l'heure actuelle. Il y avait une raison hautement plus spirituelle qui lui faisait songer qu'elle s'était levée du mauvais pied le matin-même.

La morosité inhalait sa vitalité. L'abattement ne faisait que diminuer chacune de ses espérances. L'ennui profond et mortel l'accablaient chaque seconde.

Rose oscillait entre plusieurs sensations, elle avait l'impression de devenir folle. Elle n'avait pas l'habitude de ressentir autant de tristesse, mais aujourd'hui c'était complètement différent puisqu'elle n'en comprenait pas la raison. Elle avait envie de pleurer, de crier et de détruire un meuble tout à la fois alors qu'hier elle explosait d'une joie sans pareille. C'était comme si ses émotions avaient pris un virage de trois cent quatre-vingt-dix degrés et qu'elle expérimentait pour la toute première fois une crise existentielle. Mais intérieurement, elle le savait. Elle connaissait la cause de ces sentiments soudains : c'était le lien. C'était la meute. Et cela ne faisait qu'exacerber ses inquiétudes puisque son appartenance se profilait de jour en jour.

Que s'était-il donc passé ?

Rosalie se le demandait depuis qu'elle avait ouvert les yeux et le fait qu'elle n'avait croisé aucun jeune loup ce matin la rendait profondément soucieuse. Emma et Ethan avaient remarqué son air agité, mais ne pouvant pas développer ce qui la mettait dans un état pareil, elle leur avait simplement dit qu'elle s'inquiétait pour sa chienne. Ce qui était un semi-mensonge puisqu'en vérité, elle savait que ses parents l'emmenaient chez le vétérinaire pour son vaccin contre la rage. Mais cela eut le mérite d'expliquer son étrange attitude depuis quelques heures.

Cela étant, son esprit était totalement ailleurs. Elle ne cessait de songer à ses nouveaux amis et elle mentirait si elle disait si elle ne s'était pas attachée à eux ces derniers jours. Elle se faisait par conséquent un sang d'encre pour eux, mais aussi pour sa meute tout entière. Ses sentiments devenaient de plus en plus mélancoliques et plus le temps défilait, plus elle désirait partir du cours pour partir à la recherche des jeunes loups. Mais elle ne le pouvait pas, elle devait à tout prix rester en place et attendre les ordres d'Arno. Et puis, ce serait vraiment dommage de détruire tous ses efforts en attirant le regard sur elle.

Alors, elle décida de patienter la fin des cours avant de tenter quoi que ce soit.

A sa gauche, Emma se mit à souffler d'exaspération alors qu'elle relisait ses notes d'un air plutôt ennuyé. Elle se mit à jouer avec son crayon avant de fixer leur professeur, ou plus précisément la pendule qui se situait au-dessus du tableau. Ethan lui lança un regard amusé :

—     Patience, princesse, la pause n'est que dans dix minutes.

Emma fronça les sourcils et planta son critérium dans le dos de sa main pour se venger. Il poussa un gémissement douleur avant de se masser la main, la fixant d'un air aussi épouvanté que Rosalie. Visiblement, elle n'était pas d'humeur à plaisanter.

—     Aie ! Bordel, tu m'as fait mal, espèce de malade !

—     Alors ferme ta bouche, bouffon.

La rouquine constata qu'elle n'était pas la seule à être de mauvais poil. Tout le monde semblait être à fleur de peau ce vendredi matin et d'une sensibilité à en faire peur. Lukas lui effleura la main alors qu'elle continuait de griffonner sur son carnet.

La Rose ArgentéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant